Construction d’un avant-poste en Cisjordanie
Les fondateurs sont motivés par le prix du terrain, et pas par une idéologie ; le Premier ministre a juré qu’il n’autoriserait pas de nouvelles implantations

Un nouvel avant-poste illégal est en cours de construction en Cisjordanie, a annoncé samedi une association anti-implantation. C’est le premier depuis que le gouvernement a décidé de réduire la construction dans les implantations pour donner un gage de bonne volonté au président américain Donald Trump.
La Paix Maintenant a annoncé dans un communiqué que la construction avant commencé près de l’implantation d’Adam, à l’est de Ramallah, en Cisjordanie.
Selon l’association, le nouvel avant-poste est composé de sept structures légères, comme des mobil-homes, dont certaines sont encore en cours de construction.
Selon le quotidien Haaretz, la police a ordonné samedi que la construction de ce nouvel avant-poste soit interrompue.
L’avant-poste est construit sans l’approbation du gouvernement, a indiqué La Paix Maintenant. Les fondateurs ont dit à l’association que le coût de la vie à Jérusalem les avait poussés à chercher un logement plus abordable en Cisjordanie, et qu’ils n’étaient pas motivés par une idéologie religieuse ou politique.
« Quelles que soient les raisons des habitants de l’avant-poste, l’implication politique des avant-postes est la même », a déclaré La Paix Maintenant, qui affirme que la construction incessante dans les implantations nuit aux chances d’un accord de paix avec deux états entre Israël et les Palestiniens.
« Ce qui distingue cet avant-poste des autres est l’exploitation cynique de la situation économique des nouveaux habitants par le mouvement des implantations, en leur accordant des terrains gratuits et en leur permettant d’y construire des maisons illégalement, tant que cela contribue à l’objectif des colons, qui est de détruire la possibilité de ne jamais créer un état palestinien », a déclaré La Paix Maintenant.
Le gouvernement n’avait pas immédiatement réagi, le rapport ayant été publié pendant Shabbat.
Un membre de l’avant-poste a déclaré au quotidien Haaretz que la nouvelle communauté laïque serait aussi ouverte aux habitants palestiniens.
« J’ai quatre enfants et pas d’argent, a expliqué Assaf Mamman. Il y a une crise du logement à Jérusalem, c’est bondé. Ici, il y a de l’espace pour construire quelque chose, un village pour les Juifs et les Arabes. »
La Paix Maintenant a cependant affirmé que les Palestiniens ne pourraient pas vivre dans l’implantation.
« D’après les visites de terrain et les recherches de La Paix Maintenant, nous sommes assez certain qu’il n’y a pas de signes que cela soit vrai », a déclaré l’association.
Certains des habitants israéliens de la région désapprouvent ce nouvel avant-poste.
« C’est une horreur », a dit un habitant d’Adam à Haaretz. « Certains d’entre nous ont payé plus d’un million de shekels, et d’un coup il y a des personnes qui obtiennent un ou deux dunams (0,1 – 0,2 hectares) gratuitement ? »
Un autre habitant d’Adam, qui n’a pas donné son nom, a déclaré que les habitants n’étaient pas ravis que leurs nouveaux voisins soient laïcs, et qu’ils ne soient pas engagés dans le mouvement des implantations.
« Ce ne sont pas des [religieux nationaux] qui sont venus ici par amour de la terre, a-t-il déclaré. Ces personnes qui viennent n’ont pas d’argent, beaucoup sont divorcés, ce qui amène des problèmes. Ils ne sont pas religieux et ils ne sont pas ici par idéologie. »
Le nouvel avant-poste est construit juste derrière la clôture qui entoure Adam, et contrairement à certains avant-postes illégaux de Cisjordanie, il n’est pas situé sur des terrains palestiniens privés. Les fondateurs n’ont pas de permis de construire, mais l’administration civile avait déjà approuvé des permis généraux pour la zone entourant Adam, ce qui rend difficile une expulsion par l’armée israélienne.
La nouvelle commune pourrait être évacuée par le conseil régional du Binyamin, mais selon Haaretz, cela semble peu probable puisque le conseil tolère généralement la construction d’avant-postes illégaux dans sa juridiction.