Des vins israéliens de grande qualité produits près de Ramallah
C'est soit le meilleur endroit, soit le pire pour une cave

Avec des vignobles plantés sur d’anciennes terrasses calcaires à 900 mètres d’altitude, la Psagot Winery propose des vins qui ont un lien avec la terre, riches en minéraux, avec des notes d’herbes méditerranéennes, écrit le critique de vin Daniel Rogov.
Psagot est également située dans le centre de la Cisjordanie, à proximité de la banlieue d’El Bireh, un quartier de Ramallah. Vraiment à proximité.
Rien de tout cela ne dérange Yaakov Berg, l’entrepreneur qui a fondé la cave en 1998. En fait, l’emplacement de la cave au cœur du paysage biblique d’Israël est l’un des détails qu’il aime à mentionner lors des visites qu’il organise.
« C’est là que tout a commencé » dit-il. « L’idée est de connecter les gens à l’endroit. Le vin fait partie du judaïsme ; les gens pensent qu’il a été inventé en France et en Italie, mais le vin est juif à l’origine et il a commencé ici ».
Le centre d’accueil, juste en bas de la route de l’implantation de Psagot, a été construit en collaboration avec le Conseil régional de Binyamin, qui comprend 42 implantations et avant-postes dans les collines du sud de la Cisjordanie. Psagot, une communauté d’environ 1 600 personnes, est le siège du Conseil régional.
Une visite dans la cave comprend une carte d’Israël entourée d’écrans individuels avec des questions pour les visiteurs sur la population, la géographie et l’histoire de la région. C’est un peu comme «Questions pour un Champion» sur la Judée et de la Samarie.

A l’étage, la salle de dégustation du centre donne sur la salle des tonneaux ; la fenêtre qui les sépare agit également comme un écran pour un film sur la cave qui est riche en images et en références bibliques.
Cet endroit est d’ailleurs souvent utilisé pour accueillir des mariages et des bar-mitzvah. « Nous recevons des invités pour des mariages et c’est l’occasion de leur faire goûter les vins Psagot » a déclaré Josh Hexter, un des vignerons et des premiers associés de l’entreprise vinicole de Psagot.
Le centre des visiteurs est une extension de la première maison du village. Un entrepôt de tôle ondulée qui a été plus tard transformé en maison familiale par la famille Berg – avec aujourd’hui des pierres taillées.
Sa maison est toujours une partie de la cave. Outre le vignoble Shiraz derrière la maison, Berg et sa femme, Naama, ont trouvé une grotte de 2 000 ans et un ancien pressoir dans leur arrière-cour. Il offre un milieu humide parfait, pour les barils d’Edom, leur vin best-seller qui est un assemblage de Bordeaux.

Une pièce de monnaie antique trouvée à l’intérieur de la grotte est aujourd’hui reproduite sur chaque bouteille. C’est le logo des vins Psagot. La pièce originale fait maintenant partie des expositions permanentes du musée Rockefeller de Jérusalem.
« Les gens achètent du vin sur la base de la bouteille » déclare Hexter. « La bouteille vend. Mais tout ça ce sont les détails extérieurs. Le vin doit aussi être bon. Et même très bon ! »
Selon les critiques, Psagot fait quelques vins remarquables. Et Rogov l’a qualifié de « cave en progression constante » et a été une sorte de mentor pour Hexter, qui a passé beaucoup de temps avec le critique, tout en préparant un diplôme d’oenologie.
Huit vins Psagot ont gagné des étoiles dans le site de référence français 1001degustations.com, un site créé par des producteurs de vin français.
Mais la cave a également été primée au Panama, en Angleterre et aux États-Unis. Et maintenant, un nouveau vigneron fait partie de l’équipe, Yaacov Oryah, qui a commencé à Arad et qui est devenu connu pour ses vins blancs issus de raisins cultivés dans le désert.
« Nous devons développer de bons blancs » affirme Hexter.
La marque Psagot a été créée par Berg et Hexter en 2003, avec seulement 3 000 bouteilles de vin rouge après leur première récolte. La cave a augmenté lentement, atteignant 50 000 bouteilles en 2007, puis en se développant sur de nouveaux marchés par un processus de « croissance organique » résume Hexter.
« Le marché était là et nous avons pu vendre les vins, » a-t-il dit. « Nous avons vendu presque tout le stock pratiquement chaque année ».
Sur le marché en pleine croissance du vin israélien, vendre 200 000 bouteilles par an est un exploit.
Pour Psagot, comme avec la plupart des vins israéliens, la plupart des marchés d’exportation se trouvent aux États-Unis, et c’est principalement les consommateurs de vin casher qui sont ses clients. Outre la zone de la côte-est, ainsi qu’en Floride et à Los Angeles, il y a aussi des amateurs de vins Psagot au Texas – Berg les a charmés lors d’une visite récente – et en Europe.
Mais les plus gros clients de Psagot sont orthodoxes ou ultra-orthodoxes explique Hexter.

