Berlin condamne la perturbation antisémite d’un Zoom à l’ambassade d’Israël
Des antisémites ont diffusé pendant une cérémonie de Yom HaShoah en ligne, des images d'Adolf Hitler et proféré des injures antisémites
Le ministre des Affaires étrangères allemand Heiko Maas a vivement critiqué mardi la perturbation d’un évènement par des antisémites lundi soir. Ces derniers ont diffusé, pendant la cérémonie de Yom HaShoah organisée en ligne, des images d’Adolf Hitler.
« Quel incroyable manque de respect envers les survivants et envers la mémoire des défunts », a tweeté Heiko Maas en allemand. « C’est une honte indescriptible ».
Lundi soir, l’ambassade d’Israël à Berlin a organisé une réunion via l’application Zoom, en présence du survivant de la Shoah Zvi Herschel. Certains « militants anti-israéliens ont perturbé sa prise de parole en publiant des photos de Hitler et en proférant des slogans antisémites », a décrit l’ambassadeur Jeremy Issacharoff.
L’événement en ligne a été temporairement suspendu, mais a repris après une courte pause, « sans les militants et de manière digne et respectueuse », a fait savoir l’ambassadeur sur son compte Twitter. « Déshonorer la mémoire des victimes de la Shoah et la dignité des survivants est au-delà de toute honte et témoigne du caractère profondément antisémite de ces militants ». L’ambassade a ajouté ne pas avoir d’information sur l’identité des auteurs.
Les perturbateurs ont crié « Palestine, Palestine » et montré « des photos pornographiques, des photos d’Hitler, des croix gammées, ce genre de choses » a témoigné M. Herschel, joint au téléphone par l’AFP. « Je n’ai pas vraiment compris tout ce qu’ils disaient, tout cela était confus », a-t-il ajouté.
Zvi Herschel, 77 ans, qui donne souvent des conférences sur la Shoah et la discrimination, a dit être resté « très calme » pendant l’attaque en ligne. « D’une certaine façon, cela est un exemple que je pourrai utiliser », a-t-il pointé. « La discrimination doit être combattue. Ils sont tellement lâches qu’ils ne montrent pas leurs visages … », a-t-il poursuivi. « C’est juste de l’antisémitisme, et l’antisémitisme est vraiment très élevé actuellement », a-t-il affirmé.
Un événement similaire s’est produit lundi soir lors d’un échange sur la plate-forme Zoom avec une survivante de la Shoah, qui a été interrompu suite à l’apparition de contenu pédo-pornographique. Un événement vivement dénoncé par l’Union des Étudiants juifs de France (UEJF).
Relativement inconnue avant la crise du Covid-19, l’application américaine a frayé son chemin chez des salariés, des familles ou des amis leur permettant de se parler de visu malgré le confinement imposé dans de nombreux pays. Elle sert ainsi de salle de classe, de studio de yoga, de table de poker et même d’église. Des couples s’y marient, des familles y assistent aux funérailles d’un proche.
Selon Eric Yuan, ingénieur et fondateur de la plateforme, celle-ci a dépassé en mars les 200 millions de participants à des réunions quotidiennes, contre 10 millions en décembre dernier.
La plateforme permet d’appeler jusqu’à 100 personnes en simultané, pendant 40 minutes, gratuitement. Un abonnement payant donne accès à plus de fonctionnalités.
Son design est basique mais on choisit un arrière-plan pour cacher sa chambre mal rangée (cocotiers, bibliothèque…) ou partager son écran avec les autres participants.
Au début du mois, la docteure Tehilla Shwartz Altshuler, du think-tank de l’Institut israélien de la Démocratie, a tiré la sonnette d’alarme au sujet de l’application qui, selon elle, pose des problèmes de confidentialité.
« Contrairement à d’autres applications, Zoom exploite une politique de confidentialité scandaleuse grâce à laquelle elle collecte des informations sur tous ses usagers sans avoir au préalable leur consentement explicite. C’est le cas pour tous ceux qui ont téléchargé l’application et qui ont accepté la politique de confidentialité – et c’est également le cas pour ceux qui accèdent aux rencontres sans avoir téléchargé l’application ou apporté leur approbation à la politique sur la vie privée », a-t-elle expliqué dans une déclaration.
« Zoom considère ses usagers comme des ‘produits’ et, en conséquence, toutes les informations transmises – et notamment les détails des cartes de crédit, les informations d’emploi et autres informations toutes aussi sensibles – se trouvent en possession de la compagnie », a-t-elle ajouté.
Elle a poursuivi en clamant que « Zoom ne collecte pas seulement des données par les Cookies mais elle enregistre toutes les conversations qui ont lieu par le biais de l’application. Voilà quelques exemples de la manière dont l’entreprise peut utiliser ces données : Former les systèmes d’intelligence artificielle à convertir des vidéos ou des voix en textes ou à identifier les émotions, à rassembler des informations sur les utilisateurs en tant qu’individus – à quoi ressemblent leurs voix, comment ils organisent des rencontres, quels sont leurs intérêts personnels, et même à quoi ressemblent leurs habitations. Toutes ces informations ont une valeur inestimable pour les publicitaires ou autres intérêts commerciaux », s’est-elle insurgé.
En raison du phénomène du « ZoomBombing » et du manque de protection des données personnelles, des entreprises et organisations, comme la Croix-Rouge, recommandent désormais à leurs employés de ne pas se servir de Zoom.