Des ados israéliens rendent hommage à Charlie Hebdo
Des élèves du secondaire caricaturent l'état du pays pour marquer l'anniversaire de l'attaque contre le magazine satirique
Le Jerusalem Press Club a marqué le premier anniversaire de l’attaque contre le magazine satirique français, Charlie Hebdo, en organisant un concours de dessin dans les lycées.
Le concours, organisé par le Israeli Cartoon Museum de Holon et le club de presse, proposait à des étudiants à travers Israël d’explorer des sujets de l’homophobie aux relations israélo-arabes à travers l’art.
Le concours a donné l’occasion aux jeunes artistes de rendre hommage aux victimes de Charlie Hebdo et à la liberté d’expression pour laquelle les artistes sont morts, a déclaré Linda Rivkin, la directrice adjointe au Jerusalem Press Club, où la cérémonie de remise des prix a eu lieu la semaine dernière.
Douze personnes ont été tuées lors d’une attaque terroriste djihadiste dans les bureaux du magazine satirique français à Paris en janvier dernier. La publication hebdomadaire a été visée car elle s’était moquée du prophète musulman Mahomet et de l’islam en général.

L’Institut français à Tel-Aviv a également tenu une exposition de bande dessinée pour commémorer l’attaque terroriste de l’an dernier.
Pour la plupart des jeunes participants israéliens, cependant, l’attaque Charlie Hebdo était éloignée de leur propre réalité.
« Je savais que c’était arrivé mais je ne savais pas vraiment pourquoi ils ont été attaqués », a expliqué la gagnante de la première place, Amit Katz, « je pense que [les djihadistes] ont exagéré avec la religion ; c’était plus pour eux [un moyen] de protéger leur fierté que pour défendre leur religion ».
Les gagnants du concours et les finalistes ont présenté leurs commentaires dans 30 cadres en bois identiques cadres. Côte à côte, ils ont aligné sur les murs blancs du Jerusalem Press Club, chaque bande dessinée capturant un instantané du mécontentement de la société vue à travers les yeux d’un adolescent.

La gagnante de la première place, Katz, a dessiné une main manipulant avec des fils des marionnettes sans visage, une qui porte une cravate noire, l’autre un voile blanc. La jeune adolescente de 17 ans de Hadera a indiqué qu’elle était « vraiment perturbée » par les règles du rabbinat israélien sur les cérémonies de mariage, qui ont inspiré son entrée.
« J’aime ce pays et je veux me marier ici, mais je ne veux pas du rabbinat », a déclaré Katz.
Elle a précisé qu’elle ne se considère pas comme étant religieuse, et pour elle, la notion qu’elle ne puisse pas se marier sans un rabbin et sans « un morceau de papier pour prouver [qu’elle] aime quelqu’un » est tout simplement « horrible ».
Yosepha Yaacobowitz, 16 ans, a remporté le deuxième prix pour sa bande dessinée, qui s’est concentrée sur l’impact de la pollution de l’eau sur les générations futures. Elle a indiqué qu’elle a été fortement influencée par les romans de science-fiction qu’elle lit régulièrement.

Hava Herman, 15 ans, la troisième lauréate, a remporté le prix avec sa caricature austère en noir et blanc montrant un homme qui lit secrètement Israël Hayom, un journal de droite caché derrière un journal de gauche Haaretz, qui montre comment les gens cachent leurs véritables opinions derrière les couches normatives des attentes sociales.

Le ministère de l’Education a annoncé le concours dans les écoles à travers le pays et les organisateurs ont reçu aux alentours de 70 entrées, selon Vanessa Gabbay, la coordinatrice du programme.
Les caricatures qui ont gagné n’avaient pas à aborder Charlie Hebdo spécifiquement, a expliqué Galit Gaon, la directrice du musée et l’un des juges du concours.
« La discussion portait sur la liberté d’expression et le droit d’exprimer des critiques sans insulter quelqu’un d’autre – ce qui est ce que nous avons vu avec Charlie Hebdo », a déclaré Gaon. « Nous n’avons pas demandé aux artistes d’être polis mais d’être humains, ce qui signifie regarder droit dans les yeux de la personne et de la critiquer ».
« La conversation nous concerne en tant que créateurs qui essaient de comprendre que nous avons à vivre ensemble et avoir des croyances différentes, sans offenser une autre partie ou de tuer l’autre partie », a ajouté Gaon.
Le caricaturiste Michel Kichka, l’un des cinq juges de la compétition, a déclaré que ce qui est arrivé en France « doit être compris comme une attaque contre la démocratie, pas contre les caricaturistes ».
Kichka avait un lien particulier avec les attentats de janvier en France ; il a grandi en lisant Charlie Hebdo et connaissait personnellement quatre des cinq artistes qui ont été tués dans l’attaque l’an dernier.