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Des étudiants juifs de Columbia disent que l’escalade était « inévitable »

Selon un membre du groupe de travail sur l'antisémitisme de l'université, il s’agit d’une "petite minorité de professeurs et d'étudiants qui a pris l'université en otage"

Des manifestants étudiants anti-Israël assis devant le Hamilton Hall occupé de l'université Columbia, à New York, le 30 avril 2024. (Crédit : Emily Byrski/AFP)
Des manifestants étudiants anti-Israël assis devant le Hamilton Hall occupé de l'université Columbia, à New York, le 30 avril 2024. (Crédit : Emily Byrski/AFP)

Cet article a été publié juste avant que la police de New York ne soit appelée pour déloger les manifestants anti-Israël.

NEW YORK – Nick Baum, étudiant de première année à l’université de Columbia, s’est réveillé mardi matin dans sa chambre sur le campus avec la nouvelle que des manifestants anti-Israël avaient pris possession du Hamilton Hall et en avaient barricadé les portes à l’aide de tyroliennes et de planches de bois.

Le 30 avril, à l’aube, des dizaines d’étudiants portant des cagoules noires ont envahi le bâtiment de l’université.

L’occupation du bâtiment a commencé lundi en fin de journée, quelque 12 heures après l’ultimatum de 14 heures accordé par l’université aux étudiants du camp pour qu’ils quittent volontairement les lieux sans quoi ils s’exposeraient à des mesures disciplinaires. En début de soirée, l’université a commencé à suspendre des étudiants.

Mardi, l’université a indiqué qu’elle avait l’intention de durcir le ton à l’égard des étudiants protestataires : « Les étudiants qui occupent le bâtiment risquent l’expulsion », a déclaré le bureau de la communication et des affaires publiques de Columbia dans un communiqué, ajoutant que les manifestants avaient eu « la possibilité de partir pacifiquement », mais qu’ils avaient refusé et que la situation s’était envenimée.

Les étudiants de Columbia qui ont filmé l’occupation ont fourni au Times of Israel une vidéo dans laquelle on voit des enseignants et des personnes non affiliées à l’école aider les occupants. On y voit les manifestants transporter des barricades métalliques dans le bâtiment, fixer des planches de bois aux portes et entourer un employé de l’école, qu’ils ont laissé partir vers 12 h 40.

Le groupe d’étudiants qui occupe le bâtiment a publié une déclaration dans laquelle il affirme avoir « pris les choses en main » et qu’il ne quittera pas le Hamilton Hall tant que l’université ne se désinvestira pas d’Israël et ne coupera pas les liens avec l’université de Tel Aviv.

Le fait que le pavillon Hamilton jouxte des logements étudiants est également un sujet de préoccupation.

« Je m’étais engagé à rester sur le campus, mais après les événements de ce matin, je prends les choses au jour le jour », a expliqué Baum au Times of Israel.

Photo d’archive montrant quelques 300 étudiants de l’université Columbia se rassemblent autour du Hamilton Hall sur le campus de New York, le 24 avril 1968. (Crédit : Jacob Harris/AP)

Selon le professeur Gil Zussman, qui enseigne le génie électrique, la situation ne semble pas près de s’apaiser.

« Une petite minorité de professeurs et d’étudiants a pris en otage l’université et interfère avec les missions fondamentales que sont l’enseignement et la recherche », a affirmé Zussman, membre du groupe de travail sur l’antisémitisme de la faculté de Columbia. « Je suis particulièrement déçu par le petit groupe de professeurs de Columbia et de Barnard qui encouragent ou autorisent les étudiants à enfreindre les règles de l’université. »

Des professeurs de l’université de Columbia se rassemblent en solidarité avec le droit de leurs étudiants à manifester sans être arrêtés, sur le campus de l’université de Columbia à New York, le 22 avril 2024. (Crédit : Stefan Jeremiah/AP)

« De telles actions de la part des étudiants peuvent avoir des conséquences durables sur leur vie, contrairement aux professeurs qui ne seront pas affectés », a ajouté Zussman, qui a souligné que son point de vue n’exprimait pas celui du groupe de travail.

La plupart des étudiants de premier cycle suivent régulièrement des cours à Hamilton Hall et, bien que les cours aient été déplacés en ligne en raison du chaos causé par les manifestants anti-Israël, les étudiants espéraient passer leurs examens finaux dans le bâtiment universitaire du 5 au 10 mai. La cérémonie de remise des diplômes devrait y avoir lieu le 15 mai.

Ben Chang, porte-parole de l’université, a déclaré que l’institution avait demandé aux membres de la communauté universitaire d’éviter de se rendre sur le campus de Morningside et que l’accès au campus universitaire avait été limité aux étudiants résidant dans les bâtiments résidentiels sur place et aux employés qui fournissent des services essentiels aux bâtiments du campus, aux laboratoires et à la vie étudiante résidentielle.

Un manifestant brise les vitres de la porte d’entrée du Hamilton Hall de l’université de Columbia afin d’y fixer une chaîne pour empêcher les autorités d’entrer, à New York, le 30 avril 2024. (Crédit : Alex Kent/Getty Images/AFP)

Aucun accord ne serait assez bon

Amy Werman, professeure à l’école de travail social de Columbia, estime que l’administration de l’université est responsable de la crise actuelle.

« Aucune mesure disciplinaire n’a été appliquée. S’ils avaient puni ces étudiants de manière conséquente, peut-être que les manifestations auraient été contenues », a-t-elle déclaré.

