Des rabbins israéliens portent plainte afin de récupérer un sarcophage du Louvre
Un sarcophage qui serait celui de la reine Hélène d’Adiabène exposé au Louvre fait l’objet d’un bras de fer judiciaire, historique et diplomatique
Un sarcophage qui serait celui de la reine Hélène d’Adiabène exposé au Louvre fait l’objet d’un bras de fer judiciaire, historique et diplomatique depuis qu’un groupe de rabbins israéliens a porté plainte afin de contester sa propriété, a rapporté le magazine L’Express.
Bloc de calcaire, il porte l’inscription « La reine Saddan ». Daté du 1er siècle de notre ère, l’origine de ce sarcophage royal reste floue et fascine les spécialistes.
La plainte contestant sa propriété a été déposée par l’association cultuelle juive israélienne Hekdesh du tombeau des Rois. L’organisation a ainsi assigné en justice le musée du Louvre et le ministère français de la Culture. La première audience doit se tenir au tribunal de grande instance de Paris le 11 janvier prochain.
Convertie au judaïsme, Hélène régnait sur un royaume situé aujourd’hui en terres kurdes. Elle est morte en 56 de notre ère selon l’Encyclopédie juive.
Enterrée au tombeau des Rois à Jérusalem, dans la tombe pyramidale qu’elle avait construite durant sa vie, son sarcophage a été découvert au 19e siècle par l’archéologue français Félicien de Saulcy. Il a été transféré au musée du Louvre après avoir été vendu à l’archéologue par le gouverneur ottoman, malgré l’opposition des Juifs de Jérusalem.
Pour les rabbins de l’association israélienne, défendus par leur avocat parisien Gilles-William Goldnadel, l’enjeu sera de tenter de récupérer le sarcophage et les ossements qu’il contient. Ils estiment que l’objet sacré a été transféré « sans autorisation » et accusent le Louvre d’avoir « volontairement dissimulé des ossements » issus des sarcophages découverts au tombeau des Rois.
« Il s’agit d’une procédure de récupération à l’égard de pillages, comme il y en a eu beaucoup en période coloniale. Mes clients sont outrés de constater que le Louvre leur a dissimulé le fait qu’il conservait des dépouilles funéraires vénérées sans aucune utilité artistique », a commenté à L’Express Me Goldnadel.
L’avocat et ses clients espèrent ainsi que, comme en 2012 où des têtes maories conservées dans des musées français avaient été restituées à la Nouvelle-Zélande, où en 2006 quand un totem avait été rendu par la Suède à des Indiens du Canada, le sarcophage retrouvera son lieu d’origine.
L’association Hekdesh conteste également la propriété de la France sur le tombeau des Rois à Jérusalem. Le site a rouvert ses portes en octobre, après une tentative ratée de réouverture en juin en raison du caractère sensible de l’endroit, révéré par les Juifs ultra-orthodoxes.