Deux fois plus de « statuts juifs » rejetés par le Grand-Rabbinat depuis 2010
Un porte-parole du tribunal rabbinique a rejeté cette allégation, affirmant que les données ont été "manipulées" et que le statut juif est confirmé dans 97 % des cas
Le nombre de personnes dont les projets de mariages ont été perturbés après avoir vu leur judéité contestée et rejetée par le rabbinat d’Israël a doublé depuis 2010, selon les déclarations d’un groupe de soutien cette semaine.
L’organisation à but non lucratif Itim, qui aide les Israéliens à naviguer dans la bureaucratie religieuse du pays, a déclaré lundi que « de 2010 à 2017, le nombre de personnes rejetées par les tribunaux rabbiniques pendant la procédure de clarification de leur statut juif a plus que doublé ».
En 2010, le nombre de Juifs qui se sont inscrits pour se marier en Israël et qui n’ont pas été en mesure de le faire à cause de doutes concernant leur judéité s’élevait à 103 et représentait 3,1% de tous les Israéliens inscrits pour se marier cette année. En 2017, sur l’ensemble des personnes qui se sont inscrites pour se marier, 231 d’entre elles, soit environ 6,7 %, n’ont pas pu prouver au rabbinat qu’elles étaient juives, selon les données présentées à une audience à la Knesset.
Au cours de ces mêmes années, le nombre de personnes sur une liste d’Israéliens dont le statut juif « doit être clarifié » est passé de 90 en 2010 à 175 en 2017.
Jusqu’à 20 % des couples israéliens ont dû passer par des vérifications sur la judéité de leur famille. La plupart de ces couples étaient des russophones qui ont immigré grâce à la Loi du retour, qui permet à quiconque ayant au moins un grand-parent juif de devenir citoyen.
Les chiffres ont été publiés dans un rapport préparé par le Centre d’Information et de Recherche de la Knesset à l’approche d’une réunion tenue mardi par la Commission des Affaires de l’Immigration, de l’Absorption et de la Diaspora. L’audience de mardi était consacrée au nombre important d’Israéliens considérés comme non juifs dans les procédures des mariages validés par le Grand-Rabbinat.
En Israël, le mariage et le divorce sont uniquement gérés par les tribunaux religieux. Le couple doit prouver au rabbinat qu’ils sont juifs selon la loi juive orthodoxe. Si l’un des membres du couple n’est pas reconnu comme juif, le couple n’a aucun moyen légal pour se marier en Israël.
Le rabbinat reconnaît automatiquement des individus comme juifs si leurs parents ont été mariés par le rabbinat en Israël ou par un rabbinat reconnu en dehors d’Israël. Dans certains cas, il acceptera rapidement ceux qui ont un parent au premier degré qui a déjà été accepté. Tout individu qui n’a pas les documents demandés est ajouté à une liste de ceux dont la judéité « doit être clarifiée ».
Itim a souligné qu’en 2010, seulement 103 demandeurs, soit 3,1 %, ont été rejetés et n’ont pas pu se marier alors qu’en 2017, ce nombre a plus que doublé, atteignant les 231, soit 6,7 %. Dans la même logique, le nombre de demandeurs dont les dossiers ont été envoyés pour clarification a augmenté de 90 en 2010 à 175 en 2017.
Le rabbin Seth Farber, président d’Itim, a déclaré dans un communiqué que cette démarche d’enquête sur la judéité contredit la loi juive.
« Selon la loi juive, quand une personne vient et déclare qu’elle est juive, il faut la croire », a-t-il dit. « En outre, si une clarification est nécessaire, d’habitude, il faut tout faire pour prouver la judéité de la personne, et non l’inverse ».
Farber a déclaré que les tribunaux rabbiniques agissent « sans morale ni normes de base ».
« Le rabbinat a élevé la barre à un point où la plupart des personnes qui sont juives ne seraient pas capables de le prouver. De plus, ils invalident la judéité rétroactivement, ce qui est sans précédent dans l’histoire juive », a-t-il dit. « Tout personne qui se préoccupe du Judaïsme ou d’Israël devrait reconnaître le danger de ce phénomène ».
Un porte-parole du rabbinat a démenti les accusations de Farber et a dit que les chiffres témoignaient d’une histoire très différente.
Il a expliqué au Times of Israel qu’une « écrasante majorité des personnes dont la judéité doit être clarifiée sont confirmés comme juifs, soit 97 %. Dans seulement 3 % des cas, et malgré les efforts mis en œuvre par le rabbinat pour les aider, il a été impossible de prouver leur judéité. Et cela s’est produit parce que dans ces cas, ils ne sont pas vraiment juifs ».
Le porte-parole a ajouté qu’il n’y a pas eu d’augmentations du nombre de rejets de judéité, et que quiconque affirmant le contraire n’avait pas analysé les données correctement.
« Nous sommes très inquiets du fait qu’il y a des parties avec des intérêts personnels qui font des usages incorrects des données et les manipulent », a-t-il déclaré.
L’une des méthodes employées par le rabbinat pour confirmer l’identité juive des demandeurs consiste à obtenir une lettre d’un rabbin de la communauté d’origine, attestant de la judéité du candidat.
En juillet 2017, le JTA a publié une « liste noire » interne d’environ 160 rabbins, y compris plusieurs dirigeants orthodoxes américains proéminent, à qui le Rabbinat en chef ne fait pas confiance pour confirmer la judéité d’immigrants.
Des rabbins de 24 pays, y compris des Etats-Unis et du Canada, étaient sur la liste. En plus des rabbins réformés et conservateurs, la liste comprenait des dirigeants orthodoxes comme Avi Weiss, le père du mouvement Modern Orthodox de Riverdale àNew York.
Le Grand-Rabbinat a ensuite déclaré que la liste avait été mal interprétée et qu’il ne s’agissait pas d’une liste noire.