Des frères aînés d’otages se tournent vers les médias internationaux pour sauver leurs petits frères
Les frères aînés d'Idan Shtivi, 28 ans, d'Evyatar David, 22 ans et des jumeaux Ziv et Gali Berman, 26 ans, demandent aux leaders du monde de se mobiliser pour la libération de leurs cadets
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Omri Shtivi a passé deux semaines à rassembler des images de séquences vidéo pour comprendre très exactement ce qui est arrivé à son jeune frère, Idan, 28 ans, quand il a été enlevé par des terroristes du Hamas alors qu’il tentait de s’échapper de la rave-party Supernova, le 7 octobre.
Ces séquences ont été obtenues à partir de la caméra embarquée qui se trouvait dans la voiture que conduisait Idan, qui était en compagnie de deux passagers qui quittaient eux aussi en hâte le festival, ainsi que d’autres images tournées par les caméras que portaient sur eux les terroristes du Hamas et les soldats de Tsahal.
« Idan souffre d’anxiété », dit Shtivi — l’un de ses trois frères – lors d’une conférence de presse internationale qui a été organisée, via Zoom, par le Forum des familles des otages et des portés-disparus, une organisation de la société civile qui a été formée dans les heures qui ont suivi l’assaut perpétré dans le sud d’Israël, le 7 octobre, par des terroristes du Hamas qui ont tué plus de 1 200 personnes, des civils en majorité, et qui ont kidnappé 240 personnes, les emmenant dans la bande de Gaza.
« Je ne peux pas imaginer ce qu’il est en train de traverser en ce moment », dit Omri Shtivi. « Tous ceux qui disent être des humanitaires, voire juste des êtres humains, doivent nous aider à rapatrier nos otages ».
Shtivi, étudiant de deuxième année en développement durable, devait retourner lundi dernier à l’université. Les étudiants ont laissé une chaise vide pour lui, raconte Omri Shtivi.
Après avoir pris la décision de se rendre à la rave party – il avait hésité – Idan Shtivi était arrivé au festival de musique électronique, qui durait toute la nuit, pour y filmer une session de yoga organisée par des amis, une heure tout juste avant que le groupe terroriste ne lance une pluie de roquettes en direction d’Israël et que ses hommes armés n’envahissent la fête, abattant froidement les participants.
364 personnes avaient perdu la vie lors du festival de musique Supernova – avec 17 soldats parmi eux – et 40 personnes avaient été enlevées. Environ 4 000 personnes se trouvaient là-bas.
Alors qu’il avait été l’un des premiers à quitter la rave, il était parvenu à esquiver les balles du Hamas dans un premier temps – mais il avait finalement été blessé par l’une d’entre elles, comme le montrent les images filmées par la caméra embarquée de sa voiture qui ont été analysées par son frère, Omri. Après que son véhicule s’est encastré dans un arbre, lui et les deux passagers avaient essayé de prendre la fuite. Une vidéo du Hamas, qui a été retrouvée ultérieurement par l’armée, montre un terroriste ouvrir le feu à de multiples reprises sur ses deux amis.
Un peu plus tard, l’armée a localisé un signal téléphonique qui a confirmé qu’Idan se trouvait dans la bande de Gaza.
Ziv et Gali Berman, 26 ans, deux frères jumeaux, sont également détenus à Gaza après avoir été kidnappés par les terroristes qui avaient pris d’assaut le kibboutz Kfar Aza, le 7 octobre.
Liran, son frère aîné, a déclaré lors de la conférence organisée sur Zoom que la famille – de manière absurde – avait été heureuse quand, le 17 octobre, elle avait appris qu’ils avaient été enlevés. « Nous pensions que nous allions enterrer mes deux petits frères », raconte-t-il.
« Depuis, nous n’avons plus aucune nouvelle. Nous ne savons pas s’ils sont encore ensemble, s’ils sont blessés ou si ce que je suis en train de faire ne sert à rien parce qu’ils ont déjà été tués », note-t-il.
Les jumeaux faisaient tout ensemble, explique Berman. Ils étaient techniciens chargés des lumières au sein d’une entreprise de son et lumière ; ils voyageaient ensemble dans le monde ; ils soutenaient la même équipe de football et ils assistaient ensemble à des matchs. « Ils illuminaient une pièce quand ils y entraient », ajoute-t-il.
Berman a été au Congrès américain et au Parlement européen « pour parler à tous ceux qui acceptent de m’entendre. »
« J’ai deux enfants encore très jeunes mais en ce moment, je ne suis plus un père, je ne suis plus un époux », déclare-t-il.
Peu après être rentré d’Europe, il a appris la triste nouvelle de la mort d’Alon Shamriz, un ami proche des jumeaux, tué accidentellement avec deux autres otages par l’armée israélienne à Gaza, vendredi. Deux des défunts étaient originaires de Kfar Aza.
Shamriz et les jumeaux avaient grandi ensemble ; ils avaient fait un voyage de cinq mois à travers toute l’Amérique du sud et ils ont été kidnappés dans le même quartier du kibboutz où vivaient les jeunes résidents.
« Je n’ai pas les mots », dit Birman. « Shamriz était sur le point de rentrer chez lui, de retrouver sa famille ».
Ilay David explique qu’Evyatar, 22 ans, son jeune frère sensible, qui aimait jouer de la guitare, était censé partir avec des amis en Thaïlande.
La famille, qui est originaire de Kfar Saba, au centre d’Israël, a vu une vidéo postée par le Hamas sur la chaîne Telegram où Evyatar « est traîné dans la bande de Gaza par des terroristes qui lui ont fait une clé de bras, avec une arme dans l’autre main. Le tee-shirt de mon frère était déchiré mais il marchait, ce qui nous a réconforté dans l’idée de savoir qu’il était en vie ».
Une autre séquence tournée par le Hamas montre Evyatar en compagnie de quatre autres jeunes hommes kidnappés lors de la rave-party. « Ils sont tous ligotés, couchés ou assis sur le sol ; l’un d’entre eux a été battu, et le caméraman filme leurs visages, l’un après l’autre », précise Ilay David. « Ils ont voulu qu’on puisse identifier la peur dans leurs yeux, qu’on voit combien ils sont troublés, terrifiés, qu’on voit aussi combien eux-mêmes sont fiers de ce qu’ils ont fait. Cela a été tellement douloureux, tellement rageant de voir mon frère dans cette situation parce que les grands frères sont là pour protéger les plus jeunes et que nous ne l’avons pas fait ».
« Nous ne savons rien de leur santé », continue-t-il. « La seule chose que nous espérons, c’est qu’il est retenu en captivité avec son meilleur ami, qu’il connaît depuis la maternelle. Nous les avons reconnus tous les deux sur l’une des vidéos. C’est notre seul réconfort, à part de l’avoir vu encore en vie. »
Il dit que « nous ne sommes pas des politiciens ; nous ne dirigeons pas de pays ; nous ne menons pas de guerre : nous voulons seulement le retour de nos frères ».