Des députés appellent à l’emprisonnement du prédicateur Raëd Saleh
Des députés de gauche et de droite saluent l’arrestation du chef de la Branche nord du Mouvement islamique, soupçonné d’incitation au terrorisme
Des politiciens de gauche comme de droite ont salué mardi l’arrestation du prédicateur qui dirige la Branche nord, interdite, du Mouvement islamique.
Raëd Saleh a été arrêté dans la nuit de lundi à mardi à son domicile, dans la ville israélienne d’Umm al-Fahm.
Gilad Erdan, ministre de la Sécurité intérieure, a déclaré sur Facebook que Saleh, qui a déjà été emprisonné pour incitation à la violence, posait un danger pour la population.
« Saleh s’exprime d’une manière qui encourage l’extrémisme et le meurtre. Il pose donc une menace pour la population, a dit Erdan. J’espère que cette fois, il sera présenté à la justice et envoyé en prison pour longtemps. »
Yoav Galant, ministre du Logement du parti Koulanou, a dit à la radio publique israélienne qu’il pense qu’il y a un lien entre Saleh et l’attentat du 14 juillet au mont du Temple, perpétré par trois hommes venus d’Umm al-Fahm.
« L’incident, quand des Arabes israéliens sont entrés sur le mont du Temple et ont assassiné des policiers, était sans précédent, a-t-il dit. Ce n’est pas une coïncidence qu’ils viennent d’Umm al-Fahm, où agit le cheikh Raëd Saleh. Nous devons travailler pour garantir qu’il soit emprisonné. »
Galant a ensuite fustigé les députés nationalistes palestiniens du parti Balad, qui appartient à la Liste arabe unie, les comparant à Saleh et appelant à leur exclusion de la Knesset.
« Il n’y a pas de réelle différence entre Saleh et Hanin Zoabi, Basel Ghattas ou Jamal Zahalka de la Liste arabe unie, a-t-il dit. Ils ne devaient pas avoir le droit d’avoir une plate-forme à la Knesset pour nuire à Israël. »
Avi Gabbay, le chef du Parti travailliste, a lui aussi soutenu l’arrestation, disant que Saleh semait la discorde entre Juifs et Arabes.
« Je soutiens les forces de sécurité dans l’arrestation de Raëd Saleh, un homme qui encourage la haine et souffle sur les braises, a-t-il dit. Il doit y avoir une lutte déterminée contre les extrémistes qui incitent [à la violence], pour éradiquer et déraciner la violence. La société arabe d’Israël est une partie inséparable de notre pays, et nous devons soutenir et améliorer notre vie partagée avec la communauté arabe en Israël, et panser les blessures qui sont survenues avec cette communauté ces dernières années. Nous, en tant que dirigeants, avons la responsabilité d’agir conformément [à cet objectif]. »
Tzipi Livni, qui dirige le parti Hatnua, a dit que Saleh tentait de nuire aux relations judéo-arabes.
« Raëd Saleh est un incitateur important et toxique, qui encourage le terrorisme et nuit au tissu relationnel entre Juifs et Arabes, en Israël et en général », a-t-elle dit.
Yehuda Glick, député du Likud, a dit que l’arrestation de Saleh était la bonne décision. « Cela aurait dû être fait depuis longtemps », a-t-il dit. Saleh est « un homme qui incite à la haine et au terrorisme. »
Les dirigeants arabes ne partageaient cependant pas ce sentiment.
Mohammad Barakeh, ancien député et directeur du Haut comité de suivi pour les citoyens arabes d’Israël, a fermement condamné l’arrestation.
« Le gouvernement incite [à la haine] contre la population arabe. J’exhorte le gouvernement à mettre fin à la détention administrative et aux persécutions », a-t-il dit.
Le Haut comité de suivi, une organisation qui regroupe les associations arabes, doit se réunir mardi à Nazareth pour discuter de l’arrestation.
L’épouse de Saleh, connue sous le nom d’Umm Omar, a dit que son mari n’était pas surpris de son arrestation. « Il y a eu une campagne d’incitation [à la haine] contre lui dans les médias, et une persécution politique du gouvernement », a-t-elle affirmé.
Saleh sera présenté mardi après-midi à la cour des magistrats de Rishon Lezion, où la police devrait demander l’extension de sa détention.
Il est sorti de prison en janvier après avoir purgé une peine de neuf mois pour incitation à la violence et au racisme.
Il avait été condamné pour un prêche incendiaire prononcé en 2007 à Jérusalem, dans lequel il avait rendu hommage au « martyre » pour la défense de la mosquée Al-Aqsa de la capitale, qui se situe sur le mont du Temple.
Saleh a mené plusieurs campagnes « Al-Aqsa est en danger », affirmant qu’Israël comptait changer le statu quo en vigueur sur le lieu saint. L’accusation, démentie par l’Etat juif, était au cœur des violences et des tensions qui ont entouré le site le mois dernier.
La Branche nord du Mouvement islamique a été rendue illégale en novembre 2015. Le gouvernement accuse le groupe de relations avec des groupes terroristes et d’incitation à la violence. « Toute personne qui appartient à cette organisation ou qui lui fournit des services ou qui agit dans son cadre commet désormais un crime puni par une peine de prison », avait indiqué le gouvernement dans un communiqué. La décision permet également la saisie des propriétés du groupe.
La Branche nord du Mouvement islamique rejette les accords de paix d’Oslo entre Israël et les Palestiniens, et boycotte les élections nationales, car elles donnent de la légitimité aux institutions de l’Etat juif.
La Branche nord finance également le groupe dit des Mourabitun, dont les manifestations contre la présence de visiteurs juifs au mont du Temple sont parfois devenues violentes. En septembre 2016, Israël a interdit au groupe d’entrer sur le complexe.