COVID: Face à l’avancée du variant Pirola, le ministère de la Santé dévoile ses plans
L'augmentation des cas en Israël et à l'étranger en alarme certains et des mesures sont prises. L'inquiétude monte dans certains milieux face au nouveau vaccin destiné aux variants

Maintenant que les vacances d’été sont terminées, les enfants reprennent le chemin de l’école, les vacanciers, celui du travail et la COVID-19 fait à nouveau la Une des journaux avant peut-être de se propager au sein de la population, estiment les autorités de santé.
A l’occasion du Nouvel An juif, les Israéliens vont faire se réunir, en famille et entre amis, fréquenter des synagogues bondées ou se déplacer dans des lieux très courus, avec un œil inquiet sur cette nouvelle vague de COVID qui semble émerger.
Face à ce nouveau variant BA.2.86 (Pirola) et la trentaine de mutations de sa protéine de spicule, les plus éminents scientifiques estiment que le variant Omicron pourrait déjouer l’immunité acquise par la vaccination ou la guérison suite à contagion. C’est en juillet dernier que le variant Pirola a été détecté pour la première fois au Danemark et en Israël.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, 1,4 million de nouveaux cas de COVID ont été enregistrés de par le monde en août, soit une augmentation de 38 % par rapport au mois précédent.
Les pays signalent non seulement des taux plus élevés de contagions et d’hospitalisations, mais certains annoncent également leurs stratégies pour maîtriser la propagation avant que les systèmes de santé ne soient saturés avec les virus respiratoires de l’hiver. Au Royaume-Uni, les tests et le suivi génétique repartent en flèche et aux États-Unis, les scientifiques mettent les bouchées doubles pour établir la contagiosité du variant Pirola tandis que les hôpitaux et écoles envisagent de rétablir le port du masque.
Bien que le ministère israélien de la Santé ait publié des statistiques montrant que le COVID était également de retour en Israël, il n’a rien dit au sujet de possibles restrictions pour faire en sorte de ne pas vivre de mois difficiles de « flurona », mélange de grippe et de COVID. (Le ministère a toutefois lancé la campagne de vaccination contre la grippe par l’intermédiaire des caisses de santé le 5 septembre, soit bien plus tôt que d’ordinaire.)
« À ce stade, le ministère de la Santé n’a pas d’instructions à donner à la population », a déclaré le porte-parole du ministère en réponse à une demande du Times of Israel. « Nous surveillons la situation et publierons plus d’informations si nécessaire. »
Les Israéliens devront-ils à nouveau porter le masque et reprendre la distanciation sociale dans les cliniques, les hôpitaux et les espaces intérieurs fréquentés – avions et aéroports compris – ? Les personnes qui se sentent malades devront-elles à nouveau faire un test COVID à domicile ? Faudra-t-il s’isoler à la maison pendant un certain temps si le test est positif? Les tests PCR seront-ils de retour? Les vaccins de rappel contre la COVID seront-ils disponibles cet automne?

En l’absence de directives claires du gouvernement, la communauté médicale n’a plus qu’à placer ses espoirs sur les personnes qui font en sorte d’éviter la contagion, se testent si elles ont des symptômes et veillent à ne pas transmettre le virus, en particulier aux personnes âgées et immunodéprimées.
L’inquiétude se répand
Le ministère de la Santé indique qu’en Israël, le nombre de personnes testées positives au COVID a augmenté de 13 % ces dernières semaines, et que le pourcentage augmente chaque jour.
Le 3 septembre, le pays comptait 1 081 cas actifs, parmi lesquels 245 hospitalisations. Quarante-deux de ces patients étaient dans un état grave, cinq dans un état critique. On ignore dans quelle mesure des décès ont été causés par la COVID ces derniers temps.
Babiana Hazan, médecin et directrice du département des maladies infectieuses à l’hôpital Haemek d’Afula, a déclaré au média Ynet que la plupart des cas causés par Pirola et autres variants récents d’Omicron avaient été « importés » par des Israéliens revenus de l’étranger au terme de leurs vacances d’été. Cela signifie que le virus, du moins pour l’instant, n’est pas hors de contrôle au sein des communautés locales.

