Des résidents d’implantations exigent une vaste opération anti-terroriste en Cisjordanie
Manifestant devant le cabinet de Netanyahu, le chef du conseil régional appelle à des représailles meurtrières, à l'instar des premiers gouvernements de gauche
Les chefs des conseils régionaux de Cisjordanie ont manifesté mardi devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, appelant à un durcissement des mesures de sécurité dans la région face à la recrudescence des attaques terroristes meurtrières.
La manifestation a eu lieu le lendemain d’une attaque au cours de laquelle une mère de trois enfants, âgée de 42 ans, a été tuée et un homme d’une quarantaine d’années a été grièvement blessé lorsque leur véhicule a essuyé les tirs d’une voiture qui passait par là sur la route 60. Cette attaque a incité les ministres du gouvernement d’extrême droite à demander à l’armée d’imposer des barrages routiers à grande échelle en Cisjordanie.
« La situation est intolérable », ont déclaré les habitants des implantations dans un communiqué commun. « Nous exigeons un changement dans l’approche en matière de sécurité. L’augmentation continue des incidents terroristes meurtriers montre que l’approche actuelle a échoué et doit être modifiée rapidement. »
Yossi Dagan, du conseil régional de Samarie, Yisrael Gantz, du conseil régional de Binyamin, Shlomo Neeman, du conseil régional de Gush Etzion, et Yochaï Damri, du conseil régional du mont Hébron, ont participé, entre autres, à la manifestation de mardi.
« Nous demandons au gouvernement de lancer une opération militaire de grande envergure et soutenue pour mettre fin au terrorisme, comme ils l’ont fait dans le passé », a déclaré Dagan au site d’information Kipa, devant le cabinet du Premier ministre.
« J’appelle le gouvernement de droite à s’inspirer des gouvernements du Mapai pour lutter contre le terrorisme », a-t-il ajouté, faisant référence au prédécesseur de l’actuel parti de centre-gauche Avoda, qui a gouverné le pays pendant ses premières années et a supervisé des opérations de représailles meurtrières en réponse aux attaques transfrontalières.
Dagan a demandé à l’armée de lancer une vaste opération, d’imposer des barrages routiers et de boucler les villes d’où viennent les terroristes.
« Nous avons honte d’être contraints de nous asseoir ici [pour manifester] devant le bureau du Premier ministre d’un gouvernement qui est totalement de droite. Nous soutenons ce gouvernement, nous avons mobilisé des milliers de volontaires pour le conduire au pouvoir, et nous voulons que ce gouvernement soit ferme », a déclaré Dagan.
Mais, a-t-il averti, le gouvernement ferait mieux de « se réveiller » et d’assumer ses responsabilités lorsqu’il s’agit de la sécurité de ses citoyens.
Dans un communiqué séparé, Dagan a imputé la vague de terrorisme à l’Autorité palestinienne (AP), citant sa politique de versement de salaires aux familles des terroristes.
« Le marécage, c’est l’Autorité palestinienne, et les moustiques, c’est le Hamas et le Jihad islamique. Malheureusement, ces dernières années, Israël s’est focalisé sur la façon d’attraper des moustiques plutôt que sur l’assèchement du marais ou, pour reprendre les termes de l’establishment, sur le ‘renforcement de l’Autorité palestinienne' », a-t-il déclaré.
Gantz a également critiqué l’AP en déclarant : « Il n’y a pas de terroriste isolé ; il y a un programme qui incite à la violence et verse des salaires à ceux qui assassinent des citoyens de l’État d’Israël ».
Neeman a désigné l’AP comme « l’ennemi » et a exhorté le gouvernement à « renforcer les implantations ».
Depuis le début de l’année, les attaques palestiniennes à l’arme à feu, à l’arme blanche et à la voiture piégée en Israël et en Cisjordanie ont fait 29 morts et plusieurs blessés graves. Cette année encore, des tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza ont tué deux personnes lors d’une série d’hostilités en mai, et l’attaque d’un policier égyptien à la frontière en juin a fait trois morts parmi les soldats.
L’année dernière, 27 civils israéliens et étrangers ont été tués dans des attentats terroristes commis par des Palestiniens ou des Arabes israéliens en Israël ou en Cisjordanie. Trois autres soldats ont été tués dans des attaques dirigées contre des troupes, et un commando de police a été tué au cours d’affrontements avec des tireurs palestiniens lors d’une opération en Cisjordanie.
Une dizaine d’heures après l’attaque de lundi, des résidents d’implantations ont provoqué des émeutes au carrefour de Beitin, près de Ramallah, jetant des pierres sur des Palestiniens et brûlant les pneus de véhicules palestiniens.
Les émeutiers ont ensuite jeté des pierres et utilisé du gaz poivré sur les agents de la Police des frontières et le personnel des services d’incendie et de secours qui sont arrivés sur les lieux.
Un agent de la Police des frontières a été légèrement blessé lors de l’incident. Aucun Palestinien n’a été blessé.
Tôt mardi matin, l’armée israélienne a arrêté deux Palestiniens soupçonnés d’avoir perpétré l’attentat qui a coûté la vie à Batsheva Nigri, une habitante de l’implantation de Beit Hagai, en Cisjordanie, qui travaillait comme enseignante dans une maternelle à Efrat, une localité voisine.
Cet attentat a eut lieu deux jours après qu’un terroriste palestinien a tué deux Israéliens, un père et son fils, alors qu’ils faisaient des courses dans la ville de Huwara, en Cisjordanie. Shay Silas Nigreker, 60 ans, et son fils de 28 ans, Aviad Nir, ont été abattus dans une station de lavage-auto samedi après-midi. Le terroriste est toujours en fuite.
Les violences se sont intensifiées en Cisjordanie au cours des dix-huit derniers mois, avec une augmentation des tirs palestiniens contre des civils et des soldats israéliens, des arrestations quasi-quotidiennes par l’armée et une recrudescence des attaques de résidents d’implantations extrémistes contre des Palestiniens.
Tsahal a déclaré lundi qu’elle renforçait la Cisjordanie avec un bataillon d’infanterie supplémentaire et deux compagnies, à la suite des deux récentes attaques terroristes meurtrières.
S’exprimant depuis le lieu de l’attentat lundi soir, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant ont que la vague de terrorisme actuelle était dirigée par l’Iran.
Lundi également, le chef du Commandement du centre de l’armée, le général de division Yehuda Fox, a déclaré qu’Israël était confronté à une vague de terrorisme majeure « comme nous n’en avons pas vu depuis longtemps ».
« Tsahal et les forces de sécurité opèrent au quotidien dans chacune des régions pour mettre fin aux activités terroristes », a déclaré Fox aux journalistes au quartier général de la brigade régionale de Judée de l’armée, près de Hébron.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.