Israël en guerre - Jour 54

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« Dialogue de sourds » entre Arabes et Occidentaux autour de la question palestinienne

La réunion s'est achevée sans déclaration finale, les États occidentaux refusant de condamner Israël et les États arabes ne voulant pas blâmer le Hamas pour les violences

Le président palestinien Mahmoud Abbas accueilli par le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi, à droite, avant le début du "Sommet international pour la paix" organisé par le président égyptien dans le cadre des combats en cours entre Israël et le groupe palestinien Hamas, dans la nouvelle capitale administrative (NAC), à environ 45 kilomètres à l'est du Caire, le 21 octobre 2023. (Crédit :  Khaled Desouki/AFP)
Le président palestinien Mahmoud Abbas accueilli par le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi, à droite, avant le début du "Sommet international pour la paix" organisé par le président égyptien dans le cadre des combats en cours entre Israël et le groupe palestinien Hamas, dans la nouvelle capitale administrative (NAC), à environ 45 kilomètres à l'est du Caire, le 21 octobre 2023. (Crédit : Khaled Desouki/AFP)

Cela devait être un pas vers une solution au conflit sanglant entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas. Mais le « Sommet pour la paix » de samedi au Caire a surtout mis en évidence les « lignes de faille » entre Arabes et Occidentaux sur la question palestinienne.

Comme il est de rigueur dans ce genre de sommets où chaque mot est pesé au trébuchet, un communiqué final aurait dû être publié après la rencontre organisée sous l’égide de l’Égypte et de son président Abdel Fattah al-Sissi.

Hormis les appels partagés pour l’entrée de l’aide aux Palestiniens de la bande de Gaza, assiégés par Israël, les représentants occidentaux et arabes n’ont pas réussi à s’entendre sur un texte commun.

« Le désaccord porte sur la condamnation d’Israël, que les pays occidentaux refusent, tout en insistant sur la condamnation du Hamas », dont les massacres sans précédent commis le 7 octobre sur le territoire israélien ont fait plus de 1 400 morts en Israël, a confié à l’AFP un responsable d’un pays arabe.

« Les pays arabes rejettent [les condamnations occidentales], parce que cela les met dans une position délicate vis-à-vis de leurs peuples », dit encore le responsable arabe sous couvert d’anonymat.

Des vestiges du kibboutz Beeri, dévasté par une attaque du Hamas en date du 7 octobre, photographiés le 20 octobre 2023. (Crédit : Carrie Keller-Lynn/The Times of Israel)

Scène internationale « incapable » 

Car si de nouveaux pays arabes ont reconnu Israël en 2020 dans le cadre des Accords d’Abraham négociés par les États-Unis, les peuples, eux, y ont récemment réitéré leur opposition.

« Non à la normalisation », ont scandé des dizaines de milliers de manifestants au Maroc – qui a signé les Accords d’Abraham, tout comme Bahreïn et les Émirats arabes unis – et « Mort à Israël ! », a lancé la foule à Bahreïn lors du « Vendredi de la colère ».

Le lendemain, au sommet du Caire, raconte un diplomate européen à l’AFP, « les divergences importantes entre les participants n’ont pas permis d’adopter une déclaration finale ».

Des personnes brandissant le drapeau palestinien lors d’une manifestation après les prières du vendredi midi devant la mosquée al-Azhar, au Caire, le 20 octobre 2023. (Crédit : Khaled Desouki/AFP)

Car les Occidentaux réclamaient aussi, selon des diplomates arabes, « un appel à la libération des otages », 222 personnes enlevées par le groupe terroriste palestinien.

Or, des pays arabes, Qatar en tête, sont en pleine négociation avec le Hamas pour obtenir qu’ils soient relâchés et le condamner par écrit aux côtés de pays ayant plaidé « le droit d’Israël à se défendre » les mettrait dans l’embarras, assurent des observateurs.

Les pays arabes ont donc refusé d’inscrire ces points et le sommet s’est soldé par un communiqué de la présidence égyptienne – approuvé par les délégations arabes au Caire, selon des diplomates. Il dénonce notamment « une scène internationale qui a révélé ces dernières décennies son incapacité à trouver une solution juste et durable à la question palestinienne ».

Car, c’est bien le fond du problème. Ce sommet est une « parfaite illustration de l’approfondissement des lignes de faille entre l’Occident et le monde arabe et, au-delà, du Sud global, qui donne l’impression parfois de tourner au dialogue de sourds », estime Karim Bitar, expert du Moyen-Orient, qui évoque une « persistance de la question palestinienne ».

Une « question » qui façonne le discours de nombre de dirigeants arabes dans des pays où la défense de la cause palestinienne fait généralement consensus au sein de la population et de la classe politique.

Fini le « circulez, rien à voir » 

Depuis le début de la guerre, le Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, dont le gouvernement est soutenu par des partis pro-iraniens, s’insurge ainsi contre ce qu’il appelle le « génocide » du peuple palestinien par « l’occupant sioniste ».

« Beaucoup ont voulu éluder cette centralité depuis une vingtaine d’années en nous disant ‘circulez, il n’y a rien à voir, c’est devenu un conflit mineur, de basse intensité, et on va pouvoir noyer cette question israélo-palestinienne dans un méga-deal économique entre le Golfe et Israël' », explique à l’AFP Bitar. « Cela s’est avéré être une chimère. »

Le roi Abdallah II de Jordanie assistant au Sommet international pour la paix organisé par le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi, pendant la guerre entre Israël et le Hamas, au Caire, en Égypte, le 21 octobre 2023. (Crédit : Khaled Desouki/AFP)

L’Égypte, hôte du « Sommet pour la paix », a été le premier pays arabe à signer la paix avec Israël en 1979. Mais récemment, son président a prévenu : la paix pourrait « fondre entre nos mains ». Sissi redoute un exode de Palestiniens vers l’Égypte, tout comme Abdallah II de Jordanie

Le roi hachémite, dont le père Hussein signait la paix avec Israël en 1994 et qui compte plus de deux millions de réfugiés palestiniens sur son sol, a lui aussi haussé le ton.

« Le monde arabe l’entend clairement : les vies palestiniennes valent moins que les vies israéliennes », a-t-il estimé au Caire.

Avec ce sommet, la question palestinienne est remontée dans l’agenda diplomatique mondial.

La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, l’a ainsi affirmé, il faut maintenant « travailler à remettre la question palestinienne au centre des préoccupations ». Et se donner « rendez-vous dans six mois » pour un nouveau « Sommet pour la paix ».

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