Cisjordanie: Des résidents d’implantation auraient mis le feu à des voitures à Burin
Les soldats israéliens ont mis un terme à des "frictions" dans cette ville proche de Naplouse ; un Palestinien aurait été blessé par une pierre ; il n'y a pas eu d'arrestation
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Des partisans du mouvement pro-implantation ont incendié un certain nombre de voitures palestiniennes samedi dans un village du nord de la Cisjordanie, ont fait savoir les médias palestiniens et un groupe de défense des droits de l’Homme israélien.
Des images diffusées par les sites d’information palestiniens ont montré deux voitures en feu à Burin, un village situé à proximité de Naplouse.
L’organisation de défense des droits de l’Homme Yesh Din a indiqué qu’environ une dizaine de résidents d’implantation étaient arrivés de Givat Ronen, un avant-poste illégal, et qu’ils avaient commencé à jeter des pierres en direction d’une habitation avant le déploiement de l’armée israélienne.
Yesh Din a publié une vidéo montrant plusieurs individus masqués stationnés sur une colline en train de jeter des pierres vers le village.
Selon le groupe de défense des droits de l’Homme israélien, les individus ont pris la fuite après l’arrivée des soldats. Ils sont ensuite revenus à Burin en empruntant une autre route et ils ont recommencé à jeter des pierres sur les habitations et sur les voitures avant de mettre le feu à plusieurs d’entre elles.
Yesh Din a fait savoir qu’au moins un Palestinien avait été hospitalisé après avoir été touché à la jambe par une pierre.
Des soldats israéliens et deux agents de la sécurité civile ont été aperçus près de l’endroit où les voitures brûlaient. Ils étaient en train de se disputer avec les habitants alors que le camion des pompiers attendait de pouvoir rejoindre le lieu des incendies.
Yesh Din a accusé l’armée et les coordinateurs de la sécurité des implantations voisines de Har Bracha et d’Yitzhar d’avoir délibérément bloqué le camion des sapeurs-pompiers palestiniens.
Un porte-parole militaire a indiqué au Times of Israel que des soldats avaient été déployés dans le secteur pour mettre un terme « à des frictions entre des partisans du mouvement pro-implantation et des Palestiniens ». Il a ajouté que les soldats n’avaient pas eu à utiliser de moyens anti-émeutes pour disperser les personnes présentes.
Des responsables de la sécurité locale ont indiqué qu’une quarantaine de Palestiniens de Burin avaient également jeté des pierres en direction du groupe de partisans du mouvement pro-implantation.
شاهد| اعتداء المستوطنين على أهالي بلدة بورين جنوب نابلس بحماية من قوات الاحتلال. pic.twitter.com/Bgp7PTV5iv
— شبكة فلسطين للحوار (@paldf) February 25, 2023
La police n’a pas fait de commentaire sur ces incendies de voitures présumés et aucune arrestation n’aurait été faite.
Les incidents de vandalisme anti-palestiniens ou qui prennent pour cible les forces de sécurité israéliennes sont désignés sous le nom d’attaques de type « prix à payer », leurs auteurs d’extrême-droite affirmant qu’ils viennent en représailles contre des violences palestiniennes ou contre des politiques gouvernementales considérées comme hostiles à l’égard du mouvement pro-implantation.
Les arrestations de leurs auteurs sont très rares et les groupes de défense des droits de l’Homme déplorent des condamnations encore plus rares alors que la plus grande partie des charges est généralement abandonnée dans ce type de dossier.
Les informations faisant état de crimes nationalistes anti-palestiniens en Cisjordanie ont fortement augmenté ces dernières semaines et suite à plusieurs attentats terroristes.
تغطية صحفية: مستوطنون يحرقون مركبتين في قرية بورين جنوب نابلس. pic.twitter.com/8lt5tLsRhY
— شبكة قدس الإخبارية (@qudsn) February 25, 2023
Lundi, la police israélienne a placé en détention cinq activistes juifs du mouvement pro-implantation qui sont soupçonnés d’avoir été impliqués dans l’incendie d’une voiture palestinienne et dans les affrontements avec l’armée qui avaient suivi.
Environ 500 000 Israéliens vivent dans les implantations de Cisjordanie. Parmi eux, plusieurs centaines sont connus sous le nom de « Jeunes des collines », des adolescents et des jeunes adultes extrémistes qui cherchent à ancrer une présence juive sur toute la terre biblique d’Israël.
Les responsables militaires estiment qu’au moins 150 « jeunes des collines » sont impliqués dans de graves actes de violences contre les Palestiniens et ils s’inquiètent du nombre croissant de résidents d’implantation qui, plus généralement, soutiennent leurs actions, voire y prennent part.
L’armée israélienne avait enregistré 838 incidents de violences de la part des activistes du mouvement pro-implantation en 2022, contre 466 en 2021 et 353 en 2020.
Seules 101 enquêtes de la police avaient été ouvertes sur les attaques de type « prix à payer », l’année dernière. Ces investigations ont débouché sur 28 mises en examen.
L’armée israélienne a expliqué que ces attaques menées par les partisans du mouvement pro-implantation provenant d’implantations ou d’avant-postes illégaux considérés comme extrémistes – comme Yitzhar et ses environs – mais aussi d’implantations qui étaient supposées être plus modérées.