DeSantis, l’étoile montante de la conférence de la Coalition juive républicaine
Donald Trump, qui s'est exprimé via Zoom, a bénéficié d'un créneau subalterne pour sa prise de parole ; ce sont les critiques de l'ancien président qui ont été mis à l'honneur
LAS VEGAS (JTA) — Changeant d’avis, Donald Trump s’était dit prêt à prendre la parole devant la Coalition juive républicaine – ce qu’il a fait hier. En revanche, il est plus difficile de déterminer si les Juifs républicains ont été, de leur côté, prêts à écouter ce qu’il avait à leur dire.
La semaine dernière, la coalition avait fait savoir que Trump avait évoqué un « conflit » indéterminé quand il avait décliné l’invitation qui lui avait été faite de prendre la parole lors de sa convention annuelle, organisée à Las Vegas. Mais c’était avant qu’il n’annonce sa candidature à la présidence, mardi – il est le seul, jusqu’à présent, à s’être officiellement aligné sur la ligne de départ.
Et l’organisation avait indiqué jeudi que Trump s’exprimerait finalement via visioconférence.
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La star de la convention a semblé, cette année, être le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, dont le tour de parole a eu lieu à un moment privilégié de la conférence, contrairement à Trump dont l’intervention s’est tenue rapidement, perdue parmi de multiples autres de moindre importance.
Un membre éminent de la Coalition juive américaine qui s’est rendu à la convention et qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat de manière à ne pas être associé à un candidat à la présidentielle en particulier a indiqué qu’il avaient mis un point d’honneur, ce week-end, à être présent lors du discours de DeSantis. DeSantis, a-t-il noté, prône les mêmes politiques que Trump – mais avec une plus grande efficacité et avec aussi « le sens de la discipline ».
La conférence est organisée, c’est le cas depuis des années, au casino Venetian qui, jusqu’à une date récente, appartenait à Miriam Adelson, veuve de Sheldon Adelson. Tout au long de sa vie – il est mort en 2021 – Adelson aura été un faiseur de rois républicain. Le soutien qu’il avait apporté à Trump au mois de mai 2016 avait été considéré comme le signal que le parti républicain tout entier s’apprêtait à approuver la candidature du milliardaire controversé.
La conférence offre l’opportunité aux candidats de rencontrer des donateurs susceptibles de dynamiser leurs campagnes – ou de les condamner à l’oubli. Cette semaine encore comme tous les ans, les clients de l’hôtel-casino Venetia ont pu apercevoir les délégués arpentant les couloirs, entre les machines à sous et les tables de poker, discutant et retissant des liens. Ils ont pu aussi apercevoir l’ancien gouverneur du New Jersey, Chris Christie, qui traînait son bagage à roulettes à travers le hall.
Les organisateurs avaient fait savoir qu’ils attendaient au moins 850 délégués pendant toute la durée de la convention – un nombre supérieur à celui de l’année dernière, lorsque les voyages étaient encore peu encouragés dans le contexte de la pandémie et que les prochaines élections présidentielles n’étaient prévues que trois années plus tard.
Les conférences de la Coalition juive républicaine sont souvent le premier arrêt obligatoire pour les candidats républicains dans les années qui précèdent les élections présidentielles – c’est la raison pour laquelle Trump avait mis un point d’honneur à y venir personnellement en 2015 et une fois encore en 2019. Cette conférence attire l’attention de tout le pays ; les organisateurs avaient annoncé que cent journalistes avaient confirmé qu’ils assisteraient à l’événement pour le relayer dans les médias.
La prise de parole de Trump, qui est intervenue dans un programme déjà surchargé dans la matinée de samedi, ainsi que sa participation à distance signalent que les relations entre Trump et l’organisation-cadre des Juifs républicains, des relations qui ont été souvent en dents de scie, sont actuellement dans une phase de rafraîchissement. Le seul autre leader intervenant par téléphone lors de la convention a été le chef du Likud, Benjamin Netanyahu.
