Cinq des sept soldats tués dans une explosion à Gaza ont été inhumés
Les funérailles de cinq des sept soldats tués à Khan Younès ont eu lieu mercredi après-midi - cela faisait des mois que Tsahal n'avait pas connu un incident aussi meurtrier dans la bande
Cinq des sept soldats qui ont été tués mardi dans la bande de Gaza ont été inhumés mercredi sur le sol israélien. Leur véhicule militaire blindé avait été touché par un engin explosif au cours de l’incident le plus meurtrier à être survenu au sein de Tsahal depuis des mois.
Le sergent Shahar Manoav, âgé de 21 ans, le sergent-chef Ronel Ben-Moshe, 20 ans, le sergent Ronen Shapiro, 19 ans, le sergent Maayan Baruch Pearlstein, 20 ans, et le sergent-chef Niv Radia, 20 ans, ont été enterrés dans l’après-midi de mercredi.
Les cinq soldats avaient perdu la vie mardi à Khan Younès, aux côtés du lieutenant Matan Shai Yashinovski, âgé de 21 ans, qui sera inhumé jeudi matin, et du sergent-chef Alon Davidov, 21 ans, dont les funérailles sont également prévues jeudi, le temps que son père puisse arriver de Russie.
Ils servaient tous au sein du 605e bataillon de génie de combat. Mardi, ils menaient une mission de reconnaissance, selon un porte-parole militaire, quand un engin explosif fixé à leur véhicule blindé s’est déclenché près de Khan Younès.
Au total, 441 soldats sont morts depuis le début de l’offensive terrestre le 27 octobre 2023, selon les autorités.
Manoav a été inhumé au cimetière militaire d’Ashkelon, où son père Minan a rendu hommage à celui qui « rayonnait de bonheur et de lumière » aux yeux de tous ceux qui le connaissaient. Il laisse derrière lui ses parents et sa fratrie – deux frères et une sœur.
« Mon cher fils, mon héros. Comment te dire adieu ? Comment un père peut-il rendre hommage à son fils ? Comment est-ce possible ? », a interrogé son père. « Mon Shahar, nous n’oublierons jamais ton sourire, ta gentillesse. Tu étais une source d’inspiration pour nous, tu étais tout pour nous ».

Le frère aîné de Manoav, Shlomo, a exprimé son regret de ne pas avoir été là pour son petit frère pendant qu’il grandissait.
« Mon petit frère, tout d’abord… Je suis désolé. Je suis désolé de ne pas avoir été à tes côtés ces dernières années, je suis désolé de ne pas avoir été là avec toi quand tu étais avec ta dernière petite amie, je suis désolé d’avoir manqué toute ton enfance », a-t-il déclaré. « Merci de m’avoir reconnu comme ton frère aîné, malgré tout cela ».
Les funérailles de Ronel Ben-Moshe ont eu lieu dans l’après-midi au cimetière militaire de Rehovot. Il laisse derrière lui ses parents, Revital et Moshe, ainsi que cinq frères et sœurs.
Quand son cercueil arrive sous la grande toile blanche, porté par six frères d’armes, l’assistance peine a retenir ses sanglots. Le choc est palpable, après l’un des incidents les plus meurtriers pour Israël en plus de 20 mois de guerre à Gaza.
« C’est tôt, 20 ans, pour mourir », hoquète une dame effondrée. Autour d’elle, ils ne sont pas beaucoup plus âgés, visages poupins fraichement rasés.
Les témoignages des frères et soeurs à propos de leur aîné provoquent de nouvelles secousses dans l’assistance.
« Ronel, le seul pour qui je sortais de la maison en pyjama, les cheveux décoiffés, juste pour venir te chercher à la gare quand tu rentrais de l’armée. J’attendais toujours ton appel », raconte sa cadette Adi, inconsolable.
Noa, une autre sœur de Ben-Moshe, lui a aussi rendu hommage, disant à feu son frère qu’elle n’avait « pas de mots » pour exprimer à quel point elle l’aimait.
« Tu avais toujours le sourire aux lèvres et tu savais rendre tout le monde heureux. Tu étais toujours là pour moi, je ne peux pas imaginer notre famille sans toi — je ferais n’importe quoi pour revoir ton sourire », a-t-elle déclaré.

