Des figurines du VIe siècle découvertes dans des tombes chrétiennes en Israël
Il est possible que les mystérieux propriétaires de ces artefacts, une mère et son enfant peut-être, soient venus d’Égypte ou de la corne de l’Afrique pour s'installer dans le Neguev à l'époque byzantine

Deux figurines humaines énigmatiques vieilles de 1 500 ans, sculptées dans un bois d’ébène rarissime provenant d’Inde ou du Sri Lanka et sans doute fabriquées en Afrique, ont été découvertes dans le Neguev, a annoncé mercredi l’Autorité des antiquités d’Israël (IAA), à l’occasion de la publication d’un article sur la question dans la revue Atiqot.
Les artefacts ont été découverts à l’intérieur de deux tombes chrétiennes de la fin du VIe – début du VIIe siècle sur le site archéologique de Tel Malhata (dans la vallée d’Arad, dans le nord-est du Neguev). Selon le Dr Noé D. Michael de l’IAA et de l’Université de Cologne en Allemagne, l’un des auteurs de l’article, il s’agit là d’une découverte absolument sans précédent.
« Pour autant que nous le sachions, aucune figurine de ce type n’a jamais été identifiée en Israël, en Jordanie et plus largement dans la région », a-t-il déclaré par téléphone au Times of Israel.
Tel Malhata se trouve à un endroit stratégique, au carrefour de deux anciennes routes de la plus grande importance, l’une reliant Aila (près de la baie d’Aqaba, en Jordanie) à Jérusalem, et l’autre menant du port de Gaza à la mer Morte.
Les artefacts ont été découverts à l’intérieur de deux tombes situées côte à côte, l’une contenant les restes d’une femme âgée de 20 à 40 ans, et la seconde, ceux d’un enfant âgé de six à huit ans.
« La proximité des tombes et la similarité des présents funéraires nous font penser qu’il s’agit probablement d’une mère et de son enfant », explique Michael. « Malheureusement, nous n’avons pas pu extraire les restes d’ADN des os pour procéder à des tests. »

Au-delà des seules figurines en ébène, les archéologues ont également découvert trois figurines en os.
« Ces figurines en os sont rares, mais pas uniques », souligne Michael, en ajoutant que de nombreuses tombes de cette période, en particulier celles des femmes et des enfants, présentaient des cadeaux funéraires tels que des bijoux, de la verroterie, des pièces de monnaie et d’autres objets.
« C’est un phénomène bien connu des tombes de l’époque byzantine, attesté dans les cimetières également en dehors d’Israël », poursuit-il. « Les hommes n’étaient que rarement enterrés avec de tels cadeaux. »

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L’ébène est un bois sombre utilisé pour fabriquer des meubles et des articles de luxe depuis des millénaires.
« Des experts de l’Université de Tel Aviv ont pratiqué des tests sur le bois qui ont confirmé qu’il provenait d’Inde ou du Sri Lanka », ajoute Michael. « Un commerce d’ébène entre l’Asie et l’Égypte et la Corne de l’Afrique est attesté à partir du 4ème siècle de notre ère. »
Les chercheurs pensent que les figurines ont été sculptées en Afrique sur la base des traits du visage de modèles humains.
La première est une tête cassée d’environ 1,5 cm de haut et de moins d’1 cm de large, représentant une femme. L’autre représente la tête, la poitrine et le haut des bras d’un homme aux cheveux longs. Les deux ont un trou qui permettait à leur propriétaire de les porter en pendentifs.
« Les figurines présentent des traits du visage africains », souligne Michael. « Nous pensons qu’ils représentent des personnes, et non des dieux, ce qui nous fait penser qu’ils étaient les ancêtres des défunts. »

Aucun symbole chrétien n’a été découvert à l’intérieur des tombes, mais c’est la position des corps – allongés sur le dos, la tête dirigée vers l’ouest – qui a permis aux chercheurs de déterminer que les sépultures étaient chrétiennes.
Michael explique que la Corne de l’Afrique a été christianisée aux alentours du VIe siècle de notre ère, soit plus ou moins au moment où la femme et l’enfant sont morts.
« Pour une raison que nous ignorons, peut-être liée au commerce, ils se sont probablement déplacés vers le nord », poursuit-il.
Le cimetière de Tel Malhata a été utilisé entre le 3ème et le début du 8ème siècle de notre ère. Il présente plusieurs centaines de tombes, surtout chrétiennes mais aussi païennes de la fin de la période romaine et musulmanes du début de la période islamique (VIIe et VIIIe siècles de notre ère) – mais aucune tombe juive.
Selon Michael, l’affiliation religieuse peut être déterminée par les découvertes faites à l’intérieur de la tombe comme par la position des corps – à l’époque islamique, ils pointaient vers la Mecque.

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