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Des grand-mères allemandes en résistance contre l’extrême-droite

Bien avant que le parti d'extrême-droite allemand AfD ne se hisse en deuxième position dans les urnes, « Omas gegen Rechts » se mobilisait pour dénoncer « la vieille clique nazie et fasciste »

Sur une pancarte, on peut lire « Bjoern Hoecke est un nazi » alors que des membres de l'initiative citoyenne allemande « Omas gegen rechts » manifestent contre le 14e congrès fédéral du parti d'extrême-droite allemand Alternative für Deutschland (AfD) lors de la foire commerciale de Magdebourg, dans l'est de l'Allemagne, le 28 juillet 2023. (Photo de Ronny HARTMANN / AFP)
Sur une pancarte, on peut lire « Bjoern Hoecke est un nazi » alors que des membres de l'initiative citoyenne allemande « Omas gegen rechts » manifestent contre le 14e congrès fédéral du parti d'extrême-droite allemand Alternative für Deutschland (AfD) lors de la foire commerciale de Magdebourg, dans l'est de l'Allemagne, le 28 juillet 2023. (Photo de Ronny HARTMANN / AFP)

Leurs cheveux blancs comptent moins que leur détermination sans faille : le mouvement des « mamies contre l’extrême-droite » fait entendre une voix singulière face à la montée des discours nationalistes et anti-migrants en Allemagne.

Leur mission : protéger la démocratie pour les générations futures. Leur emblème : un bonnet en grosse maille souvent tricoté main.

On les distingue ainsi nettement dans les manifestations qui ont rassemblé ces dernières semaines des centaines de milliers de personnes, inquiètes du score record que pourrait atteindre le parti d’extrême-droite AfD (Aternative pour l’Allemagne) aux élections du 23 février.

Crédité à l’époque de 21% dans les sondages, le pays savait que l’AfD pouvait décrocher la seconde place aux législatives, derrière les conservateur CDU/CSU, même si ses chances d’arriver au pouvoir sont nulles faute d’alliés.

Et effectivement, le parti d’extrême-droite est arrivé dimanche en deuxième position dans les urnes en atteignant son niveau historique à 19,5 à 20%, soit le double d’il y a quatre ans. Il se place derrière la CDU/CSU, qui a obtenu 29 % des voix.

Mais les « Omas gegen Rechts » n’ont pas attendu les résultats des législatives pour se mobiliser, appliquant ce slogan à la lettre depuis maintenant sept ans : « Ce n’est pas parce qu’on est vieux qu’on doit rester silencieux ».

Alice Weidel, co-dirigeante du parti d’extrême-droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), s’exprimant lors d’une conférence de presse alors qu’elle a été officiellement désignée comme candidate de l’AfD à la chancellerie lors d’une élection anticipée prévue en février 2025, à Berlin, le 7 décembre 2024.(Crédit : Tobias Schwarz/AFP)

Sexagénaires, septuagénaires voire nonagénaires, ces activistes qui ont grandi dans les décennies d’après-guerre travaillées par la mémoire de la Shoah se sentent investies d’un devoir.

« Trop naïfs »

« J’ai eu la chance de vivre en paix et en démocratie pendant 58 ans » et « c’est ce que je veux préserver pour mes trois petits-enfants x, dit Gabi Heller, qui anime une groupe « d’Omas » à Nuremberg, grande ville de Bavière.

« C’est une solution facile d’accuser les flux migratoires de tous les maux, mais c’est tout simplement un non-sens total », ajoute-elle, un drapeau de l’organisation sur l’épaule.

Eva-Maria Singer a rejoint le mouvement voici trois ans. « Nous avons été trop naïfs », constate cette femme de 73 ans rencontrée dans une manifestation à Nuremberg.

« Nous pensions, dans ma génération qu’on appelle les soixante-huitards, descendue dans la rue contre la vieille clique nazie et fasciste, l’avoir éradiquée. Mais ce n’est pas vrai, elle repousse. »

Le mouvement des « Omas » a vu le jour en Allemagne en 2018, sur le modèle d’initiatives similaires en Autriche.

Un an plus tôt, l’AfD, fondée en 2013, venait de faire son entrée au parlement allemand, une césure dans la vie politique du pays.

Au fil des années, le mouvement a grandi et s’est structuré jusqu’à compter une centaine de sections locales dans toute l’Allemagne.

Inspiration

« L’année dernière, nous avons organisé ou participé à plus de 80 manifestations », dont de nombreuses mobilisations contre l’antisémitisme, souligne Maja, une activiste de 72 ans interrogée à Berlin.

Son engagement a des racines très personnelles : « ma grand-mère a dû quitter l’Allemagne avec mon père » parce qu’elle était juive, raconte-t-elle.

Anna Ohnweiler, fondatrice de la section allemande de l’initiative citoyenne « Omas gegen rechts », pose à Berlin le 2 juillet 2022. Fondée à Vienne en 2017, en protestation contre les positions politiques d’extrême droite, une initiative allemande a vu le jour en 2018. Ses membres sont pour la plupart des femmes à la retraite ou proches de l’âge légal de la retraite, préoccupées par les évolutions de la politique et de la vie sociale qu’elles jugent préjudiciables à l’avenir de leurs petits-enfants. (Photo John MACDOUGALL / AFP).

Certains de ses petits-enfants ont des origines « du Moyen-Orient […] et je ne veux pas qu’ils aient à quitter l’Allemagne – c’est pourquoi j’ai rejoint les Omas », confie-t-elle.

Un premier congrès des « Omas gegen Rechts » s’est même tenu cet été, en Thuringe, dans le centre de l’Allemagne, un territoire de l’ex-RDA où l’AfD est arrivée en tête des dernières élections régionales et compte de nombreux militants.

« Nous avons été choquées par la façon dont nous avons été traitées x, raconte Gabi Heller. À Nuremberg, « ce n’est pas encore comme ça, je peux marcher dans la rue avec la pancarte des ‘Omas’ sans avoir peur », dit-elle.

Pour Nicole Büttner, une « jeune » de 46 ans qui a manifesté à leurs côtés à Berlin début février, l’engagement de ces vétéranes est une inspiration : « Ce sont des personnes âgées, dont certaines ont probablement vécu la période de la guerre ».

« Elles s’engagent contre le racisme, contre la discrimination, contre la misanthropie. C’est très important et très encourageant », assure-t-elle.

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