Des dizaines de personnes arrêtées à la manifestation anti-Netanyahu à Jérusalem
Tard jeudi et tôt ce vendredi, des dizaines de manifestants ont été arrêtés et la police a utilisé contre eux des canons à eau
Tard jeudi et tôt ce vendredi, des dizaines de manifestants ont été arrêtés et la police a utilisé contre eux des canons à eau. Ils demandaient la démission du Premier ministre Benjamin Netanyahu devant sa résidence à Jérusalem.
La manifestation a attiré des milliers d’Israéliens en colère notamment contre le gouvernement, qu’il juge corrompu, et sa gestion de la crise du coronavirus. Elle a eu lieu sur la place de Paris dans la capitale, jeudi soir. Il s’agit de la dernière manifestation en date afin de renforcer la pression sur Netanyahu et sa coalition.
La police a fait savoir que 55 manifestants avaient été arrêtés alors que les policiers tentaient de disperser la foule.
De son côté, la chaîne publique Kan a rapporté cinq arrestations, même si certaines personnes auraient été arrêtées pour avoir vendu sans autorisation de l’alcool aux manifestants.
Les policiers ont utilisé des canons à eau à haute pression sur les manifestants afin de les évacuer des rues après minuit. Certains manifestants qui se dispersaient pacifiquement ont été touchés par des canons à eau, et des activistes ont déclaré que la police ne leur avait laissé nulle part où aller.
« Nous quittions la manifestation tranquillement, sans violence… ils nous ont dit que nous ne pouvions pas nous disperser sur le trottoir, ni dans le parc. Nous avons pris la direction de la rue, mais pas assez vite pour eux apparemment. Ils ont commencé à tirer au canon à eau », a déclaré Dekel, un manifestant, au Times of Israël.
Certains manifestants se sont cachés derrière des arbres ou des voitures. D’autres, qui tentaient de quitter la place, ont été touchés par des canons à eau alors qu’ils se dirigeaient vers la place HeMekhes.

Des manifestants ont également pénétré dans le parc de l’Indépendance, avant que la police montée ne se rapproche pour les forcer à rester sur la route, où opéraient à proximité les canons à eau.
« Je vis ici, et ils ne m’ont pas laissée entrer chez moi », a déclaré Miel, 23 ans. On lui de demandé d’emprunter un autre chemin pour rentrer chez elle, et elle a été touchée par les canons à eau. Elle a déclaré au Times of Israël ne pas avoir souvenir d’une utilisation aussi forte des canons à eau.

« Malgré la manifestation légitime avec de nombreux participants, qui se sont dispersés d’eux-mêmes, des manifestants sont restés [sur place] et ont refusé de se disperser après que la police a annoncé à plusieurs reprises que la manifestation était terminée et qu’elle a demandé aux manifestants de partir d’eux-mêmes. La police a alors été contrainte d’agir pour les disperser et restaurer l’ordre public », a déclaré un porte-parole de la police dans un communiqué.

Des manifestants opposés à Netanyahu organisent des rassemblements réguliers devant sa résidence officielle de la rue Balfour à Jérusalem, appelant le Premier ministre à démissionner à cause de ses inculpations dans des affaires pour corruption. Des rassemblements contre les politiques économiques de Netanyahu pendant la crise du coronavirus ont également été tenus, surtout à Tel Aviv.
Quelques scènes de violence ont été rapportées lors des récentes manifestations. La police redoute davantage d’affrontements à venir. Les manifestants ont aussi accusé la police de faire un recours excessif à la force lors de ces évènements.
La police a estimé qu’il y avait 4 000 manifestants, selon le site d’information Ynet. Les manifestants brandissaient des pancartes avec des slogans comme « Nous n’arrêterons pas de lutter pour l’Etat », « Je n’ai pas d’autre terre » et « Marre de la corruption ».
Yotam, un étudiant de l’Université hébraïque de 27 ans, a expliqué qu’il participait à sa quatrième manifestation anti-gouvernement.
« J’ai le sentiment que ce gouvernement nous trompe. Ils nous racontent une histoire qui sert un homme au pouvoir », a déclaré Yotam.
Noga, originaire d’Haïfa qui vit maintenant à Jérusalem, a déclaré au Times of Israël que la chose la plus importante pour elle était que le pays soit unifié.
« Nous pouvons voir que le comportement du gouvernement actuellement divise le pays. C’est pourquoi il est important pour moi d’être ici », a déclaré Noga.
La manifestation a attiré une grande diversité de manifestants, des hippies distribuant des fleurs, à un électeur auto-proclamé du Likud qui s’oppose à Netanyahu, à des activistes appelant à la fin de la politique d’Israël en Cisjordanie. Une idée semblait pourtant unir chaque manifestant présent sur la place : l’actuel gouvernement ne doit pas rester au pouvoir.
« Je veux surtout que tout ce gouvernement s’en aille. Tous ? Oui, tous », a déclaré Nati, un résident de Tel Aviv de 40 ans.

