Israël en guerre - Jour 593

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Reportage

Ces soldats seuls qui défendent Israël depuis le 7 octobre

Plus de 1 100 nouveaux immigrants rejoignent l'armée israélienne ce printemps. L'antisémitisme à l'étranger et le traumatisme de l'attaque du Hamas poussent une nouvelle génération à intégrer les rangs de Tsahal

Illustration : Des soldats brandissent un drapeau israélien sur un char près de la frontière avec le Liban, le 14 octobre 2023. (Crédit : AP Photo/Petros Giannakouris)
Illustration : Des soldats brandissent un drapeau israélien sur un char près de la frontière avec le Liban, le 14 octobre 2023. (Crédit : AP Photo/Petros Giannakouris)

À la suite du pogrom perpétré par le Hamas et des milliers de terroristes le 7 octobre 2023, et alors que des chants antisémites résonnaient sur le campus de son université et que des affiches d’otages étaient dégradées, « Rebecca » a réalisé qu’elle ne pouvait plus rester aux États-Unis. La montée de l’antisionisme lui a fait prendre une décision claire : partir en Israël et s’engager dans l’armée israélienne.

Rebecca, qui a demandé à ce que son vrai nom ne soit pas divulgué de peur d’être doxxée – le doxxing est une pratique consistant à révéler des informations permettant d’identifier quelqu’un en ligne -, a fait le déplacement en août 2024 et sert maintenant en tant que soldate seule. Ses craintes découlent en partie des retombées personnelles du 7 octobre, date à laquelle, dit-elle, « ma meilleure amie depuis 10 ans m’a dit que nous ne pouvions plus être amies ». Cette expérience l’a rendue prudente quant aux personnes à qui elle confiait sa décision de s’engager.

Des gens avec qui je suivais des cours, avec qui j’étudiais et apprenais, encourageaient la « résistance armée » tout en vandalisant nos affiches sur les otages avec des croix gammées », raconte Rebecca. Partir en Israël et s’engager « était la seule chose au monde qui avait un sens pour moi », a-t-elle ajouté.

Elle faisait référence aux nombreuses affiches créées pour attirer l’attention sur les otages enlevés le 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont envahi le sud d’Israël, massacrant plus de 1 200 personnes et enlevant 251 personnes pour les emmener dans la bande de Gaza. Il est devenu courant, aux États-Unis et ailleurs, que ces affiches soient dégradées par des activistes anti-israéliens.

Au lendemain du 7 octobre, la communauté israélienne des soldats seuls – jeunes hommes et jeunes femmes servant dans l’armée israélienne sans le soutien de leurs parents – a pris de l’ampleur et de l’importance, au fur et à mesure que le nombre d’enrôlements augmentait et que les motivations se renforçaient.

Selon les données publiées le mois dernier par l’armée israélienne pour la période de recrutement courant sur les mois de mars et avril, 1 113 nouveaux immigrants devaient s’enrôler – 674 hommes et 459 femmes. (Tous ne sont pas des soldats seuls, car certains arrivent avec leur famille.) Cela marque une augmentation significative par rapport aux années précédentes ; 883 nouveaux immigrants ont été enrôlés au cours de la même période en 2024, et 799 en 2023. Les États-Unis, la Russie et l’Éthiopie fournissent le plus grand nombre de recrues, une tendance qui se poursuit à partir de 2024.

Une nouvelle cohorte de soldats de surveillance est incorporée dans Tsahal à la base militaire de Tel HaShomer à Ramat Gan, le 6 avril 2025. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Aujourd’hui, Israël compte environ 7 000 soldats seuls. Environ la moitié d’entre eux sont des volontaires venus de l’étranger ; les autres sont des soldats nés en Israël sans soutien parental, tels que des orphelins ou des personnes issues de familles désunies ou dysfonctionnelles. Un grand nombre de ces soldats seuls israéliens sont issus de familles ultra-orthodoxes qui désapprouvent leur décision de s’enrôler.

Au total, 709 soldats seuls ont intégré Tsahal au cours de la période de recrutement de mars à avril, mais l’armée israélienne n’a pas précisé combien d’entre eux étaient des volontaires internationaux et combien étaient nés en Israël.

De jeunes juifs américains qui ont immigré en Israël pour entrer dans l’armée posent avec les cadres de l’organisation Nefesh B’Nefesh, au centre, après l’atterrissage de leur vol en Israël, le mardi 15 août 2017 (Crédit : Shahar Azran)

De nombreux soldats seuls immigrent en Israël par le biais de Garin Tzabar, un programme qui aide les jeunes du monde entier à s’installer en Israël et à s’enrôler dans Tsahal depuis 1991. Après le 7 octobre, le nombre de soldats seuls immigrant en Israël par l’intermédiaire de Garin Tzabar a bondi d’environ 30 %, a indiqué le programme.

« Nous sommes extrêmement fiers de ceux qui ont choisi d’immigrer et de servir aujourd’hui, dans une période aussi difficile », a déclaré Yair Ran Peled, directeur mondial de Garin Tzabar, en précisant que plus de 450 soldats seuls ont rejoint l’armée israélienne par l’intermédiaire de Garin Tzabar au cours de l’année écoulée.

Peled a observé un profond changement dans les motivations des nouvelles recrues depuis les attaques du Hamas et la guerre qui a suivi.

