Comment Amir Tibon et les siens ont été sauvés par son père, le général retraité Noam Tibon
Lorsque les terroristes du Hamas ont envahi le kibboutz Nahal Oz, il s'est enfermé avec ses proches dans leur pièce forte. "Je pensais que j'allais mourir". Mais les secours sont arrivés
C’est après la guerre Israël-Hamas de 2014 que le journaliste de Haaretz Amir Tibon s’est installé avec son épouse Miri dans le kibboutz champêtre de Nahal Oz, tout près de Gaza.
Le couple, alors sans enfants, voulait aider cette petite communauté, explique Tibon à The Atlantic. Ils sont tombés amoureux de l’endroit et y sont restés. Il y a un an, ils y ont acheté une maison.
Le matin du 7 octobre, le bruit des obus de mortier qui s’écrasent conduit le couple à se réfugier dans la « pièce sécurisée » renforcée dans laquelle dorment Galia, 3 ans et demi, et Carmel, 1 an et demi, leurs filles.
Ils sont habitués aux tirs de mortier lancés depuis la bande de Gaza voisine, mais pas aux tirs qui se rapprochent, jusqu’à leur porte, se souviendra plus tard Tibon.
Arabophone, Tibon saisit immédiatement ce qui se passe lorsqu’il entend les terroristes du Hamas devant chez lui.
Ils sont une vingtaine à s’être infiltrés dans la petite communauté, ce jour-là, et des centaines d’autres se sont dispersés dans d’autres communautés frontalières de Gaza pour tuer, mutiler, brûler et torturer. Quelque 1 400 personnes seront massacrées, parmi lesquelles des bébés et des familles entières.
A l’abri dans leur pièce sécurisée, ils font leur possible pour ne pas alarmer les filles. Tibon parvient à joindre le correspondant militaire de Haaretz, Amos Harel, qui lui apprend que les terroristes ne sont pas seulement à Nahal Oz, mais dans un grand nombre de communautés proches de Gaza.
« J’ai compris ce qui se passait. Je pensais que j’allais mourir », se souvient Tibon.
C’est alors qu’il appelle son père, Noam, 61 ans, général de Tsahal à la retraite.
Ses parents prennent immédiatement la route : ils quittent Tel Aviv et mettent le cap au sud.
Arrivé au kibboutz Mefalsim, son père, seulement armé d’un pistolet, descend de voiture et monte à bord du véhicule d’un soldat pour effectuer un tour de reconnaissance. En chemin, ils tombent sur des terroristes du Hamas en train de tirer sur des soldats de l’unité d’élite du commando Maglan.
Trois soldats de Maglan sont tombés dans ce combat, dont le major Chen Buchris, 26 ans, commandant adjoint. Tibon saisit l’arme et le casque de Buchris et entra dans la mêlée.
Les terroristes sont neutralisés, mais deux soldats israéliens sont blessés.
Tibon les conduits jusqu’à sa femme, qui les conduit à l’hôpital à bord de leur voiture, puis il se dirige à nouveau vers le sud, à pied cette fois. C’est alors qu’il aperçoit un autre général à la retraite, Israël Ziv.
A l’instar de Yair Golan, autre général en retraite, Ziv, 66 ans, s’était également rendu dans le sud pour prêter main forte.
Sur place, il répond à l’appel à l’aide de Noam Tibon, qu’il raccompagne jusqu’à l’entrée du kibboutz Nahal Oz, avant de faire route vers le kibboutz Beeri, théâtre de l’un des pires massacres de la journée – puis vers le lieu de la rave Supernova, transformé en véritable charnier.
This is an amazing story, and fortunately one that has a happy ending. Noam Tibon, pictured, retired IDF general, age…
Posted by Rob Scheinberg on Tuesday, October 10, 2023
À Nahal Oz, Tibon rejoint rapidement l’équipe de défense du kibboutz et plusieurs unités des forces spéciales.
Se couvrant les uns les autres, les soldats vont de maison en maison pour vérifier s’il y a des terroristes et faire savoir à ceux qui sont reclus dans leur abri que Tsahal est arrivé.
Amir Tibon se trouve, lui, toujours barricadé dans sa pièce sécurisée avec sa famille, sans électricité ni téléphone portable chargé.
Lorsqu’il entendre d’autres types de coups de feu, il se dit que son père a fini par arriver.
À 16 heures, 10 heures après s’être réfugiée dans sa pièce blindée, la famille entend des coups à la fenêtre, puis la voix de Noam Tibon. A ce moment, Galia sort du silence pour dire que leur grand-père est là.
« Ce furent nos premières larmes », confie Amir Tibon.
Les survivants ont été évacués samedi soir vers le kibboutz Mishmar HaEmek, dans le nord d’Israël. Amir Tibon et les siens se sont installés avec ses parents à Tel Aviv.
Parmi les quelque 200 personnes que le Hamas a prises en otage ce jour-là se trouve une famille de cinq personnes de ce kibboutz, les deux parents et trois enfants.
Parmi les personnes assassinées dans le kibboutz figurent Yaniv Zohar, 54 ans, photographe pour le journal Israel Hayom. Il a été tué avec sa femme, Yasmin, leurs deux filles Keshet et Tehelet, et le père de Yasmin, Haim Livne. Seul leur fils de 13 ans a survécu – il était parti courir tôt le matin.
La lieutenant Eden Nimri, 22 ans, nageuse de compétition de niveau international et commandant dans l’unité de drones du corps d’artillerie, a également été tuée ce jour-là dans le kibboutz en luttant contre les terroristes du Hamas.