Daphna Aviram Nitzan : Le taux de chômage pourrait diminuer et passer à 11 %
Une analyse de l'Institut israélien de la démocratie estime que le nombre considérable de chômeurs actuellement devrait baisser au début du mois de mai et se limiter à 400 000
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
Le taux de chômage en Israël diminuera probablement sensiblement dans les prochains mois une fois que le gouvernement aura assoupli les restrictions liées au coronavirus. Le taux de chômage devrait pourtant rester à un niveau important cette année, selon une analyse publiée mercredi.
Le taux moyen de chômage pour cette année devrait probablement se situer autour de 11,5 %, et 360 000 à 400 000 personnes resteront sans emploi à la fin de l’année 2020, a indiqué le groupe de réflexion Institut israélien de la démocratie (IDI). Le chiffre est presque trois fois plus haut que le taux de chômage d’avant la crise, quand 140 000 Israéliens étaient sans emploi.
Depuis que le gouvernement a mis en place des restrictions sanitaires imposant à presque tous les Israéliens de rester chez eux, sauf pour des activités essentielles, le taux de chômage a grimpé en flèche. Il est passé d’environ 4 % au début du mois de mars à 26,5 % à la mi-avril, avec plus d’un million de chômeurs.
Dimanche, le cabinet a approuvé un léger assouplissement des restrictions qui ont conduit l’économie à un arrêt quasi total. Pourtant, les petits commerces considérés comme non-essentiels, tels que les commerces du secteur de la culture (alors que le monde entier est en train de lire, de voir des films et d’écouter de la musique), de la mode et de l’esthétique, mais aussi les centres commerciaux, devront encore attendre longtemps avant de pouvoir reprendre leurs activités. Des analystes ont prédit qu’ils seront parmi les derniers à être libérés des restrictions selon n’importe quel plan de sortie du confinement.
Le taux de chômage, qui inclut les salariés en congé sans solde, devrait baisser progressivement en mai, a indiqué le groupe de réflexion dans une analyse écrite par l’experte en économie Daphna Aviram Nitzan. Elle travaillait auparavant à l’université Bar-Ilan et au sein de l’Association des producteurs d’Israël.
Les premiers à reprendre leurs activités seront probablement les employés des secteurs de la technologie, de l’industrie et des services, ainsi que les professionnels tels que les comptables, les avocats et les consultants.
De nombreux actifs reprendront néanmoins leurs activités de manière réduite.
D’autres secteurs, comme le tourisme, la culture, l’événementiel et les loisirs, ont déjà licencié des employés. Ils retrouveront plus lentement un rythme normal après que le gouvernement aura assoupli les restrictions.
Les attitudes des consommateurs en Israël, et à l’étranger, changeront probablement fortement après la crise. Moins de gens voudront voyager, manger dans les restaurants ou participer à des événements de masse. La demande devrait également ralentir à cause du chômage important et de la diminution des revenus. L’incertitude, causée par la crainte d’une deuxième vague épidémique, conduira à une réduction des dépenses jugées non essentielles.
Les employés de ces secteurs durement touchés, dont beaucoup ont été licenciés ou placés en congé sans solde en mars, font face à un avenir incertain. Ils proviennent de différents horizons – les employés de la restauration sont dans l’ensemble peu qualifiés et jeunes, les acteurs du secteur culturel comprennent artistes, techniciens et intermittents du spectacle, et le secteur touristique concerne des professionnels tels que des pilotes, des guides, des agents de voyage et du personnel de sécurité.
Les employés plus jeunes et moins qualifiés ont été les plus touchés par les pertes d’emploi, mais les licenciements durables affecteront probablement une grande partie de la population active en concernant aussi les employés qualifiés et diplômés. Plus de la moitié des personnes qui ont été licenciées ont moins de 34 ans, selon le rapport.
En plus des chiffres du chômage, des dizaines de milliers d’entreprises feront faillite.
Plus de 35 000 indépendants et environ 320 000 salariés dans 11 000 petites entreprises opèrent dans les secteurs de l’accueil et de la restauration. Il est probable qu’une bonne partie d’entre elles ne survivent pas à la crise. Les revenus de ces entreprises font vivre indirectement des dizaines de milliers de personnes et maintiennent à flot l’économie locale.
Israël compte environ 530 000 indépendants et propriétaires de petites entreprises, à comparer aux 3,8 millions de salariés, selon les données fournies par la Fédération des petites entreprises et l’IDI. Les indépendants ne bénéficient pas des protections sociales dont profitent les salariés quand ils perdent leur travail.
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Plus tôt ce mois, le cabinet a approuvé des aides d’urgences pour les indépendants israéliens dont les commerces ont été durement touchés par la pandémie de coronavirus.
Un fonds spécial contre le coronavirus d’un montant de 8 milliards de shekels (2 milliards d’euros) – garanti par le gouvernement et destiné à aider les petites et moyennes entreprises – a fait l’objet de critiques virulentes alors que la majorité des demandes de prêts ont été refusées.
Les fonds iront aux entreprises qui ont vu une baisse d’au moins 25 % de leur activité depuis le début de la crise en mars en Israël, par rapport à la même période l’année dernière.
De nombreux propriétaires de petites entreprises ont critiqué ce qu’ils ont dit être un manque de soutien de la part de l’État. Des centaines de personnes ont manifesté devant la Knesset dimanche pour demander au gouvernement de les aider à traverser cette crise.
Des nombreux employés de secteurs durement touchés devront probablement suivre des formations de reconversion professionnelle et changer de carrière. Le gouvernement a alloué 200 millions de shekels (52 millions d’euros) en faveur de tels programmes.