Des groupes juifs américains critiquent le projet de loi sur la conversion
Pour les dirigeants du judaïsme réformé, cette proposition favorise "le monopole de l'orthodoxie" en Israël

Des groupes juifs américains ont critiqué un projet de loi à la Knesset qui vise à ne reconnaître que les conversions effectuées sous l’égide du grand-rabbinat, géré par les ultra-orthodoxes.
Le rabbin Rick Jacobs, président de l’Union pour le Judaïsme réformé, a appelé le gouvernement israélien a rejeter ce projet de loi, qu’il décrit comme « une mesure qui érode davantage les droits des juifs non-orthodoxes en Israël et qui crée un monopole de la religion confié au rabbinat du gouvernement. »
« C’est une insulte franche au judaïsme du monde, et ce projet menace l’unité du peuple juif », a-t-il déclaré dans un communiqué.
La mesure, qui a été soumise au début du mois par le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri, chef du parti ultra-orthodoxe Shas, semble chercher à entraver la décision de la Cour suprême de mars 2016 qui permet aux personnes qui ont effectué une conversion orthodoxe privée en Israël d’être éligible à la Loi du Retour. Les partis ultra-orthodoxes avaient promis qu’ils présenteraient un projet de loi qui neutraliserait cette décision.

Après la décision de 2016, les mouvements réformés et conservateurs en Israël ont demandé à la Cour la même reconnaissance de leurs conversions privées. La déclaration de Jacob a été diffusée le jour de l’audience qui a conduit à cette décision.
Seuls ceux qui ont été convertis par les mouvements réformés et conservateurs à l’étranger sont considérés juifs et donc éligibles à l’immigration en Israël. Le projet de loi annulerait également les conversions de l’organisation orthodoxe privée Giyur Ka’halcha créée il y a deux ans pour aider les juifs de l’Union soviétique à immigrer en Israël. Ils se définissaient comme juifs mais ne pouvaient pas se marier via le rabbinat.
Jacob a ajouté que « le projet de loi de Deri a le mérite d’être honnête. Il estime que seules les autorités orthodoxes religieuses devraient être reconnues par l’État d’Israël, donc ce projet établit clairement que les juifs non-orthodoxes en Israël sont considérés comme des citoyens de seconde zone, et que les juifs non-orthodoxes du monde entier ne seront réellement les bienvenus en Israël que s’ils ne se soumettent au monopole de l’orthodoxie. »

La Coalition pour l’Égalité juive religieuse (J-REC) a également diffusé un communiqué condamnant le projet de loi.
« L’adoption de ce projet discriminatoire constituerait un pas en arrière dans l’égalité juive religieuse dans l’État juif », a déclaré Dov Zakheim, président de J-REC dans un communiqué.
« Israël a besoin de mesures supplémentaires pour assurer que toutes les expressions du judaïsme, et pas seulement celles que le grand-rabbinat juge acceptables, soient traitées avec dignité et respect, et que le chemin vers la citoyenneté israélienne soit ouvert à ceux qui se convertissent autrement que par le grand-rabbinat. »
J-REC, créé il y a trois ans par l’American Jewish Committee, est une coalition représentative des juifs américains, israéliens et des organisations juives qui œuvrent en faveur d’une égalité religieuse en Israël.