Des manifestants bloquent Ayalon et exigent un accord : « C’est soit Rafah, soit les otages »
Alors que Netanyahu affirme que Tsahal opèrera dans le sud de Gaza avec ou sans accord avec le Hamas, des manifestants placent des photos géantes des captives devant la résidence du Premier ministre à Jérusalem
Jeudi matin, des manifestants ont bloqué Ayalon, l’autoroute de Tel-Aviv, dans les deux sens pendant une vingtaine de minutes, afin de réclamer un accord immédiat pour la libération des 133 otages détenus par le Hamas à Gaza depuis le 7 octobre.
Brandissant une grande banderole sur laquelle on pouvait lire « C’est soit Rafah, soit les otages – choisissez la vie », les manifestants se sont placés au milieu de l’artère très fréquentée afin d’empêcher les automobilistes de passer.
Les médias israéliens ont indiqué que plusieurs membres de la famille des otages étaient à la tête de la manifestation, notamment Yehuda Cohen, le père de Nimrod Cohen, 19 ans, Yifat Calderon, la cousine d’Ofer Calderon, 53 ans, et Shay Mozes, le neveu de Gadi Mozes, 79 ans.
Une femme qui jetait des œufs sur les manifestants a été arrêtée, selon la presse israélienne.
Des membres d’un groupe de protestation dirigé par des femmes étaient également présents. Ils ont exhorté Israël à ne pas lancer son offensive à Rafah, au motif que cela mettrait en danger la vie des otages, dont beaucoup seraient détenus dans la ville la plus méridionale de la bande de Gaza.
« Entrer dans Rafah revient à renoncer à la vie des otages », a déclaré le groupe dans un communiqué de presse. « Après s’être vus promettre pendant six mois que seule une action militaire pourrait ramener les otages, nous comprenons tous que le seul moyen de sauver ceux qui peuvent encore l’être est de conclure un accord. »
מפגינות ממחאת הנשים וכמה בני משפחות חטופים חוסמות את איילון לשני הכיוונים באזור לה גוורדיה, תחת הכותרת ״זה או רפיח או החטופים, בוחרות בחיים״ pic.twitter.com/v3rzqjvf2E
— Bar Peleg (@bar_peleg) May 2, 2024
On estime que 129 des 253 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, mais certains ne sont plus en vie. 105 civils ont été libérés au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre, et quatre otages ont été remis en liberté avant la trêve. Trois otages, dont une soldate, ont été secourus vivants par l’armée israélienne, et les corps de 12 otages ont également été récupérés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée lors d’un incident tragique en décembre.
L’armée israélienne a confirmé la mort de 34 des personnes toujours détenues par le Hamas et ses complices, tuées le 7 octobre ou en captivité, sur la base de nouvelles informations et des découvertes obtenues par les troupes opérant à Gaza.
« Ne cédez pas à la pression des extrémistes qui utilisent les otages comme une excuse pour continuer à faire la guerre », a ajouté le groupe à l’adresse du Premier ministre Benjamin Netanyahu à la suite des mises en garde de membres les plus radicaux du gouvernement, dont le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui s’opposent à ce qu’un accord sur les otages repose sur des concessions spectaculaires de la part d’Israël.
« Ceux qui ont été abandonnés doivent être rapatriés. Il faut conclure un accord maintenant », ont ajouté les manifestants.
Les otages ont été enlevés lors du massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas, au cours duquel quelque 3 000 terroristes ont fait irruption en Israël par voie terrestre, aérienne et maritime, tué quelque 1 200 personnes et enlevé 253 autres, pour la plupart des civils, en commettant des actes d’une brutalité inouïe et des agressions sexuelles.
Selon un responsable israélien, Netanyahu a déclaré mercredi au secrétaire d’État américain en visite, Antony Blinken, que les forces israéliennes lanceraient une invasion massive de Rafah pour démanteler les quatre bataillons restants du Hamas, que la négociation sur les otages aboutisse ou non.
Au cours de leur entretien, Blinken a réitéré l’opposition de Washington à une invasion terrestre de grande envergure par l’armée israélienne dans la ville du sud de Gaza, où plus d’un million de Palestiniens déplacés ont trouvé refuge dans le cadre de la guerre en cours, « en l’absence d’un plan efficace visant à garantir que les civils ne soient pas blessés », ce qu’Israël n’a pas encore fourni, selon lui.
Ces propos ont été tenus alors que le Hamas semblait sur le point de rejeter la dernière proposition d’accord sur les otages élaborée par les médiateurs et approuvée par Israël, qui prévoit la libération de 33 otages de sexe féminin, âgés ou malades dans un premier temps.
Pendant ce temps, à Jérusalem, des manifestants ont placé de grandes photos de femmes otages devant la résidence de Netanyahu dans la capitale, à côté d’une pancarte sur laquelle on pouvait lire : « Regardez-les dans les yeux. Tous les yeux sont braqués sur vous. Traitez maintenant ! »
Le groupe de manifestants, dirigé par des femmes, a ajouté dans un communiqué : « Une très mauvaise matinée pour vous, Premier ministre d’Israël, une matinée où nos sœurs et nos frères qui ont été kidnappés sous votre surveillance sont dans les tunnels de la bande de Gaza depuis 209 jours. Regardez-les dans les yeux lorsque vous vous levez le matin, dans votre maison, alors qu’ils ont enduré une nouvelle nuit de terreur à Gaza. Nous sommes ici pour vous rappeler ce matin que leurs yeux et les nôtres sont braqués sur vous, et sur l’ensemble du cabinet. Concluez un accord – maintenant ! »
Le Hamas détient par ailleurs les corps des soldats de Tsahal Oron Shaul et Hadar Goldin depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui sont tous deux censés être en vie après être entrés dans la bande de Gaza de leur propre chef en 2014 et 2015 respectivement.
Jacob Magid a contribué à cet article.