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Cette année le prix Goncourt a mis en avant deux camps impossibles à réconcilier

Les jurés ont accordé 5 voix à chacun des finalistes ; ce vote s'est répété indéfiniment, sans qu'aucun juré ne veuille bouger, pour des raisons qui semblent en partie politiques

L'écrivain français Brigitte Giraud tient son roman à la fenêtre du restaurant Drouant après avoir reçu le prestigieux prix littéraire Goncourt pour son roman "Vivre Vite" (Flammarion) à Paris, le 3 novembre 2022. (Crédit : Bertrand GUAY / AFP)
L'écrivain français Brigitte Giraud tient son roman à la fenêtre du restaurant Drouant après avoir reçu le prestigieux prix littéraire Goncourt pour son roman "Vivre Vite" (Flammarion) à Paris, le 3 novembre 2022. (Crédit : Bertrand GUAY / AFP)

Le jury du prix Goncourt est allé jeudi au bout des 14 tours réglementaires pour élire Brigitte Giraud, confronté à un blocage entre deux camps impossibles à réconcilier, pour des raisons qui semblent en partie politiques.

Le déroulement du scrutin est simple à résumer.

Au premier tour, la future lauréate a obtenu cinq voix, avec Vivre vite, et son rival italo-suisse Giuliano da Empoli cinq également, avec Le Mage du Kremlin. Et ce vote s’est répété indéfiniment, sans qu’aucun juré ne veuille bouger.

Dans ce cas, les statuts de l’Académie Goncourt donnent au bout du compte une voix prépondérante au président, en l’occurrence Didier Decoin, qui défendait l’autrice de 60 ans.

Celui-ci a rappelé qu’il avait obtenu le Goncourt 1977 de cette manière, grâce au président du jury Hervé Bazin.

C’est arrivé d’autres fois. En 1968 par exemple, Louis Aragon avait ensuite démissionné du jury parce qu’il avait le sentiment que certains s’étaient ligués pour faire échouer son poulain, François Nourissier.

La dernière lauréate en date à avoir bénéficié de la voix qui compte double du président, à savoir François Nourissier justement, était Pascale Roze en 1996. Depuis, l’Académie Goncourt évitait ce genre d’élection.

« J’ai connu des présidents, à l’Académie Goncourt, qui ont toujours dit : attention, ne partons pas vers un 14e tour, car je ne veux pas avoir à user de ma deuxième voix », expliquait jeudi à la presse Pierre Assouline, juré depuis 2012.

S’il y a eu avertissement, il a été vain. « Chacun a dit : moi je ne bougerai pas. Et c’est moins glorieux, je trouve, de l’emporter avec la voix du président », ajoutait-il.

« Ceux qui étaient menacés »

M. Decoin a confirmé. « J’ai posé la question : est-ce que quelqu’un a l’impression qu’il pourrait changer d’avis ? Réponse : non, eh bien on continue ».

Derrière ce débat entre deux romans, il y en avait un autre, né au moment de l’annonce des finalistes depuis Beyrouth fin octobre.

La moitié du jury tenait à s’y rendre, pour marquer sa solidarité avec une grande ville francophone durement marquée par l’explosion en août 2020 d’un silo rempli de nitrate d’ammonium.

L’autre moitié estimait qu’il aurait été judicieux d’annuler après les propos du ministre libanais de la Culture, Mohammad Mourtada, annonçant qu’il « ne permettrai[t] pas à des sionistes de venir parmi nous et de répandre le venin du sionisme au Liban ». Ce ministre est proche du mouvement chiite Amal, un allié du puissant groupe terroriste pro-iranien Hezbollah.

Ce débat a laissé des traces.

Tahar Ben Jelloun (Crédit : capture d’écran YouTube)

Tahar Ben Jelloun avait déclaré en octobre : « Je ne me sentirais pas en sécurité dans ce pays où on assassine assez facilement ».

Contrairement aux usages, il a révélé jeudi dans les couloirs du restaurant Drouant avoir voté pour Giuliano da Empoli, et lancé : « En principe on est tous solidaires » derrière le lauréat. « Cette année, moi j’ai tellement de colère que non ».

« Je regrette qu’on n’ait pas couronné un grand livre », ajoutait-il. Et le Franco-Marocain de relever que la lauréate a vendu 6 000 à 7 000 exemplaires depuis août, contre environ 100 000 pour Le Mage du Kremlin depuis avril.

L’écrivain Pierre Assouline au salon du livre de Paris, en 2011. (Crédit : Thesupermat/CC BY-SA 3.0)

Pierre Assouline, qui a aussi laissé comprendre qu’il avait voté pour l’Italo-suisse, insistait : il ne regrettait pas, comme Pascal Bruckner et Eric-Emmanuel Schmitt, d’avoir décliné le voyage au Liban.

« Au contraire. Surtout quand je vois la réaction de la majorité de mes confrères journalistes, qui ont trouvé assez honteux d’être allés là-bas, de ne pas avoir été solidaires de ceux qui étaient menacés, moralement, pas seulement des menaces physiques », déclarait-il.

Le secrétaire de l’Académie Goncourt, Philippe Claudel, était de ce voyage, et partisan de Brigitte Giraud. Il a éludé la controverse. Ces 14 tours de scrutin, selon lui, « ça prouve simplement que les deux derniers étaient tous les deux passionnants ».

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