Des ONG écologiques israéliennes boycotteront la COP28 à Dubaï
Zalul et Adam Teva V’Din invoquent les échecs du gouvernement ; l'organisation Green Course mènera la marche annuelle d'Israël pour le climat le jour de l'ouverture du sommet
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Certaines des plus grandes organisations environnementales israéliennes prévoient de se joindre à leurs homologues internationaux pour boycotter la conférence annuelle des Nations unies sur le climat qui se tiendra à Dubaï à la fin de l’année.
Leur objectif est de protester contre le manque de progrès du gouvernement israélien en matière de réduction des émissions, ainsi que contre le fait qu’un pays producteur de pétrole – les Émirats arabes unis – ait été choisi pour accueillir la COP28 et que le chef d’un énorme groupe pétrolier national ait été nommé à la tête de l’édition de cette année.
Amit Bracha, directeur général de l’organisation de défense de l’environnement Adam Teva V’Din, a déclaré que la nomination du sultan Al-Jaber, chef de l’industrie pétrolière d’Abou Dhabi, en tant que président du sommet, était « une moquerie, un crachat au visage de l’humanité tout entière ».
Ce boycott vise également à protester contre le « manque d’action » de l’État israélien en matière de politique climatique. Le gouvernement s’est traîné de COP en COP sans aucune loi ambitieuse sur le climat, a-t-il accusé, tout en ne faisant « presque rien » pour réduire les émissions de gaz qui dérèglent le climat.
Il n’y a pas eu de financement pour encourager les énergies renouvelables, ni d’efforts réels pour étendre le réseau électrique afin que l’électricité du pays puisse être intégralement produite à 100 % par l’énergie solaire à l’avenir, a-t-il poursuivi.
Au lieu de cela, le gouvernement développe la prospection de gaz fossile en Méditerranée et a voté l’assouplissement des restrictions applicables aux centrales électriques alimentées par des combustibles fossiles.

Mor Gilboa, directeur de l’organisation de protection de l’environnement marin Zalul, a accusé le gouvernement de mener une politique de deux poids, deux mesures.
D’une part, Israël prévoit d’envoyer ce qu’il appelle une délégation « flamboyante » à la conférence COP28, qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre au complexe Expo de Dubaï.
D’autre part, il menace l’environnement marin en prévoyant d’augmenter la production de gaz et en autorisant – voire en augmentant – le transport de pétrole brut dans le golfe d’Eilat.
Green Course, une organisation principalement dirigée par des étudiants, a déclaré que cette année, comme l’année dernière, elle ne participerait pas aux « festivités de greenwashing » de la COP.
Au lieu de cela, elle mènera la marche annuelle d’Israël pour le climat le 30 novembre, jour de l’ouverture de la conférence.
La Société pour la protection de la nature en Israël (SPNI) a déclaré qu’elle n’avait pas encore décidé si elle participerait ou non à l’événement.
« Nous sommes aujourd’hui à un point critique face à la crise climatique et Israël a des solutions innovantes qui peuvent aider le monde à y faire face. Les acteurs israéliens de tous les secteurs devraient se réunir et partager leurs riches connaissances et leurs expériences avec d’autres organismes d’autres pays participant à la réunion de l’ONU, » a déclaré Maya Kadosh, coordinatrice spéciale du ministère des Affaires étrangères pour la COP28 depuis février.
Elle a ajouté que de nombreux secteurs – entreprises, universités et gouvernements – ont manifesté un intérêt accru pour la participation à la COP28 cette année.
L’année dernière, lorsqu’Israël a installé son premier pavillon à la COP, de nombreux Israéliens ont noué des liens importants, mais de manière non planifiée et aléatoire, a-t-elle déclaré.

« Cette année, nous sommes bien mieux préparés. Les gens viennent nous voir, qu’ils viennent du secteur privé, du secteur civil, du monde universitaire ou du gouvernement, et nous demandent de les aider à organiser des réunions plus ciblées, à l’avance.
Une commission interministérielle s’efforce de faire passer, au moins en partie, un projet de loi sur le climat avant le début de la conférence, bien qu’il reste peu de temps, la Knesset étant en congés depuis dimanche jusqu’au 15 octobre.
Jusqu’à présent, les ministères des Finances et de l’Énergie ont fait obstacle aux tentatives du ministère de la Protection de l’environnement d’inclure des objectifs spécifiques dans un projet de loi sur le climat.
Le gouvernement a prévu un budget d’un peu moins de 9 millions de shekels pour la COP28 et prévoit d’envoyer une délégation de 1 000 personnes – la plus importante à ce jour – dirigée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Isaac Herzog.
Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a expliqué que le budget n’était pas excessif pour une conférence de cette ampleur et que l’argent ne servirait pas à payer les 1 000 participants. Les coûts seront couverts pour certains fonctionnaires, y compris le personnel de sécurité et divers experts en logistique, mais la majorité des participants paieront entièrement leurs frais.