Avec ce genre de clientèle, le boycott mondial, du mouvement BDS contre Israël, ainsi que l’emplacement-même de Psagot ne constituent pas un problème pour la cave, explique-t-il.
« Cela pourrait même être un plus pour certains de nos clients » plaisante Hexter.
Berg aime déclarer aux journalistes « qu’il n’y a pas de réelle différence entre moi et les autres vignobles israéliens, si les gens décident de boycotter, ils vont boycotter aussi les vignobles de Tel Aviv ».
En fait, Psagot vend un bon nombre de bouteilles à des restaurants non casher de Tel Aviv, précise Berg.
« Si nous vendions des tomates et des avocats, il est évident que l’emplacement du vignoble aurait été un problème », explique Hexter. « Mais nous vendons du vin et vous pouvez vendre 200 000 bouteilles de vin fabriqué en 2012 en un an ou deux ».
Pour Berg, un extravagant émigré russe de 37 ans plein de charme qui a immigré en Israël avec sa famille quand il était enfant, l’emplacement de Psagot était un choix, et un choix qu’il défendra toujours.
Il adore raconter l’histoire de la viticulture de la région, appuyant ses dires sur l’ancienne carte des vignobles et des routes du vin qui fait partie de la vidéo publicitaire de la cave. Il s’inspire de cette histoire pour tous les aspects du processus de vinification, de l’embouteillage au marketing.
Même les vendangeurs de Psagot ont été choisis pour leur lien avec cette terre. Chaque année, un groupe de chrétiens évangéliques de Hayovel, une organisation fondée par un agriculteur mennonite de Tennessee, Tommy Waller, vient à Psagot pour aider à la récolte du raisin.
Cette année, les fils de Waller, Brayden et Zack, et leurs jeunes familles, sont arrivés en août. Ils se sont organisés pour former des groupes de bénévoles pour aider les huit agriculteurs présents dans le quartier de Shomron. Ils vivent dans des caravanes à proximité et certaines années, ils restent presque cinq mois en Israël grâce au visa accordé aux bénévoles dans les kibboutzim par le gouvernement.
« C’est assez impressionnant de voir les choses qui se passent ici », confie Brayden Waller. « Personne ne sait qu’ici, il n’y avait pas de vignobles pendant un tas d’années, et l’année dernière, nous avons récolté 450 tonnes de raisins. L’industrie se développe à une vitesse vertigineuse ».
C’est exactement le genre de choses que Berg aime entendre.
Selon Berg, Psagot peut réussir parce que les consommateurs sont à la recherche d’un produit unique, et ils ne se préoccupent pas de savoir d’où viennent les raisins.
« Vous pensez que les raisins des autres caves viennent de Rishon ? » interroge-t-il, sous-entendant que d’autres caves aussi se procurent leurs raisins au-delà de la Ligne verte. « Nous sommes tous les mêmes, nous avons la même armée, payons les mêmes impôts. Que faire si je ne suis pas d’accord avec eux sur certaines choses ? ».
Et même si Psagot se repose sur l’exportation de 60 à 70 % de ses vins aux États-Unis, ses ventes progressent aussi en Russie et en Extrême-Orient, indique Berg, où les gens sont « plus ouverts d’esprit ».
« Les gens sont à la recherche d’un produit unique », explique-t-il. « L’idée est de créer une connexion avec cet endroit. Nous avons beaucoup de choses à leur montrer ».
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