Dix jours de prison pour le soldat qui a nargué un militant à Hébron
Le soldat de la brigade Givati avait dit aux militants que le député extrémiste Ben Gvir « allait régler les choses ici... Fini le bon temps »
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Ce mardi, l’armée israélienne a condamné à 10 jours de prison militaire le soldat qui a nargué un militant dans la ville d’Hébron en Cisjordanie, la semaine passée.
Vendredi dernier, le soldat s’était querellé avec un activiste et avait évoqué le député d’extrême droite Itamar Ben Gvir, probable futur ministre de la Sécurité nationale d’Israël, sorte de super ministre de la Sécurité intérieure.
« Ben Gvir va régler les choses ici », a déclaré le soldat.
« Voilà, c’est fini pour vous … Fini le bon temps. »
Aux questions du militant, lui demandant « Pourquoi ? Ai-je fait quelque chose d’illégal ? », le soldat a répondu « Tout ce que vous faites est illégal. C’est moi qui dis la loi », ordonnant au militant de reculer.
Le soldat portait un écusson, au dos de son gilet pare-balle, sur lequel on pouvait lire : « Un coup. Je tue. Pas de remords. C’est moi qui décide. »
De tels écussons, hors ceux des unités militaires ou les drapeaux israéliens, sont contraires aux règlements militaires.
Tsahal n’a pas fait de commentaires à propos de la peine de prison, mais un porte-parole en a confirmé les détails au Times of Israel.
Ben Gvir a réagi en indiquant que la peine était excessive.
« Mettre un soldat en prison pour 10 jours, simplement parce qu’il a dit ‘Ben Gvir va régler les choses ici’ est exagéré et envoie un mauvais message aux soldats. Nous ne devons pas laisser les anarchistes qui nous calomnient sans cesse gagner, nous devons soutenir les soldats, pas les affaiblir », a-t-il déclaré sur Twitter, sans évoquer les écussons.
Sur d’autres images, on voit un autre soldat de l’unité plaquer violemment un militant au sol et lui donner des coups de poing au visage.
Le deuxième soldat n’a pas fait l’objet de sanctions immédiates, si ce n’est sa suspension suite à l’agression.
Le militant agressé aurait été placé en résidence surveillée.
Un haut commandant militaire a rappelé, lundi, que les soldats seraient punis pour toutes actions immorales, suite aux incidents d’Hébron et après l’interpellation de soldats soupçonnés d’avoir lancé un engin explosif sur une maison palestinienne.
« Les soldats qui ne sont pas comportés correctement seront privées d’activités opérationnelles jusqu’à la fin de l’enquête sur cet incident », a écrit le général de brigade Nadav Lotan, à la tête de la 162e division, dans un courrier aux officiers.
Cette division supervise un certain nombre de brigades de combat, dont la brigade d’infanterie Givati, dont les soldats sont impliqués dans l’incident d’Hébron.
Lotan a ordonné à tous les commandants de s’entretenir avec leurs soldats pour « leur expliquer clairement ce qui était permis et ce qui ne l’était pas, et rappeler ce qui était attendu d’un soldat chargé de protéger les citoyens de l’État d’Israël ».