Israël en guerre - Jour 338

Rechercher

Dans le nord d’Israël, des agriculteurs attachés à leur terre refusent d’évacuer

""Cette terre est la nôtre de par la Bible, nous l'avons gardée au prix du sang versé alors c'est très important que nous soyons ici", en dépit des affrontements avec le Hezbollah, explique une agricultrice

L'agricultrice israélienne Elanit Kalfon parle lors d'une interview devant l'un de ses enclos à chèvres dans une ferme du village de Goren, près de la frontière nord avec le Liban, le 22 octobre 2023, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le Hamas. (Crédit : Yuri CORTEZ / AFP)
L'agricultrice israélienne Elanit Kalfon parle lors d'une interview devant l'un de ses enclos à chèvres dans une ferme du village de Goren, près de la frontière nord avec le Liban, le 22 octobre 2023, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le Hamas. (Crédit : Yuri CORTEZ / AFP)

Au-dessus des bêlements de ses chèvres, Elanit Kalfon exprime sa détermination : peu importent les affrontements avec le Hezbollah libanais tout proches, et les appels de l’armée à quitter son village, cette Israélienne ne « quittera pas sa terre ».

Goren, 680 habitants à moins de dix kilomètres de la frontière avec le Liban, a reçu dimanche un appel à évacuer des autorités, comme de nombreux autres villages agricoles du nord d’Israël.

La plupart des habitants n’ont pas attendu cet appel pour fuir, de peur que ne s’ouvre contre le Hezbollah libanais, allié du Hamas, un second front pour l’armée israélienne, déjà engagée dans une guerre meurtrière contre le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza.

Israël a mis son armée en état d’alerte sur sa frontière nord, immédiatement après les attaques dans le sud de son territoire du groupe terroriste islamiste palestinien Hamas le 7 octobre, jamais vues par leur ampleur et leur violence depuis la fondation de l’Etat en 1948.

Fragment d’une roquette tirée depuis le Liban dans la ville de Kiryat Shmona, près de la frontière avec le Liban, le 18 octobre 2023. (Crédit : Jalaa Marey / AFP)

Au moins six soldats israéliens, 19 terroristes du Hezbollah et six terroristes palestiniens ont été tués lors de ces échanges. Un civil israélien a par ailleurs été tué dans une attaque du Hezbollah, et plusieurs civils libanais et un journaliste de Reuters auraient également été tués par des bombardements israéliens.

Mme Kalfon, qui élève 1 200 chèvres à Goren, fait partie des quelques dizaines d’habitants qui ne veulent pas partir, malgré les sirènes d’alerte à la roquette quasi quotidiennes.

« Tout le monde me dit ‘Elanit, pars, laisse les animaux, ta vie est plus importante’. Certes, mais nous avons travaillé toute notre vie pour ça. J’éduque mes enfants en leur disant qu’on ne quitte pas sa terre », dit l’agricultrice de 47 ans, présidente de l’association des éleveurs caprins en Israël.

« Nous avons connu la guerre, c’était des jours difficiles », se souvient Mme Kalfon, en référence à l’annexion du sud du Liban par Israël (1982-2000) puis de la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006. Elle avait fait 1 200 morts côté libanais et 160 côté israélien.

Aujourd’hui, « on se prépare à pire, car le Hezbollah est plus grand et plus proche », assure-t-elle.

Escalade

Dans les allées de la ferme, son mari s’active, donne le biberon aux biquettes, un t-shirt usé de l’armée sur le dos et une arme en bandoulière, pour se protéger en cas « d’infiltration terroriste », explique son épouse.

Le 22 octobre 2023, le fermier israélien Doron Dadoush, armé de son fusil automatique M-16 de calibre 5,56 mm fabriqué aux États-Unis, nourrit ses chèvres dans le village de Goren, près de la frontière nord avec le Liban, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le Hamas. (Crédit : Yuri CORTEZ / AFP)

Depuis le 7 octobre, ils ferment tout à double tour. Lorsqu’elle se souvient de ce samedi matin, des premières informations faisant état de terroristes du Hamas de Gaza infiltrés en Israël, massacrant des civils chez eux, dans la rue ou à une rave-party, sa gorge se noue et ses yeux se voilent.

« Nous avions espoir de pouvoir faire la paix », se désole-t-elle, ajoutant des mots très durs à l’encontre des Palestiniens. D’espoir, l’éleveuse dit n’en avoir plus aucun.

Plus de 1 400 personnes ont été tuées sur le sol israélien, en majorité des civils morts le jour de l’attaque. Plus de 5 000 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza, d’après les autorités locales. Les chiffres émis par le groupe terroriste n’ont pas pu être vérifiés de manière indépendante et ils incluraient les terroristes et les hommes armés du groupe, en plus des victimes d’une explosion survenue dans un hôpital de Gaza City, le 17 octobre. Les États-Unis, qui ont cité leurs propres renseignements, ont confirmé le narratif israélien selon lequel les dégâts causés près de l’hôpital ont été causés par une roquette palestinienne.

Israël a accusé dimanche le Hezbollah d' »entraîner le Liban dans la guerre ».

Par la Bible et par le sang

Manipulant avec souplesse son quad sur une de ses parcelles vallonnées, Moshé Dadoush, 62 ans, admet « avoir peur » mais n’a aucune intention de prendre la route.

« J’ai fait la première guerre du Liban, je mentirais si je disais que je n’avais pas peur, je sais quel en est le prix », dit l’agriculteur au chapeau de cuir.

« Mais je dois rester ici m’occuper de mes arbres. Si je ne le fais pas, il n’y aura pas de fruits cette année », affirme-t-il au milieu de ses pêchers, disant « ne rien savoir faire d’autre ».

Le 22 octobre 2023, le fermier israélien Doron Dadoush, armé de son fusil automatique M-16 de calibre 5,56 mm fabriqué aux États-Unis, contrôle ses chèvres dans le village de Goren, près de la frontière nord avec le Liban, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le Hamas. (Crédit : Yuri CORTEZ / AFP)

« Notre lien à la terre est fort (…) Je ne quitterai pas (la région) pour une raison simple, c’est ici que j’ai grandi, je n’ai nulle part où aller autre que ce pays. Je n’ai aucune raison de partir. C’est à moi », dit-il.

« Cette terre est la nôtre de par la Bible, nous l’avons gardée au prix du sang versé alors c’est très important que nous soyons ici, que nous cultivions et que nous soyons proches de la terre », renchérit Elanit Kalfon, mettant en avant des motivations « sentimentales et idéologiques ».

« L’agriculture c’est tout », conclut-elle: « la souveraineté alimentaire », « la vie ». Et le « contrôle de la terre ».

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.