Des centaines de travailleurs gazaouis détenus par Tsahal en Cisjordanie
Leur permis de travail israélien ayant été révoqué, de nombreux Gazaouis désireux de rester dans des zones contrôlées par l'AP ont été appréhendés et sont détenus jusqu'à la fin de la guerre

Israël détient un nombre inconnu de travailleurs gazaouis dans des installations militaires de Cisjordanie depuis le 7 octobre dernier, date à laquelle le Hamas a pris d’assaut 22 villes et communautés frontalières du sud et massacré plus de 1 400 Israéliens.
Selon un porte-parole de l’armée, les Gazaouis, dont les permis de travail ont depuis lors été révoqués, sont pour la plupart détenus à la base d’Anatot, au nord-est de Jérusalem. Selon cette même source, ils ne peuvent pas être renvoyés à Gaza pour le moment.
Leur nombre est estimé à plusieurs centaines, la Douzième chaine allant jusqu’à 4 000.
Avant l’attaque du Hamas, Israël accordait 17 500 autorisations quotidiennes permettant à des Gazaouis de venir travailler en Israël, principalement dans l’agriculture ou la construction. Jérusalem avait envisagé de porter ce nombre à 20 000, à condition que le Hamas mette fin aux émeutes.
Erez, l’unique point de passage terrestre entre Israël et la bande de Gaza, a été détruit par les terroristes du Hamas le 7 octobre dernier et est hermétiquement fermé depuis. L’armée israélienne assure que les travailleurs de Gaza bloqués en Israël ont été rassemblés et transférés à Anatot peu de temps après le début de la guerre. Médias palestiniens et ONG israéliennes estiment qu’un certain nombre d’entre eux est parvenu à pénétrer dans les territoires tenus par l’Autorité palestinienne et a trouvé refuge chez des habitants. Dans les jours qui ont suivi l’assaut du Hamas, l’armée israélienne aurait cherché à mettre la main sur les Gazaouis de Cisjordanie afin de les transférer vers des centres de détention.
Anatot est l’unique base évoquée par l’armée israélienne pour la détention des Gazaouis, mais l’ONG israélienne Gisha mentionné le centre de détention d’Ofer, au nord de Jérusalem, ainsi que d’autres bases militaires en Cisjordanie.
IMOD personnel returned to the Erez Crossing today to assess the extensive damage caused by Hamas terrorists. The Erez Crossing has facilitated the daily passage of thousands of Gazans into Israel, granting them access to employment opportunities, trade & essential medical care. pic.twitter.com/M8HfnAfSLv
— Ministry of Defense (@Israel_MOD) October 17, 2023
Selon Wafa, l’agence de presse officielle palestinienne, 50 travailleurs de Gaza auraient été arrêtés à Hébron le 17 octobre, 40 le 23 octobre et 50 e 19 octobre, alors qu’ils s’abritaient dans le camp de réfugiés de Dheisheh, près de Bethléem. Toujours selon Wafa, plusieurs Gazaouis ont été arrêtés lors d’un raid dans la ville d’al-Ram, au nord de Jérusalem, le 22 octobre.
La détention des Gazaouis n’est pas à légalement parler une arrestation, mais elle se poursuivra jusqu’à ce que la situation à Gaza permette leur retour. Les détenus n’ont pas été autorisés à se faire représenter par un avocat, et on ignore à ce stade si leur internement, dans les conditions actuelles, est légal.
Les forces de sécurité ont mené l’enquête pour déterminer dans quelle mesure l’un de ces travailleurs avait fourni des informations au Hamas concernant les villes et communautés israéliennes autour de Gaza, ce qui aurait pu les aider à trouver des victimes et ainsi maximiser l’impact de leur attaque.
Plusieurs organisations israéliennes de défense des droits humains ont adressé une lettre au ministre de la Défense, Yoav Gallant, et à la procureure générale, Gali Baharav Miara, le 12 octobre dernier, pour déplorer le fait qu’aucune charge ne justifie la détention de ces travailleurs, et affirmer que leurs « droits les plus fondamentaux, en particulier la protection de leurs droits à une procédure régulière, à un avocat et à un contrôle judiciaire », étaient violés.
La lettre, signée par le Centre pour la défense des particuliers, le Centre Gisha pour la liberté de mouvement, l’Association pour les droits civils en Israël, Médecins pour les droits de l’homme et le Centre juridique Adalah, estime que cette mesure est une vengeance, interdite par le droit international en temps de guerre, et que tous ces travailleurs de Gaza avaient été admis en Israël et s’étaient vu délivrer un permis de travail à l’issue d’un « contrôle diligent » des services de sécurité israéliens.

La guerre entre Israël et le Hamas a commencé le 7 octobre dernier lorsque le groupe terroriste a brusquement lancé contre l’État juif une attaque terrestre, aérienne et maritime depuis la bande de Gaza.
Sous un déluge de plusieurs milliers de roquettes, plus de 2 500 hommes armés se sont introduits en territoire israélien et ont semé la désolation dans les villes du sud du pays, où ils ont tué plus de 1 400 personnes, pour l’essentiel des civils.
Quelque 200 000 Israéliens du sud et du nord du pays ont dû être déplacés, dans ce dernier cas en raison d’importants tirs de roquettes du groupe terroriste Hezbollah, basé au Liban.
Israël a riposté par des frappes intensives contre des cibles du Hamas, bien déterminé à éradiquer le groupe terroriste et à le chasser du pouvoir à Gaza, où il règne depuis 2007. Les civils de Gaza résidant dans le nord de l’enclave ont reçu l’ordre d’évacuer, et l’armée israélienne a massé des troupes en prévision d’une offensive terrestre.
Israël a réitéré ses appels à quitter le nord de Gaza, notamment en larguant des tracts depuis les airs. On estime que 700 000 d’entre eux ont déjà fui, mais des centaines de milliers restent sur place, encouragés en cela par le Hamas.