Des élus US réclament des mesures pour lutter contre l’antisémitisme sur les campus
Un groupe bipartisan déclare que l'administration Biden a reporté la codification du décret exécutif de Trump de 2019 destiné à protéger les étudiants juifs
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Un groupe bipartisan de législateurs américains a appelé le Département de l’Éducation à prendre des mesures pour lutter contre l’antisémitisme sur les campus rappelant qu’elles ont été retardées depuis des années.
Trente-neuf membres du Congrès ont envoyé la lettre la semaine dernière au Bureau des droits civils du Département américain de l’Education. Le représentant de la Chambre, Ted Lieu, un démocrate californien, était à la tête du groupe.
La lettre indique que l’administration Biden a longtemps reporté les règles de codification destinées à protéger les étudiants juifs américains, qui comprend un décret signé par l’ancien président américain Donald Trump en 2019; les enquêtes sur les plaintes de nature antisémite ont également été retardées.
Le décret présidentiel de Trump de décembre 2019 obligerait le gouvernement américain à suspendre le financement des prépa et des universités s’ils ne parviennent pas à faire face à la discrimination à l’égard des étudiants juifs, en incluant les Juifs dans le titre VI du Civil Rights Act de 1964.
La loi interdit la discrimination fondée sur la race, la couleur ou l’origine dans les programmes qui reçoivent un financement fédéral. La lettre des législateurs du 4 février appelait le ministère de l’Éducation à publier une règle sur le décret exécutif, qui l’officialiserait en tant que règlement ayant force de loi. Le processus codifierait l’ordonnance, fournirait une base juridique plus solide pour les plaintes et lui donnerait plus de durabilité et de viabilité. Une fois adoptée, la règle serait moins susceptible d’être contestée à l’avenir et serait automatiquement transférée entre les administrations.
Codifier le décret exécutif signifierait également pour les administrateurs du collège, que l’administration Biden prend la question au sérieux.
« Sous le précédent gouvernement, les administrateurs universitaires avaient clairement le sentiment que le bureau fédéral des droits civiques comprenait l’antisémitisme sur les campus et s’en souciait », a déclaré Kenneth L. Marcus, directeur du Brandeis Center, un groupe de défense qui combat l’antisémitisme. « Je ne pense pas que les administrateurs universitaires aient nécessairement eu la même impression de la part de l’administration Biden. »
L’administration Biden a d’abord déclaré qu’elle publierait la réglementation en janvier 2022, puis l’a reportée à décembre 2022.
L’administration Trump l’avait déjà retardée à deux reprises en 2020.
« Après avoir atteint des niveaux historiques d’antisémitisme l’année passée, nous demandons à l’administration de redéfinir les priorités du processus d’élaboration des règles pour le titre VI du Civil Rights Act de 1964 et de s’assurer qu’il reste une priorité », indique la lettre.

La lettre du Congrès au ministère de l’Éducation indique également que le Bureau des droits civils a retardé les enquêtes sur les plaintes antisémites au nom du titre VI du Civil Rights Act de 1964 dans le système d’enseignement supérieur, certaines remontant à 2018. Il a demandé au bureau de clarifier le statut des anciennes plaintes, la raison pour laquelle elles ne sont pas résolues et un délai estimé pour leur résolution.
Les enquêtes ralenties « retardent la justice et permettent potentiellement à la discrimination de persister sur les campus à travers le pays », indique la lettre.
La lettre demandait également au bureau de fournir une assistance technique pour lutter contre l’antisémitisme sur les campus par le biais de son centre de non-discrimination, ou directement aux universités et aux étudiants.
Marcus a déclaré : « Ce n’est pas le moment de faire une pause sur les directives fédérales indispensables ».
« Les membres du Congrès ont raison de s’alarmer et d’exhorter l’administration Biden à accorder à cette question la même priorité qu’aux autres travaux. »
Le chef de l’Anti-Defamation League (ADL), Jonathan Greenblatt, a applaudi la lettre, la qualifiant d’ « effort bipartisan pour transformer le décret exécutif de 2019 sur l’antisémitisme en loi et garantir que le [Département américain de l’Education] s’engage véritablement à le combattre sur les campus universitaires ».
La lettre citait des statistiques du FBI montrant que les Juifs étaient le groupe religieux le plus ciblé dans les crimes de haine en 2020, et une enquête du groupe Alums for Campus Fairness qui a révélé qu’une majorité de participants estimaient que l’antisémitisme sur les campus était un problème grave et évitaient donc certains lieux et événements en raison de leur identité juive.
Les législateurs juifs Ted Deutch, Steve Cohen, Mike Levin, Debbie Wasserman Schultz et Josh Gottheimer ont également signé la lettre.
Le décret présidentiel de Trump de 2019 était déjà controversé lorsqu’il l’a signé, car le judaïsme y est effectivement considéré comme une race ou une nationalité, et pas seulement comme une religion.
Les antagonistes ont également déclaré que cela limiterait la liberté d’expression et supprimerait le droit d’expression concernant les critiques faites contre Israël. L’ordonnance approuve la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah (IHRA) selon laquelle certains exemples de critiques d’Israël équivalent à de l’antisémitisme.
Une enquête sur l’antisémitisme sur les campus publiée lundi denrier rapporte plus de 544 incidents signalés sur les campus en 2021.
Le département américain de l’Éducation a ouvert une enquête sur des allégations de harcèlement d’étudiants juifs au Brooklyn College de New York la semaine dernière, à la suite d’une plainte au titre VI du Civil Rights Act de 1964 déposée par le Brandeis Center.