Toutefois, les experts en santé publique et les épidémiologistes doutent que les chiffres du ministère de la Santé reflètent fidèlement la situation.
« Dans la mesure où il n’y a ni déclaration ni test obligatoire, ni obligation de quarantaine, nous n’avons pas d’informations complètes et crédibles », explique la professeure Ronit Calderon-Margalit, directrice de l’École de santé publique de l’Université hébraïque et de l’hôpital Hadassah.
« La seule chose fiable, c’est le nombre de personnes hospitalisées avec le virus », dit-elle au Times of Israel.
Afin de recueillir des données plus détaillées sur la COVID et les pathologies, du moins dans les hôpitaux, le ministère de la Santé a demandé le 4 septembre aux hôpitaux publics de procéder à des tests PCR durant trois semaines sur tous les patients hospitalisés en médecine interne.
Les directeurs d’hôpitaux s’y opposent, estimant que cela ne fournira que peu d’informations utiles mais alourdira la charge de travail de leur personnel.
« Le nombre de patients hospitalisés en raison de la COVID est faible, il serait donc préférable de faire les tests au sein des communautés, où se trouvent la plupart des personnes présentant des symptômes respiratoires », peut-on lire dans un communiqué signé par le Forum des directeurs d’hôpitaux publics. « L’enquête serait plus efficace. Les hôpitaux publics continueront à faire des tests PCR lorsque c’est cliniquement indiqué. »

Des vaccins et une campagne de grande ampleur
Le ministère de la Santé va déployer des « vaccins agréés » pour les nouveaux variants avant l’hiver, a précisé le porte-parole. Le ministère a refusé de donner des détails sur les variants inclus.
En juin, la Food and Drug Administration américaine a annoncé la distribution de nouveaux vaccins de rappel spécifiquement conçus pour le variant Omicron XBB.1.5, contrairement aux rappels bivalents existants efficaces contre la souche originale du coronavirus et les variants Omicron les plus courants de 2022.
Ce nouveau vaccin a été développé avant l’apparition des variants EG.5 (Eris) et BA.2.86 (Pirola) cet été. En août, l’administration Biden a annoncé les premiers financements du projet de 5 milliards de dollars conçu pour le développement de la prochaine génération de vaccins contre la COVID-19 et l’évolution du virus.

Au moment où les Israéliens et le reste du monde attendent d’en savoir plus sur les nouveaux rappels et leur date de déploiement, l’Institut de recherche sur la pandémie de Sheba s’associe aux National Institutes of Health des États-Unis, au Walter Reed Army Institute of Research et à la société pharmaceutique Sanofi pour développer un vaccin de rappel pan-coronavirus.
Il s’agit de produire un vaccin capable de protéger contre toute une variété de coronavirus, y compris le SARS-CoV-2, virus responsable de la COVID-19, et ses variants. Le modèle utilisé pour la recherche de ce vaccin servira également à d’autres virus, dont la grippe, afin de prévenir de futures pandémies.

Mais les virus mutent sans discontinuer et il est illusoire de penser qu’un vaccin pan-coronavirus mettra fin à la course de vitesse infinie entre le virus et les vaccins.
Directrice de l’unité de prévention et de contrôle des infections à l’hôpital Sheba et cheffe de l’Institut de recherche sur les pandémies, la professeure Gili Regev-Yochay dit qu’il est beaucoup trop tôt pour déterminer à quelle fréquence un vaccin pan-coronavirus devrait être administré.
« Nous parlons d’un agent pathogène respiratoire, qui n’est pas quelque chose que l’on attrape une fois pour toutes, comme la rougeole. Donc, en étant réaliste, on sait qu’une seule injection ne suffira pas. Ce vaccin sera sans doute à répéter, mais à ce stade, il est impossible de savoir à quelle fréquence ».