Dans un rapport, Washington parle du plateau du Golan sous « contrôle israélien »
L'administration nie que le choix des mots dans le rapport du département d'État marque un changement de politique ; la mention d'une "occupation" en Cisjordanie y a aussi disparu
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël

WASHINGTON — Mercredi, pour la première fois, l’administration Trump a fait référence au plateau du Golan comme étant « contrôlé par Israël » et ne mentionne plus de Cisjordanie « occupée » dans son rapport annuel sur les droits humains dans le monde.
Le rapport de l’année précédente avait déjà marqué une rupture, le titre d’une rubrique ne qualifiant plus la Cisjordanie, la bande de Gaza et le plateau du Golan d' »occupés ». Celui-ci de cette année va légèrement plus loin.
« Les autorités soumettent les citoyens non israéliens de Jérusalem et le plateau du Golan sous contrôle israélien aux mêmes lois que les citoyens israéliens, » peut-on lire cette année. Des versions antérieures du même rapport évoquaient un plateau du Golan « sous occupation israélienne ».
Dans le document de cette année, le gouvernement américain prend position dans sa qualification de ces zones. « Les autorités ont poursuivi des non-citoyens palestiniens détenus en Israël sous législation militaire israélienne, une pratique suivie par le pays depuis l’occupation de 1967, » peut-on lire dans un passage. Le nouveau rapport, par opposition, n’emploie le terme « occupés » que deux fois — et seulement pour relayer des propos d’organisations tierces, telles que l’ONG israélienne Breaking the Silence et les Nations unies.
Malgré le changement terminologique vis-a-vis du plateau du Golan, un membre de l’administration a réfuté mercredi que cela équivalait à une reconnaissance de la souveraineté israélienne dans cette zone.
« Notre politique concernant le Golan n’a pas changé, » a indiqué un porte-parole de l’ambassade américaine à Jérusalem au Times of Israel.

Israël avait saisi le plateau à la Syrie lors de la guerre des Six-Jours de 1967, où elle a ensuite appliqué la législation israélienne à partir de 1981, une mesure synonyme d’annexion. Mais les États-Unis et la communauté internationale le considèrent depuis longtemps comme un territoire syrien sous occupation israélienne.
En Israël, cette nouvelle terminologie a été applaudie par des responsables de la droite.

La vice-ministre des Affaires étrangères s’est ainsi félicitée de cette nouveauté mercredi après-midi, qu’elle a attribuée aux efforts diplomatiques du Premier ministre Benjamin Netanyahu. « Le fait que le terme ‘territoire occupé’ soit absent du document officiel du département d’État constitue une étape importante pour les relations diplomatiques d’Israël et l’avenir des implantations, » a-t-elle ainsi noté.
« Le rapport de cette année, pour la première fois, n’emploie pas la description juridiquement erronée d' »occupation’ pour faire référence à la présence israélienne en Cisjordanie ou dans le Golan, » a commenté le Professeur Eugene Kontorovich, expert en droit international et directeur du Droit international au Forum politique Kohelet basé à Jérusalem.
« Il s’agit d’un changement considérable dans la façon dont les États-Unis abordent le conflit. Ils commencent à comprendre que bien que Israël et les Palestiniens sont en conflit, le droit international n’y apporte pas de réponse. Le rapport fait également preuve, pour la première fois, de scepticisme quant aux affirmations et conclusions de groupes anti-Israël, dont les allégations peu soutenues par des preuves étaient précédemment considérées comme parole d’évangile, » estime-t-il.
Le rapport comprend également une longue section sur les activités du Hamas dans la bande de Gaza, notamment son orchestration de protestations à la frontière l’année dernière qui avaient donné lieu à des violences.
« L’armée israélienne a tué 190 Palestiniens à la clôture de Gaza cette année, dont 41 mineurs, d’après B’Tselem [une ONG israélienne], » a indiqué le rapport.
« Les organisations de défense des droits humains ont affirmé que la plupart des victimes ne présentaient pas de menace imminente à l’armée israélienne, » poursuit le rapport. « Le gouvernement [israélien] a établi que la plupart de ces victimes opéraient pour le Hamas ou étaient encouragés par eux à protester près de la clôture. Le gouvernement a assuré que l’armée avait ouvert le feu en dernier ressort, en présence d’une menace claire et imminente, et ont visé sous les genoux dans l’intention de blesser mais pas de tuer. »
Le changement de l’administration Trump pourrait être considéré comme une victoire pour Benjamin Netanyahu, en prise à une campagne de réélection féroce.
Plus tôt dans la semaine, en visite en Israël, le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham, un Républicain et allié du président, a émis le souhait, aux côtés de Netanyahu, que les États-Unis reconnaissent officiellement la souveraineté israélienne dans le plateau du Golan, annonçant qu’il comptait « entamer des démarches pour reconnaître le Golan comme appartenant à l’État d’Israël, maintenant et pour toujours. »

La Treizième chaîne israélienne a rapporté mercredi soir que le Premier ministre travaillait « très dur » pour que l’administration Trump reconnaisse la souveraineté israélienne dans le plateau du Golan avant les élections du 9 avril, tout en notant que son rival, Benny Gantz, s’en inquiétait et craignait que cela ne relance la popularité de Benjamin Netanyahu.
L’utilisation de la terminologie « sous contrôle israélien » dans le rapport américain, a estimé le reportage télévisé, pouvait représenter « une indication » de la volonté du gouvernement d’envisager la reconnaissance totale.
On y apprenait également que la terminologie employée dans le rapport avait été supervisée de près par l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, qui a chargé un assistant de relire le texte « avec un stylo rouge pour barrer le mot ‘occupation’. »