Des lycéens débutent une marche de protestation de 90km entre Gaza et la Knesset
"Nous sommes passés d'une guerre à l'autre pendant toute notre vie", a déclaré l'un des organisateurs âgés de 17 ans. "Les responsables israéliens peuvent changer ça"
Les lycéens originaires des villages et des villes situés à proximité de la frontière avec Gaza ont commencé une marche de protestation dimanche en direction de Jérusalem pour attirer l’attention sur la situation critique de la région, assiégée par les tirs de roquettes.
Plus de 100 élèves de seconde, de première et de terminale du lycée Shaar Hanegev prennent part à cette marche, qui a commencé sur le campus du Sapir College à Sdérot et qui devrait durer cinq jours. Ils vont parcourir une distance de 90 kilomètres – avec une partie de l’itinéraire qui s’annonce difficile – pour rejoindre la capitale d’Israël.
Les marcheurs devraient arriver au Kibboutz Ruhama, à environ 15 kilomètres au nord-est de Sdérot, dimanche dans la soirée. Ils prévoient d’achever leur périple à la Knesset de Jérusalem jeudi.
« Nous sommes des jeunes de la région frontalière avec Gaza qui avons décidé de passer à l’action », a commenté auprès du journal Haaretz l’un des organisateurs de la marche, Alon Levy, âgé de 17 ans. « Nous voulons faire entendre nos voix parce que nous voulons que les choses changent. Nous voulons que nos petits frères et que nos petites soeurs puissent enfin dormir tranquillement la nuit ».
Les marcheurs portent des maillots sur lesquels est écrit : « Laissez-nous grandir en paix ».
Le ministère de l’Education n’approuve pas la marche officiellement – elle s’effectue au détriment des études – mais un enseignant a déclaré au site Ynet que « ce mouvement de protestation est une initiative prise par les lycéens, c’est quelque chose qu’ils ont lancé. On ne peut pas les arrêter ».
« Nous sommes passés d’une guerre à l’autre durant toute notre vie. Les responsables israéliens peuvent changer ça et c’est pour ça que nous nous rendons à la Knesset, pour sensibiliser à ce que nous vivons ici, pour raconter notre histoire à nous, les jeunes, qui sommes obligés de nous adapter à cette situation sécuritaire difficile », a dit Nevo Dan, 17 ans, au site Ynet.
Cette marche entre dans le cadre d’une série de protestations lancées par les habitants de la région contre ce qu’ils qualifient « d’inaction gouvernementale » en réponse aux tirs de roquettes depuis Gaza.
Une manifestation organisée dimanche par les enfants des écoles, au sein du conseil régional d’Eshkol, a été marquée par la présence de pancartes dénonçant le sentiment d’insécurité éprouvé par de nombreux habitants. Sur l’une d’entre elles était écrit : « Bibi [Netanyahu], réveille-toi ! Le sud est en flammes ».
Un groupe d’habitants a également brièvement bloqué les camions se rendant au poste-frontière de Kerem Shalom, qui mène à Gaza.
Les épisodes sporadiques de tirs de roquette depuis l’enclave côtière ont commencé il y a 17 ans, au cours des premières années de la Seconde Intifada. Les lycéens marchant vers Jérusalem cette semaine n’ont donc connu aucune autre réalité.
Les jeunes ont passé leur week-end à définir leur itinéraire et à rassembler le matériel nécessaire. Des bénévoles et leurs parents les retrouveront le long de leur parcours pour assurer les approvisionnements.
Ce mouvement de protestation est organisé alors que les responsables palestiniens, israéliens et égyptiens ont fait savoir, ces derniers jours, qu’Israël et le Hamas sont sur le point de trouver un accord sur un cessez-le-feu portant sur trois ans qui impliquerait la fin des tirs de roquettes, du lancement de ballons incendiaires et des manifestations frontalières violentes du côté gazaoui en échange d’une levée partielle du blocus israélo-égyptien du territoire.