Des affiches appelant à l’assassinat d’Abbas placardées par l’extrême-droite
Les responsables palestiniens ont accusé Israël d'incitations. La police réfléchit à enlever les affiches de cette campagne qui évoque les paiements aux terroristes de l'AP
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Des affiches montrant le visage du président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas au coeur d’une cible avec la phrase « Assassinez les financiers du terrorisme » écrite en hébreu sont apparues mardi dans toute la Cisjordanie dans le cadre d’une campagne lancée par un groupe d’extrême-droite.
Les Palestiniens ont vivement demandé à la communauté internationale de condamner cette campagne et la police a fait savoir qu’elle songeait à retirer ces affiches.
Elles ont été installées dans les implantations, aux arrêts de bus et le long des routes de Cisjordanie par Derech Chaim, un groupe pro-implantations qui appelle à conformer les politiques publiques à la loi juive religieuse, quelques jours après que sept personnes ont été blessées lors d’un attentat terroriste survenu aux abords de l’implantation d’Ofra.
La campagne cite les versements de fonds effectués par l’AP aux Palestiniens emprisonnés en Israël pour des crimes sécuritaires ainsi qu’aux familles de terroristes tués alors qu’ils commettaient des attaques.
Selon le ministère de la Défense, l’AP accorde un salaire mensuel de 12 000 shekels à tous les prisonniers de sécurité condamnés à une peine allant au-delà des 30 ans d’emprisonnement.
Cela fait longtemps que l’Etat juif affirme que ces rémunérations sont des incitations au terrorisme.
« Le moment est venu de dire : Un financier du meurtre = un meurtre », est-il écrit sur l’affiche.
Une porte-parole du district de Judée et Samarie (Cisjordanie) de la police a indiqué que les autorités avaient connaissance de la campagne et qu’ils réfléchissaient à un éventuel retrait des affiches pour incitation à la violence.
Saeb Erekat, haut-conseiller d’Abbas et chef du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a répondu à la campagne en disant que l’Etat juif assumerait toutes les responsabilités « des appels incitant à assassiner le président palestinien, et de leurs conséquences sans équivoque ».
Erekat a ajouté que les dirigeants palestiniens et la population prenaient cette menace au sérieux et il a appelé la communauté internationale à condamner la campagne.
Le porte-parole d’Abbas, Abu Rdeinah, a déclaré que les affiches avaient franchi toutes les limites et que les Palestiniens en tenaient le gouvernement israélien pour responsable, a noté l’agence de presse officielle Wafa.
Le ministère des Affaires étrangères palestinien a également dénoncé la campagne, appelant la communauté internationale à agir rapidement.
« Ces incitations sont les dernières d’une campagne systématique et généralisée lancée par les terroristes des colonies à l’encontre de la population palestinienne », a estimé le ministère dans un communiqué transmis par l’agence de presse officielle Wafa.
Dans un post expliquant la campagne et paru sur Facebook, Derech Chaim a fustigé la politique sécuritaire gouvernementale qui, selon le groupe, permet à des attentats terroristes meurtriers « d’entrer dans la routine ».
Il a ajouté que jusqu’à ce que le gouvernement « élimine les financiers du terrorisme », de telles attaques continueront à avoir lieu.
Ces centaines d’affiches ont été accrochées quelques jours seulement après que des terroristes qui se trouvaient à bord d’une voiture ont ouvert le feu sur des Israéliens qui attendaient à un arrêt de bus, avec parmi eux une femme enceinte qui a été grièvement blessée.
Les médecins ont décidé de donner naissance au bébé par césarienne. Tandis que l’état de la mère s’est amélioré, le petit garçon est encore dans un état critique au centre médical Shaare Zedek de Jérusalem.
Les forces de sécurité israéliennes ont lancé une chasse à l’homme pour retrouver les suspects qui se sont enfuis.
Adam Rasgon a contribué à cet article.
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