Certaines manifestantes du rassemblement ont retiré leurs t-shirts et brandi des pancartes avec les mots « les seins se photographient mieux que… » suivis par différents mots écrits sur leur poitrines, notamment « occupation » et la « violence policière ». Une femme tenait une pancarte appelant à la « Justice pour Iyad », en référence à l’homme palestinien autiste tué par la police à Jérusalem à la fin mai.
גל המחאה | מפגינות חשופות חזה בהפגנה בכיכר פריז, נושאות שלטים נגד הכיבוש ואלימות משטרתית@Shira_HN pic.twitter.com/06s4bhiEiL
— כאן חדשות (@kann_news) July 23, 2020
L’action semblait être inspirée par une manifestante qui avait provoqué un tollé en retirant son t-shirt mardi alors qu’elle se trouvait sur la statue d’une menorah à proximité de la Knesset.

Une contre-manifestation de partisans de Netanyahu a aussi été organisée à proximité.
Selon la chaîne Kan, des échauffourées ont éclaté entre les deux camps.
La police avait accordé la permission aux manifestants de rester jusqu’à 23h, alors que le chef de la police Motti Cohen les avait appelés « à mener une manifestation sans violence ni troubles et à respecter les instructions de police ».
Les deux groupes étaient séparés par plusieurs centaines de mètres, avec un large cordon policier présent sur place pour les tenir à distance et protéger la résidence du Premier ministre de rue Balfour. Les rues autour des manifestations étaient interdites à la circulation.

Jeudi soir, lors d’une conférence de presse consacrée au coronavirus qui avait lieu en même temps que la manifestation, Netanyahu a dit aux manifestants : « N’entraînez pas l’État dans l’anarchie, la violence et la destruction de biens. N’attaquez pas la police ; elle fait son travail. »
Des manifestations anti-Netanyahu sont organisées depuis plusieurs années, pilotées par un noyau dur d’anciens manifestants. Néanmoins, ces dernières semaines, elles ont attiré un public plus jeune. La crise financière et l’explosion du chômage causée par l’épidémie de COVID-19 semblait avoir fourni une motivation aux jeunes pour rejoindre leurs aînés dans les rues.
Amir Haskel, un ancien général de l’Armée de l’Air israélienne devenu une figure importante des manifestations anti-Netanyahu, a déclaré à Ynet : « La manifestation d’aujourd’hui est une manifestation de jeunes gens. Nous en attendons beaucoup et nous espérons que la manifestation se termine sans violence. »

Les organisateurs ont déclaré dans un communiqué : « Des centaines de jeunes gens qui viennent manifester ne sont pas les victimes du coronavirus – ce sont les victimes de la corruption [gouvernementale] de Benjamin Netanyahu. »
Des manifestations contre Netanyahu, que les organisateurs ont surnommé le « Siège de Balfour », ont déjà eu lieu à proximité de sa résidence plusieurs soirs de la semaine dernière.
Les événements ont oscillé entre une atmosphère carnavalesque, avec des artistes de cirque et des cercles de méditation, et la violence. Mardi soir, un officier de police avait été filmé et photographié en train de mettre son genou sur le cou d’un manifestant.
La spirale de la crise du coronavirus en Israël, et les effets sur l’économie de la deuxième vague, ont renforcé les tensions dans le pays et entraîné une forte baisse du taux de popularité de Netanyahu.