Danone met 3,5 M de $ dans une firme israélienne spécialisée dans le lait de culture
Le géant français des produits laitiers a conclu un accord avec Wilk en vue de développer des composants de lait maternel cultivé pour les préparations pour nourrissons
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Le géant français des produits laitiers Danone a conclu un accord d’investissement stratégique avec la start-up israélienne Wilk, qui pourrait déboucher sur une collaboration avec l’entreprise de technologie alimentaire – ou FoodTech – en vue de développer des composants de lait maternel cultivé pour les préparations pour nourrissons sur la base de sa technologie cellulaire.
Danone Manifesto Ventures (DMV), la société de capital-risque créée par le géant de l’agroalimentaire basé à Paris, investira 2 millions de dollars, en tête d’un tour de table de 3,5 millions de dollars annoncé par Wilk, dans un document déposé à la Bourse de Tel Aviv (TASE) lundi.
À la suite de cet investissement, la branche « venture » de la société laitière, qui fabrique le yaourt Activia, le lait maternisé Aptamil et l’eau Evian, détiendra au moins 2 % du capital social de Wilk.
Dr. Nurit Argov-Argaman, de l’université hébraïque de Jérusalem, a fondé Wilk (sous le nom de Biomilk) en 2018 et a depuis développé une technologie cellulaire pour produire du lait maternel et animal cultivé. Argov-Argaman l’a introduite en bourse sur le TASE en 2021 dans le cadre d’une opération de fusion SPAC (société d’acquisition à vocation spécifique).
Pour le lait de culture d’origine animale, Wilk isole les cellules productrices de lait du pis des vaches et les transfère dans un bioréacteur, où elles sont exposées à des matériaux brevetés par l’entreprise pour produire des ingrédients laitiers, mais sans avoir besoin d’une vache dans le processus final de production de lait.
Le processus est également appliqué à la production en laboratoire de lait maternel humain – avec les graisses et les protéines qui constituent une part importante de la valeur nutritionnelle – en utilisant des cellules provenant d’opérations de réduction mammaire.
Dans le cadre de l’accord stratégique conclu entre la société de capital-risque de Danone et la start-up Wilk, les parties examineront la possibilité d’une coopération stratégique pour le développement de substituts du lait maternel qui comprendront des composants de lait maternel cultivés en laboratoire.
L’accord stipule également que Danone et Wilk examineront les possibilités de coopération commerciale et d’opérations conjointes, qui peuvent inclure des accords de développement conjoint et des subventions pour des projets en Europe et aux États-Unis, selon un communiqué de Wilk.
Tomer Aizen, PDG de Wilk, a déclaré que l’investissement de DMV aidera l’entreprise à poursuivre le développement de ses produits laitiers cultivés.
Wilk est l’une des nombreuses entreprises israéliennes de FoodTech qui développent du lait de culture sans animaux, chacune à un stade de développement différent. Remilk, par exemple, basée à Rehovot, a levé l’an dernier 120 millions de dollars pour produire du lait, du fromage et du yaourt sans vache, et dispose déjà de capacités de production. Le développeur de lait de culture et de produits laitiers a également annoncé son intention d’ouvrir au Danemark la « plus grande installation au monde » pour la production de lait sans vache.
Cependant, Wilk est l’une des rares entreprises sur la scène mondiale dans le secteur du lait maternel de culture. L’offre de Wilk pourrait être une alternative bienvenue pour les personnes qui préfèrent donner du lait humain, mais qui rencontrent des difficultés pour allaiter, pour les bébés nés prématurément et pour ceux qui ne peuvent pas consommer de lait maternisé commercial.
Wilk a déclaré qu’elle ne cherchait pas nécessairement à remplacer les préparations pour nourrissons, mais à contribuer à un produit de meilleure qualité nutritionnelle et d’un coût comparable à celui des préparations pour nourrissons.
C’est pourquoi la start-up basée à Rehovot s’est concentrée sur le développement de graisses de lait humain cultivées sur cellules pour les préparations pour nourrissons, afin de remplacer les graisses végétales actuellement contenues dans les préparations. Les avantages nutritionnels de la graisse de lait humain cultivée jouent un rôle central dans le maintien du système digestif du nourrisson, ainsi que dans le développement de son cerveau et de son système nerveux, selon Wilk.
Parmi les autres investisseurs du dernier tour de table, Steakholder Foods (anciennement Meatech), basé à Rehovot, fabricant israélien de produits carnés cultivés, achètera 450 000 dollars d’actions ordinaires de Wilk avec une décote de 15 % par rapport à leur cours de clôture moyen sur 45 jours, ce qui lui donnera une participation de 2,5 % dans la start-up israélienne. Steakholder Foods a déclaré qu’elle recherchait des synergies avec Wilk, notamment une coopération stratégique sur ses technologies exclusives de biologie et d’impression.
La Central Bottling Company, également connue sous le nom de Coca-Cola Israël, participe également au tour de table. Le propriétaire de la coopérative laitière Tara, deuxième entreprise de transformation du lait en Israël, a investi 2 millions de dollars dans Wilk en 2021 dans le cadre d’un accord visant à développer des produits basés sur la technologie du lait de culture de la start-up.
Dans le cadre de ce tour de table, Wilk émettra un total de 13,6 millions d’actions ordinaires dans le cadre d’un placement privé au prix de 0,91 shekels par action. Les actions de la start-up ont clôturé en baisse de 10 % lundi, à 105,1 shekels par action.