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Disparu depuis 13 ans en Iran, l’Américain Levinson est mort en détention

Sans être en mesure de donner les causes ni la date du décès de l'agent juif du FBI, sa famille a estimé qu'il était survenu avant l'épidémie de Covid-19

Photo non datée de l'agent du FBI Robert Levinson (Crédit : AP/Famille Levinson)
Photo non datée de l'agent du FBI Robert Levinson (Crédit : AP/Famille Levinson)

L’Américain Robert Levinson, agent du FBI à la retraite disparu dans des circonstances mystérieuses en 2007 en Iran, est « mort alors qu’il était détenu » par les autorités iraniennes, a annoncé mercredi sa famille.

Le président des Etats-Unis Donald Trump n’a pas formellement confirmé son décès, mais a laissé entendre qu’il était probable.

« Ils ne nous ont pas dit qu’il était mort, mais beaucoup de gens pensent que c’est le cas », a-t-il affirmé, se disant « désolé ».

Il a reconnu que les informations n’étaient « pas encourageantes ». « Il était malade depuis des années », a-t-il aussi souligné, parlant de lui au passé et reconnaissant avoir échoué à le ramener aux Etats-Unis.

Son décès, s’il est confirmé officiellement, risque d’envenimer plus encore les relations déjà extrêmement tendues entre les Etats-Unis et la République islamique.

« Nous avons récemment reçu des informations de la part de responsables américains qui les ont conduit, ainsi que nous, à conclure que notre merveilleux mari et père est mort alors qu’il était détenu par les autorités iraniennes », a déclaré la famille dans un communiqué.

Sans être en mesure de donner les causes ni la date du décès de celui qui a souvent été présenté comme l’otage le plus ancien de l’histoire américaine, la famille a seulement estimé qu’il était survenu avant l’épidémie de Covid-19.

Levinson, qui était juif, laisse derrière lui sa femme, Christine, sept enfants et de nombreux petits enfants.

Christine Levinson, au centre, épouse de Rober Levinson, et deux de leurs enfants, DAn et Samantha Levinson, à New York le 18 janvier 2016. (Crédit : AP Photo/Seth Wenig)

Les proches de Levinson ont juré qu’ils continueraient à poursuivre la justice, tant de la part des fonctionnaires américains qui les ont empêchés d’agir pendant des années que des ravisseurs iraniens.

« Ceux qui sont responsables de ce qui est arrivé à Bob Levinson, y compris les membres du gouvernement américain qui, pendant de nombreuses années, l’ont laissé derrière eux à plusieurs reprises, recevront en fin de compte justice pour ce qu’ils ont fait. Nous passerons le reste de notre vie à nous en assurer, et le régime iranien doit savoir que nous ne partirons pas. Nous attendons des responsables américains, ainsi que des responsables du monde entier, qu’ils continuent à faire pression sur l’Iran pour qu’il demande le retour de Bob, et qu’ils veillent à ce que les responsables iraniens impliqués soient tenus pour responsables », ont-ils déclaré.

La famille de Levinson a reçu une rente de 2,5 millions de dollars de la part de la CIA afin d’arrêter un procès révélant les détails de son travail, tandis que l’agence a forcé trois analystes chevronnés à partir et en a sanctionné sept autres.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo s’exprime au département d’Etat de Washington, le 11 décembre 2019 (Crédit : AP Photo/Alex Brandon)

La semaine dernière, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait réclamé à Téhéran de « libérer immédiatement » tous les ressortissants américains face à la menace du coronavirus dans ses prisons.

« Nous demandons également au régime d’honorer son engagement à travailler avec les Etats-Unis pour parvenir au retour de Robert Levinson », avait-il notamment insisté.

L’administration de Donald Trump, qui a fait de la libération de ses ressortissants « otages » ou « injustement détenus » à l’étranger une priorité, avait plusieurs fois affiché sa détermination à « localiser » Bob Levinson pour qu’il « puisse rentrer ».

Auparavant, début 2016, l’administration précédente de Barack Obama avait affirmé qu’elle pensait que Robert Levinson n’était plus en Iran.

Une récompense de cinq millions de dollars avait été annoncée pour toute information qui aurait pu conduire à sa localisation et à son retour aux Etats-Unis.

« Il est impossible de décrire notre chagrin », a dit sa famille, qui avait plusieurs fois alerté sur le diabète et l’hypertension dont souffrait ce père de sept enfants, qui aurait eu 72 ans ce mois-ci.

« Sans les actes cruels et sans coeur du régime iranien, Robert Levinson serait en vie et à la maison avec nous aujourd’hui », a-t-elle ajouté, soulignant avoir « attendu des réponses durant 13 ans », sans aucun contact.

Elle a aussi accusé les autorités iraniennes d’avoir « menti au monde pendant tout ce temps » en assurant ne pas savoir ce qui était arrivé à cet ex-agent du FBI.

Les responsables iraniens avaient plusieurs fois affirmé qu’il avait quitté le pays et qu’ils ne disposaient d’aucune information à son sujet.

« Ils ont enlevé un ressortissant étranger et l’ont privé de ses droits fondamentaux, son sang est sur leurs mains », a accusé la famille, s’en prenant également à « ceux qui, au sein du gouvernement américain, l’ont abandonné pendant tant d’années ».

Elle a néanmoins remercié le président Trump pour ses efforts.

Washington a toujours affirmé que Bob Levinson n’œuvrait pas pour le gouvernement américain au moment de sa disparition en mars 2017, évoquant un simple « voyage d’affaires ». Il était alors déjà retraité du FBI depuis une dizaine d’années, sur l’île de Kish, dans le Golfe.

Mais selon le Washington Post, il travaillait pour la CIA et devait rencontrer un informateur au sujet du programme nucléaire iranien.

La chaîne de télévision publique iranienne Press TV a rapporté en avril 2007 que Levinson était aux mains des forces de sécurité iraniennes, mais depuis lors, de nombreux responsables iraniens ont insisté sur le fait qu’ils ne savaient rien de sa localisation.

Depuis la disparition de Levinson, sa famille n’a reçu que des signaux épars indiquant qu’il était vivant. Ils ont reçu trois courriels de ses ravisseurs, qui ne se sont pas identifiés et ont demandé des millions de dollars de rançon et la libération de plusieurs prisonniers en échange de la libération de Levinson.

Le message le plus récent, en avril 2011, est le plus troublant. Levinson a l’air ébouriffé avec de longs cheveux blancs et une barbe hirsute, et il est vêtu d’une combinaison orange comme celles que portent les prisonniers américains à Guantanamo Bay.

La famille a connu un regain d’espoir en novembre 2019 lorsque le gouvernement iranien a répondu de manière inattendue à une question des Nations unies en déclarant que Levinson faisait l’objet d’une « affaire ouverte » devant le tribunal révolutionnaire iranien. Les proches ont pris cela comme la première véritable reconnaissance du fait que Robert Levinson était en détention et qu’il était transféré dans le système judiciaire iranien. Mais Téhéran a précisé par la suite que l' »affaire ouverte » en question n’était qu’une enquête sur la disparition de Levinson.

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