« Nous constatons un renforcement notable du sens de la mission et de la motivation des candidats », a-t-il déclaré. « Beaucoup expriment un fort désir de s’installer en Israël, de s’enrôler dans l’armée israélienne et de contribuer au pays spécifiquement pendant cette période difficile. »

Peled a également souligné que la montée de l’antisémitisme à l’étranger était un puissant facteur de motivation.

« Les jeunes juifs sur les campus du monde entier sont confrontés à l’antisémitisme et à des difficultés sociales en raison de leurs pairs anti-Israël, ce qui les pousse à immigrer et à servir en Israël », a-t-il ajouté.

Une affiche grattée et dégradée représentant un Israélien de 84 ans pris en otage à Gaza le 7 octobre 2023, vue dans le documentaire de Nim Shapira intitulé « TORN : The Israel-Palestine Poster War on NYC Streets ». (Crédit : Eyal Bau Cohen)

Pourtant, les défis auxquels sont confrontés les nouveaux soldats seuls se sont intensifiés.

« Le défi émotionnel commence avec l’immigration et le changement de vie majeur », a déclaré Peled, et se poursuit avec les exigences mentales de la vie militaire, en particulier lorsque les nouveaux soldats découvrent le décalage « entre leurs attentes et les réalités du service dans l’armée israélienne. »

Les problèmes de santé mentale, le sentiment d’isolement et les obstacles logistiques tels que la recherche d’un logement et la gestion de la bureaucratie se sont aggravés depuis le début de la guerre.

Le bilan personnel de la guerre est profondément ressenti au sein de la communauté de Garin Tzabar. « Il n’y a pas un seul soldat aujourd’hui qui ne connaisse pas personnellement quelqu’un de blessé ou de tué », a déclaré M. Peled.

Parmi les victimes figure Omer Neutra, un soldat seul et commandant de char israélo-américain de 22 ans qui a été tué au combat le 7 octobre, après quoi son corps a été enlevé à Gaza et est toujours détenu par le Hamas. Un autre membre israélo-américain membre de ce programme enlevé ce jour-là, Edan Alexander, 21 ans, serait vivant et retenu en captivité à Gaza. Une vidéo de propagande du Hamas publiée à la mi-avril montrait Edan Alexander s’exprimant sous la contrainte, renouvelant l’espoir de son retour.

Les otages Omer Neutra (à gauche), tombé au combat le 7 octobre, et Edan Alexander (à droite), qui serait encore en vie dans les geôles du Hamas. (Autorisation)

L’enlèvement et la mort de membres de Garin Tzabar restent une source constante de douleur pour les participants au programme. En réaction, l’organisation a renforcé son soutien émotionnel non seulement aux soldats, mais aussi à leurs familles à l’étranger et à leurs nouvelles communautés israéliennes.

« Ben », qui a également choisi de rester anonyme, a quitté les Pays-Bas pour s’installer en Israël en janvier 2024.

« Au moment où [le 7 octobre] s’est produit, je savais déjà que je voulais m’engager dans l’armée israélienne, et le fait de tout voir se dérouler n’a fait que renforcer ce sentiment », a-t-il déclaré.

Malgré la résistance initiale de sa famille et de ses amis, Ben est allé jusqu’au bout de sa décision de servir dans l’armée.

« C’est encore difficile pour eux, mais avec le temps, nous nous y sommes tous habitués », a-t-il déclaré, soulignant qu’il ne regrettait pas sa décision.

Après avoir effectué leur service obligatoire, de nombreux soldats seuls restent dans l’armée en tant que réservistes – un rôle qui a connu un regain de visibilité depuis le début de la guerre, puisque plus de 300 000 réservistes ont été appelés sous les drapeaux depuis l’assaut du Hamas le 7 octobre.

Des soldats de la brigade Golani interviennent dans le sud de Gaza, à Rafah, sur une photo distribuée le 11 avril 2025. (Armée israélienne)

Le sergent de première classe (Rés.) Volodimir Matveychuk, réserviste dans une unité de chars, a immigré d’Ukraine en 2016. Le 7 octobre, après avoir terminé son travail de nuit, il a tout laissé tomber pour se présenter au combat. Au cours du deuxième mois de la guerre, Matveychuk a été blessé après que son char s’est retourné dans le camp de réfugiés de Jabaliya, à la périphérie de Gaza-City. Malgré sa blessure, il a poursuivi son devoir de réserve, servant un total de 180 jours depuis le début de la guerre.

« C’est ma nation », a-t-il déclaré. « Elle m’a tout donné. Je ne pouvais pas rester sans rien faire et la regarder se faire attaquer ».

De retour dans le centre d’Israël, Rebecca poursuit son service, portant à la fois la fierté de sa décision et le poids émotionnel de la distance qui la sépare de son pays.

« La solitude me prend parfois au dépourvu… et parfois j’ai juste envie de serrer ma mère dans mes bras », dit-elle, soulignant les difficultés qui accompagnent le fait d’être un soldat seul.

Malgré les difficultés, elle n’a aucun regret.

« Déménager ici après [le 7 octobre] a été la décision la plus significative et la plus importante de ma vie », a-t-elle déclaré. « Même dans les mauvais jours, je ne peux pas imaginer être ailleurs. »

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