Les mensonges de Trump au sujet du scrutin de 2020 – il s’était incliné devant le candidat Démocrate et actuel président des États-Unis, Donald Trump – et la manière dont ses partisans avaient fait écho à ces mensonges ont nui à l’ex-président au sein du parti républicain. Des membres de ce dernier le critiquent dorénavant ouvertement au lendemain des élections de la mi-mandat qui devaient être l’occasion, pour les républicains, de gagner largement à la chambre des représentants et de reprendre le sénat. S’ils sont finalement parvenus à reprendre la chambre de justesse, le sénat est resté entre les mains des Démocrates.
DeSantis s’est pour sa part démarqué dans ce scrutin en anéantissant l’opposition démocrate dans son état lors d’une journée où les Républicains ont obtenu des résultats bien plus médiocres que cela n’avait été anticipé, perdant une série d’élections où la victoire semblait pourtant acquise.
DeSantis, pour sa part, a obtenu, au lendemain de son triomphe dans son état, une prise de parole programmée le samedi soir – un moment très convoité – et il a partagé ce créneau avec Nikki Haley, ancienne ambassadrice américaine aux Nations unies. DeSantis fait déjà une percée parmi les Juifs conservateurs et, depuis qu’il a pris son poste de gouverneur, il a cherché à mettre en avant le soutien qu’il apporte à Israël, organisant d’ailleurs l’une de ses toutes premières réunions depuis Jérusalem.
Haley, qui n’a pas encore fait part de son éventuelle candidature en 2024, est une star pour les groupes pro-israéliens de droite qui la saluent pour avoir aidé à mettre en œuvre des changements, aux États-Unis et à l’ONU, qui ont finalement marginalisé les Palestiniens.
Trump, de son côté, a été l’un des douze intervenants qui ont pris la parole samedi matin – des intervenants qui ont tous été soumis à la nécessité de prononcer un discours court et simple. Parmi ceux qui ont été inscrits au programme de la même matinée, un certain nombre de personnes qui ne comptent pas se présenter à la présidence – David Kustoff du Tennessee, Max Miller de l’Ohio et George Santos de New York, membres républicains du Congrès – des outsiders comme le sénateur de Caroline du sud Tim Scott, et également d’anciens candidats qui avaient été battus par Trump en 2016, notamment Christie et le sénateur du Texas Ted Cruz. Miller et Santos sont des soutiens de Trump qui, comme lui, refusent de reconnaître sa défaite électorale aux élections présidentielles précédentes. Santos était notamment présent lors du mouvement de protestation du 6 janvier.
Quatre intervenants ont ouvert la conférence, vendredi soir, dont trois ont pris leurs distances notables vis-à-vis de Trump : l’ancien vice-président Mike Pence, qui a déclaré cette semaine qu’il ne parlait plus à son ancien boss et qu’il conservait de la colère à son égard pour ne pas avoir arrêté la foule furieuse qui avait réclamé sa mort pendant l’assaut meurtrier du Capitole, le 6 janvier 2021 ; le gouverneur du Maryland, Larry Hogan, farouche opposant de Trump depuis 2015 et Mike Pompeo, secrétaire d’État de Trump qui, ces derniers jours, a estimé que les plaintes et les critiques constantes émises par Donald Trump étaient lassantes et contre-productives. Tous les trois sont considérés comme de potentiels candidats à la présidence.
La conférence s’est ouverte au public vendredi et samedi, mais elle a vraiment commencé au début de la semaine avec des rencontres privées entre les plus grands donateurs juifs républicains et d’autres dans le parti. Glenn Youngkin, gouverneur de Virginie, qui s’est lui distancé de Trump, s’est entretenu à huis-clos avec des donateurs importants de la Convention juive républicaine mardi dans la soirée.
Trump reste toutefois populaire dans certains cercles juifs conservateurs. L’Organisation sioniste d’Amérique lui a rendu hommage au début du mois au cours d’une cérémonie à laquelle il a assisté en personne. Trump avait procédé à des changements historiques dans la politique américaine à l’égard d’Israël, transférant l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, reconnaissant la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan, négociant les Accords d’Abraham et abandonnant l’accord sur le nucléaire iranien. Biden a maintenu la mission américaine à Jérusalem mais il espère pouvoir retrouver de meilleures relations avec les Palestiniens et il espère aussi réintégrer l’accord sur le nucléaire conclu entre les grandes puissances et le régime de Téhéran.
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