Coronavirus : une enveloppe de 90 mds de shekels approuvée par la Knesset
Un texte visant à amender la Loi fondamentale sur l'économie nationale a pu être adopté par 62 voix contre zéro - grâce aux trois votes de la Liste arabe unie, Yamina était absent

La Knesset a adopté, mardi en début de matinée, un amendement qui va permettre au pays d’augmenter son budget et son déficit afin de financer une enveloppe d’aide à l’économie d’un montant de 90 milliards de shekels pour aider le pays à dépasser la crise entraînée par le coronavirus.
Le projet de loi a été approuvé à 62 voix contre zéro et a réuni trois votes de la Liste arabe unie. La faction Kakhol lavan a également soutenu le texte.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Santé Yaakov Litzman étaient tous deux absents, les deux hauts responsables se trouvant en quarantaine après que ce dernier a été testé positif au coronavirus, Netanyahu ayant été à son contact.
La formation de droite Yamina, qui fait partie de la coalition, était également absente – un acte de protestation contre la direction prise par les pourparlers d’unité en cours avec Kakhol lavan de Benny Gantz.
Le projet de loi adopté était un amendement d’urgence à la Loi fondamentale israélienne sur l’économie nationale. Il permettra « d’adapter le plafond budgétaire et les limites sur les dépenses mensuelles afin de gérer la crise du coronavirus et d’aider financièrement les citoyens ».

Le député Ahmad Tibi a déclaré qu’avec tant de parlementaires absents, le Likud s’était retrouvé à court de majorité et qu’il avait supplié son parti de lui venir en aide – notant l’ironie de la démarche, la formation au pouvoir ayant clamé de manière répétée que les votes de la Liste arabe unie étaient illégitimes, cette dernière n’étant pas sioniste et certains membres du parti ayant été accusés par le parti de Netanyahu de soutenir le terrorisme.
« Nous sommes encore en construction. Il n’y a que 58 députés. Il faut 61 votes pour adopter la Loi fondamentale sur l’économie nationale. Ne partez pas, nous vous le demandons’, » nous ont-ils dit. Le Likud demande à ce que la Loi fondamentale soit approuvée avec le renfort des voix des ‘soutiens du terrorisme' », a écrit Ahmad Tibi sur Twitter avant le vote.
Après le vote, il a publié une photo de lui-même aux côtés de la députée Aida Touma-Sliman et du parlementaire Osama Saadi avec comme légende : « 90 milliards de shekels approuvés à 62 voix pour. Approuvés avec les trois votes de la Liste arabe unie (Osama, Aida et Ahmad), 62-3 = 59, et elle ne serait pas passée dans ce cas de figure. Oups ».
Parmi les mesures entrant en vigueur, des allocations pour les parents avec enfants à hauteur de 500 shekels (jusqu’à quatre enfants par famille), des indemnités d’un montant de 950 shekels pour les personnes âgées et une hausse des allocations chômage.
Le cadre du déficit national sera également élargi de 40 milliards de shekels.
Malgré l’adoption du texte législatif, il est improbable que la majorité de ces indemnités et allocations chômage soient remises à leurs destinataires avant la fête de Pessah qui commencera mercredi soir, a annoncé ce week-end le directeur général de l’Institut national d’assurance – qui, a-t-il ajouté, est actuellement dépassé par la recrudescence massive des demandes.
« Malheureusement et malgré de gros efforts, nous ne serons pas en mesure de respecter le calendrier et de verser les allocations chômage », a expliqué Meir Spiegler au quotidien en hébreu Maariv, ajoutant que s’il espérait que les indemnités versées en urgence pour les enfants pourraient être traitées avant la fête, celles en direction des personnes âgées ne le seraient pas.

L’enveloppe approuvée mardi matin entre dans le cadre d’une série de mesures dont l’objectif est d’aider Israël à survivre aux dégâts causés à l’économie suite aux restrictions adoptées pour contenir l’épidémie de coronavirus.
La Banque d’Israël a fait savoir lundi qu’elle faisait passer son taux d’intérêt à 0,1 % pour aider l’économie à dépasser la crise. Elle abaisse ainsi ce taux, qui se trouvait à 0,25 %, de bien plus de la moitié.
Cette initiative suit d’autres baisses similaires des taux d’intérêts dans le monde et aux États-Unis, qui ont été à l’origine de bonds temporaires sur les marchés boursiers.
Ce taux est le plus bas jamais enregistré et ramène la banque à ce qu’elle avait connu entre les années 2015 et 2018, une époque où elle avait tenté de stimuler les emprunts pour venir à bout d’une crise du logement.
La banque a expliqué que la crise causée par la pandémie de Covid-19 a « entraîné un choc sur le marché des capitaux en Israël et dans le monde entier, avec des déclins nets du cours des actions et une augmentation de la volatilité et des risques ».
La Banque a précisé que le PIB allait se contracter de 5 % au cours du premier trimestre de l’année 2020 et qu’une croissance négative à hauteur de 5 % était également prévue pour le prochain trimestre. Le ratio dette/PIB devrait atteindre les 75 % cette année.
Autre initiative visant à dynamiser les prêts et à relancer l’économie, la Banque d’Israël a fait savoir qu’elle proposait des prêts sur trois ans au taux fixe de 0,1% aux banques qui accorderaient des emprunts aux « petites et macro-entreprises ». Environ cinq milliards de shekels seront mis de côté pour ce plan, a fait savoir la chaîne Kan.
Depuis le début du mois de mars, le gouvernement a imposé des mesures de plus en plus sévères pour contenir une propagation du nouveau coronavirus meurtrier. Les Israéliens ont reçu l’ordre de rester confinés chez eux, ne s’aventurant à l’extérieur que pour répondre à leurs besoins essentiels.
Les personnes pouvant mener leur activité professionnelle en télétravail peuvent continuer à le faire, mais un grand nombre d’employés de secteurs considérés comme non essentiels, ou pour qui le travail à distance est inenvisageable, ont été placés en congé sans solde.
Avec le ralentissement de l’économie, les chiffres du chômage ont grimpé en flèche, plus d’un million de personnes étant sans-emploi début avril, pour la toute première fois de l’histoire d’Israël, portant le taux de chômage à 25 %.

La Banque a estimé que si Israël commençait à alléger les restrictions à la fin du mois de juin, l’économie rebondirait probablement et connaîtrait une croissance en 2021. Elle a toutefois prédit que les chiffres du chômage ne pourraient sans doute pas revenir au niveau d’avant la crise (3,3 %) avant la fin de l’année 2021.
Elle a averti qu’il « y a une incertitude considérable concernant les prédictions au vu du manque de clarté sur la durée et la magnitude de la crise ».
Selon les chiffres rendus publics par les services chargés de l’emploi, Israël compte actuellement 1 050 000 chômeurs.
Depuis le début du mois de mars, environ 887 283 personnes se sont inscrites à l’Agence pour l’emploi. Cette dernière précise que 89 % d’entre elles sont actuellement en congé sans solde.
Le coronavirus avait fait, mardi après-midi, 60 morts en Israël, et
9 006 personnes ont été testées positives au virus.