Des nominations dans les ministères qui ne font pas toutes l’unanimité
Miri Regev veut Moshe Ben Zaken, tandis que Yariv Levin a réussi à nommer directeur-général du ministère de la Justice, Itamar Donenfeld, sans aucune expérience juridique
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.
Dans un coup dur pour la ministre des Transports Miri Regev, le cabinet a décidé dimanche de reporter le vote sur la nomination controversée à la tête du ministère d’un ancien assistant et agent politique – qui a été jugé inapte par des conseillers juridiques et un panel de fonctionnaires.
Regev aurait déclaré aux ministres réunis que « l’ère des bureaucrates était révolue », mais il a tout de même été décidé de reporter d’une semaine le vote sur la nomination de Moshe Ben Zaken.
Regev a apparemment reçu le soutien du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui aurait déclaré lors de la réunion du cabinet qu’une nomination politique « est appropriée et parfois même nécessaire ».
Peu avant la réunion, la Procureure générale Gali Baharav-Miara a soutenu la décision d’une commission de la fonction publique, selon laquelle la personne choisie par Regev n’était pas qualifiée pour être le directeur-général de son ministère.
Selon plusieurs médias israéliens, Baharav-Miara a annoncé son opposition à la nomination de Ben Zaken dans une lettre adressée aux ministres du cabinet. Elle aurait écrit qu’elle pensait qu’il y avait un obstacle juridique à l’approbation de cette nomination et qu’elle pourrait nuire au fonctionnement du ministère des Transports.
Yaël Cohen, conseillère juridique du ministère des Transports, a émis un avis similaire dimanche, affirmant qu’il y avait un obstacle juridique à la nomination.
Mercredi, la commission consultative sur les nominations de hauts fonctionnaires a cité le passé d’agent politique de Ben Zaken pour justifier de le juger inapte au poste. Bien que les recommandations de la commission ne soient pas contraignantes, le gouvernement va rarement à leur encontre.
Regev a été entendue dans le couloir de la Knesset en train de dire dans son téléphone « il n’est pas possible que des hauts fonctionnaires disent à un ministre qui il peut nommer comme directeur », a rapporté le site religieux d’informations Kipa peu après la recommandation de la commission contre Ben Zaken.
Cet affrontement est le dernier d’une série de confrontations entre le nouveau gouvernement de Netanyahu et le pouvoir judiciaire.
La semaine dernière, le ministre de la Justice, Yariv Levin, a annoncé un plan de réforme en quatre points qui réduirait l’indépendance de la justice et établirait la suprématie du Parlement, ce qui a fait monter en flèche les tensions entre les deux branches du pouvoir.
Baharav-Miara avait précédemment attaqué le plan de réforme du gouvernement, le considérant comme un danger pour la démocratie israélienne. Plusieurs membres du Likud connus pour leur loyauté envers Netanyahu ont menacé – avant même d’être élus au pouvoir – de renvoyer la Procureure générale pour des décisions controversées prises au cours des derniers mois.
Bien que le vote sur Ben Zaken ait été retardé, le cabinet a approuvé dimanche un certain nombre de nominations clés.
Tzachi Hanegbi, allié politique de longue date de Netanyahu et expert du programme nucléaire iranien, a été approuvé en tant que conseiller à la Sécurité nationale et chef du Conseil de sécurité nationale.
Itamar Donenfeld, ancien conseiller de Levin, a été confirmé au poste de directeur-général du ministère de la Justice, bien qu’il n’ait aucune formation ni qualification juridique et malgré les réticences signalées des responsables du ministère.
Me Fuchs, qui s’est présenté aux élections législatives du 1er novembre sur la liste du Likud mais qui n’a pas réussi à entrer à la Knesset, a été confirmé au poste de secrétaire de cabinet.
Le fervent fidèle de Netanyahu, Yossi Shelley, a été officiellement nommé directeur-général du bureau du Premier ministre.
Moshe Bar Siman Tov, qui a occupé le poste de directeur-général du ministère de la Santé pendant un mandat de cinq ans dont les premiers mois de la pandémie de coronavirus, reprendra ce rôle.
Sa nomination intervient après que le ministre de la Santé, Aryeh Deri, a demandé une augmentation de salaire significative pour ce poste, le salaire mensuel passant de 40 000 shekels à 90 000 shekels. Cette mesure visait apparemment à aligner le salaire de Bar Siman Tov sur celui de ses prédécesseurs, bien que ceux-ci soient des médecins expérimentés et aient donc droit à un salaire plus élevé. Le ministère des Finances s’est opposé à cette demande.
Par ailleurs, Ronen Peretz a été nommé directeur-général du ministère de l’Intérieur.
Les ministères de la Santé et de l’Intérieur sont tous deux dirigés par le leader du Shas, Deri. La nomination du chef du parti ultra-orthodoxe est contestée devant la Haute Cour en raison de sa condamnation l’année dernière pour des délits fiscaux, pour laquelle il avait écopé d’une peine de prison avec sursis.
Outre les nominations, la commission des Lois s’est réunie dimanche. Le panel gouvernemental a fait avancer le projet de métro de Tel Aviv, qui était dans l’impasse, en approuvant l’avancement de la législation retenue par la précédente Knesset.
Poussée par Regev et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, la loi dite « du métro » créera le mécanisme de financement et de surveillance nécessaire pour se lancer dans le projet d’infrastructure le plus ambitieux d’Israël à ce jour. Il y a tout juste une semaine, Regev a déclaré qu’elle s’opposerait au projet de métro basé dans le centre d’Israël, à moins qu’il ne soit relié aux communautés du nord et du sud du pays.
Bien que le projet de loi ait bénéficié d’un large soutien et ait été adopté en première lecture par la Knesset précédente, il a été victime de manœuvres politiques à la suite de la décision du dernier gouvernement de dissoudre la Knesset et de convoquer des élections législatives anticipées. Le Likud et le parti de Smotrich, HaTzionout HaDatit, ont rejoint tous les partis de la coalition actuelle pour faire obstacle à l’adoption finale du projet de loi.