« Je suis hors de moi. Je me demande comment cette affaire va se terminer », a indiqué Werman. « Il est clair que l’université ne va pas se désinvestir. On a proposé aux étudiants un bon accord, avec notamment la disposition de l’université à aider le corps enseignant à Gaza ».

Dans un communiqué du 29 avril, la présidente de Columbia, Minouche Shafik, a déclaré que l’université ne se désinvestirait pas d’Israël, mais qu’elle élaborerait un calendrier accéléré pour l’examen des nouvelles propositions des étudiants par le Advisory Committee for Socially Responsible Investing (Comité consultatif pour l’investissement socialement responsable), l’organe chargé des questions de désinvestissement.

Elle a également proposé de publier une procédure pour donner accès aux étudiants à une liste des investissements directs de Columbia. L’université a en outre proposé de former un comité de la faculté qui examinerait la question de la liberté académique, et qui investirait dans la santé et l’éducation à Gaza, notamment dans le développement de la petite enfance et le soutien aux universitaires déplacés.

Un membre de l’équipe d’entretien fait face à des manifestants anti-Israël qui tentent de se barricader à l’intérieur du Hamilton Hall de l’université Columbia, le 30 avril 2024, à New York. (Crédit : Alex Kent/Getty Images North America/Getty Images via AFP)

Tout était écrit dans Sidechat

Jacob Schmeltz, étudiant en dernière année à Columbia et vice-président de l’Union des étudiants juifs du campus, avait prévu de revenir sur le campus aujourd’hui pour « profiter des deux dernières semaines de ma vie universitaire avec mes amis, même si nous nous sommes sentis tellement rejetés et isolés ».

« C’est vraiment un choc. C’est insensé d’en être arrivé là », a-t-il déclaré.

Eliott Sadoff, qui est sur le point d’obtenir son diplôme en sciences politiques et qui habite à quelques rues de Hamilton Hall, n’est pas surpris par la situation.

« Tous ceux qui ont prêté attention aux commentaires de ces étudiants en ligne, sur le Sidechat anonyme, savaient que cela se produirait. La rhétorique qu’ils ont utilisée, les discours qu’ils ont prononcés. Ils l’avaient préconisé : ‘Occupons un bâtiment' », a ajouté Sadoff, qui prévoit maintenant de réviser ses examens finaux à la bibliothèque Butler.

Ces incidents surviennent alors que Columbia fait l’objet d’une action collective en justice devant un tribunal fédéral pour son incapacité à assurer la sécurité sur le campus.

Andrew Diamond, étudiant à l’École supérieure d’architecture, a déclaré que « depuis six mois, des masses d’étudiants appellent à « mondialiser l’Intifada ».

Diamond a déclaré au Times of Israel qu’il avait signalé ces appels aux services de sécurité publics à de nombreuses reprises, mais que « soit ils m’ont ignoré, soit ils m’ont donné une réponse générale et m’ont donné l’impression que je les dérangeais. Je sais que je ne suis pas le seul étudiant juif à avoir appelé la sécurité ».

« Je pense que tout cela aurait pu être évité », a affirmé Diamond.

Selon Michael Lippman, étudiant au Columbia-Jewish Theological Seminary, les événements de ce matin étaient inévitables.

« Je ne suis pas choqué. Ils ont manifestement un problème avec l’idolâtrie. Ils veulent ressembler aux manifestants des années 1960, mais ces derniers manifestaient contre la guerre et le problème était d’ordre national. Les manifestants actuels appellent à la guerre », a ajouté Lippman.

Des manifestants anti-Israël du campus de l’Université de Columbia déployant une banderole alors qu’ils se barricadent à l’intérieur du Hamilton Hall, qui porte le nom d’un enfant palestinien prétendument tué par Israël à Gaza dans le cadre de la guerre en cours contre le Hamas, à New York, le 30 avril 2024. (Crédit : Marco Postigo Storel/AP)

Lundi, en fin de journée, les manifestants ont déployé une banderole sur laquelle était écrit « Hind’s Hall », en référence à Hind Rajab, une fillette palestinienne de 6 ans tuée pendant la guerre. (Sa mort a été imputée à l’armée israélienne, qui affirme qu’elle n’opérait pas dans la région).

Mardi après-midi, des étudiants se trouvant à l’intérieur du hall ont utilisé des cordes pour recevoir des provisions, et notamment des cupcakes, fournis par des centaines de manifestants qui se tenaient à l’extérieur du hall, d’après le New York Times.

Les occupants du Hamilton Hall affirment qu’ils font « partie de la prochaine génération d’étudiants protestataires », en référence à l’occupation de six semaines du Hamilton Hall par le groupe Students for a Democratic Society (étudiants pour une société démocratique) et 400 autres personnes, qui avait débuté en avril 1968. Quand la police de New York est finalement intervenue dans le bâtiment, elle a procédé à l’arrestation de 700 étudiants et en a blessé une centaine.

À l’époque, une partie des étudiants avait utilisé les tunnels pour échapper à la police, mais depuis lors, ceux-ci ont été en grande partie scellés, a indiqué Baum, qui participe également au programme conjoint du Columbia-Jewish Theological Seminary et qui a déjà suivi des cours dans le Hamilton Hall.

« Je ne sais pas comment cela va se terminer, mais ce ne sera pas beau à voir et cela va probablement empirer la situation des étudiants juifs sur le plan sécuritaire », a souligné Baum.

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