Le jeune homme achevait une année préparatoire en biologie et mathématiques lorsqu’il a été appelé, début 2023. Quelques mois d’entraînement sur une base militaire d’Eilat, dans le sud du pays, et puis le 7 octobre est arrivé.
Ronel Ben Moché enchaîne les missions. Une première à Gaza, une autre à la frontière libanaise, avant de repartir à Gaza.
« Il était toujours le premier à se mobiliser pour les otages retenus par le Hamas, il fouillait les maisons une par une », assure à l’AFP Ariel, 21 ans, qui a combattu à ses côtés à Gaza.
Cette mission-là devait être l’une des dernières, son service militaire s’achevant dans deux mois.
« Tout le monde lui avait de ne pas y retourner, c’était déjà un vétéran, il n’était pas obligé. Mais il n’a rien voulu entendre », confie son oncle Shmoulik Yannay. « Il fallait qu’il soutienne ses amis restés là-bas ».
Ariel, l’ancien compagnon d’armes de Ronel, confie l’épuisement qui gagne certains des appelés. « Moi, je n’ai pas pu finir mon service », dit-il. « J’étais tellement mal, mentalement, que j’ai été démobilisé ».
« J’ai vu trop de gamins comme moi mourir. Il est temps que ça s’arrête », dit ce jeune, reconverti dans le commerce de cryptomonnaie.
Un avis pas toujours partagé par ses compatriotes. « Ca s’arrêtera quand tous les otages seront rentrés », dit l’oncle du défunt. « On ne va pas les abandonner ».

Niv Radia a été inhumé à Elyakhin, sa ville natale, à côté de la tombe de son cousin, le sergent-chef Omri Peretz, qui avait été tué alors qu’il repoussait des terroristes du Hamas qui étaient entrés au kibboutz Kissufim lors du massacre commis par le groupe terroriste, le 7 octobre 2023.
Environ un millier de personnes ont assisté à la cérémonie, et des centaines d’autres personnes, qui brandissaient des drapeaux israéliens, bordaient la route menant au cimetière.
« Niv aimait profondément toute sa famille, y compris ses cousins. La perte de son cousin Omri Peretz, le 7 octobre, avait été très difficile pour lui, ils étaient extrêmement proches. Il avait écrit un éloge funèbre de quatre pages pour lui lors des funérailles », a rappelé la mère de Radia, Alexandra, dans une interview accordée à la chaîne d’information N12. Il laisse derrière lui ses parents, Eyal et Alexandra, et deux frères et sœurs.
« La dernière fois que nous avons été ici ensemble, tu faisais l’éloge funèbre de notre cousin », a noté sa sœur Alin. « Je ne veux pas d’une famille de héros. Je veux une famille où tout le monde est en vie. »

La tante de Radia, la mère de son cousin assassiné Omri, a également pris la parole lors de la cérémonie.
« Je n’arrive toujours pas à comprendre cette tragédie qui nous frappe à nouveau. Maintenant, vous êtes à nouveau ensemble, inséparables. Je vous vois tous les deux là-haut, en train de jouer au ballon, en train de faire des tractions, de manger des pâtes et de construire votre cabane dans les arbres », a-t-elle dit.
Ronen Shapiro a été inhumé à Mazkeret Batya, une ville du centre d’Israël, juste au sud de Rehovot, dans la soirée de mercredi. Il laisse derrière lui ses parents, Ilya et Marina, et trois frères et sœurs, Grigori, Maria et Avital.
« Tu étais la personne la plus généreuse que je connaissais, celle qui avait le plus beau sourire », s’est exclamé son frère Grigori lors des funérailles. « Tu avais toujours voulu être un combattant… mon frère est un héros. »

Maayan Baruch Pearlstein, originaire du village d’Eshhar, dans le nord du pays, a été enterré au cimetière de Misgav, où se trouve le conseil régional dont dépend la ville natale de sa famille.
Sa mère, Osnat, a déclaré au micro de la station de radio Kan Reshet Bet que son fils décédé aurait eu 21 ans lundi et qu’elle avait espéré qu’il serait en congé, ce week-end, pour venir fêter l’événement en famille.
« Nous ne nous sommes toujours pas fait à l’idée. Je n’aurais jamais pensé que cela nous arriverait. Nous lui faisions confiance et nous faisions confiance au système. J’ai du mal à entendre qu’ils n’étaient pas suffisamment protégés. J’espère juste que lui et les autres n’ont pas souffert », a-t-elle confié.
Matan Shai Yashinovski, âgé de 21 ans, qui avait grandi à Kfar Yona, était commandant de peloton dans le bataillon. Il laisse derrière lui ses parents et deux sœurs cadettes.
La municipalité de Kfar Yona a évoqué « un fils bien-aimé, un ami loyal et un soldat courageux ».
« Nous n’oublierons jamais Matan, son sourire, ses valeurs et son amour profond pour son pays », a poursuivi la municipalité dans son communiqué.
Alon Davidov, qui servait comme infirmier de combat dans le bataillon, était fils unique et originaire de Kiryat Yam. Sa mère, Yekterina, a déclaré qu’elle avait tenté de dissuader son fils de s’engager dans une unité de combat.
« Je ne le voulais pas », a-t-elle confié au journal Haaretz. « Nous avons eu de nombreuses discussions, mais il voulait être avec ses amis et se sentir important, malgré la peur. Je lui ai dit : ‘Je serai avec toi jusqu’au bout’. »