Israël en guerre - Jour 529

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Doug Emhoff, Ritchie Torres rassurent les Juifs du Michigan sur le soutien à Israël de Kamala Harris

Lors d'un événement, l'époux de la candidate s'est demandé comment les électeurs juifs pourront voter pour Trump qui "attise l'antisémitisme partout où il va" ; le représentant de New York a affirmé que Harris est une pro-israélienne solide

Le  "second gentleman" Doug Emhoff  apporte son soutien à Kamala Harris lors d'un événement pour les électeurs juifs dans la banlieue de Détroit, le 20 octobre 2024. (Crédit : Andrew Lapin via JTA)
Le "second gentleman" Doug Emhoff apporte son soutien à Kamala Harris lors d'un événement pour les électeurs juifs dans la banlieue de Détroit, le 20 octobre 2024. (Crédit : Andrew Lapin via JTA)

SOUTHFIELD, Michigan (JTA) — Dans un local syndical de la banlieue de Détroit, environ 160 démocrates, pour la plupart Juifs, se sont rassemblés dimanche pour écouter Doug Emhoff les exhorter à voter pour son épouse, la vice-présidente des États-Unis Kamala Harris.

Les intervenants, à la tribune, ont appelé les résidents de l’État à voter et à s’inscrire sur les listes électorales – mais il y a eu aussi des initiatives prises sur le thème du judaïsme pour séduire les jeunes électeurs. L’une de ces initiatives a notamment repris le nom du premier service de Shabbat : « Kamala(t) Shabbat ». Le second gentleman juif a aussi évoqué des sujets qui sont au cœur des valeurs démocrates, comme la protection de la démocratie et le droit à l’avortement, en plus de problématiques qui concernaient plus spécifiquement les Juifs.

« Donald Trump et les Juifs, c’est tellement frustrant pour moi de constater que des Juifs lui apportent leur soutien », a déclaré Emhoff, qui a fait la liste des raisons justifiant, selon lui, le rejet de l’ancien président américain et candidat républicain par les électeurs juifs. Il a notamment fait référence à des propos tenus lors d’un récent événement qui avait été organisé au sein de la communauté, où Trump avait laissé entendre qu’il attribuerait la responsabilité d’une éventuelle défaite aux élections présidentielles aux membres de la communauté juive.

« Il attise l’antisémitisme partout où il se rend. Il ne se soucie pas de nous », a-t-il affirmé.

Cet événement de premier plan n’a pas été le seul à avoir été organisé dimanche par l’équipe chargée des relations avec les Juifs du Michigan dans le cadre de la campagne de Harris. Dans la journée, un rassemblement plus restreint avait eu lieu dans une habitation privée située dans le même comté, en présence du représentant de l’Etat de New York, Ritchie Torres. Objectif : convaincre les quelque 85 personnes présentes que Harris était un soutien solide d’Israël qui méritait leurs votes.

« Nous avions vraiment un double objectif aujourd’hui », a déclaré Jeremy Moss, sénateur démocrate de l’État du Michigan, qui est Juif, à la JTA, évoquant les deux événements de la journée. Si, selon Moss, le petit rassemblement auquel Emhoff a pris la parole avait été mis en place « pour les fidèles », l’intervention plus intime de Torres « visait à atteindre le cœur des électeurs indécis ou les électeurs dont la principale préoccupation est la question d’Israël ».

La petite réunion à laquelle Torres a participé a été une illustration du combat au corps à corps que mène l’équipe de campagne pour gagner des électeurs dans le Michigan – et elle a reflété la conviction des démocrates qui est que le scepticisme actuellement affiché par les électeurs juifs pro-israéliens peut être surmonté.

La candidate démocrate à la présidence Kamala Harris, à droite, et le second gentleman Doug Emhoff plantent un arbre commémoratif sur le terrain de la résidence du vice-président à Washington, le 7 octobre 2024, pour rendre hommage aux victimes et marquer le premier anniversaire de l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023. (Crédit : AP Photo/Ben Curtis)

Le Michigan accueille d’importantes populations juive et arabe américaines, ce qui fait de cet état pivot un champ de bataille déterminant en ce qui concerne la problématique de la guerre qui oppose actuellement Israël au Hamas. L’insatisfaction des deux communautés face à l’approche pour laquelle a opté l’administration Biden face à ce conflit – les Arabes américains dénonçant le soutien apporté à Israël, et certains Juifs américains s’inquiétant du fait que ce soutien pourrait être plus ferme – pourrait avoir un coût pour Harris dans un état où chaque vote sera susceptible de faire la différence pour l’avenir du pays. Le Michigan avait soutenu Trump en 2016 avant de se tourner vers Joe Biden en 2020.

Les deux événements de dimanche ont dissipé toute confusion sur le positionnement de Harris. Selon Laura Hearshen, qui siège au bureau des Démocrates juifs du Michigan, l’argumentaire avancé par l’équipe de campagne peut ainsi se résumer en une phrase : « L’administration Biden est très pro-israélienne et l’administration Harris le sera également. »

Un message qui peut sembler familier pour les habitants du Michigan. Un PAC associé à Elon Musk, l’allié milliardaire de Trump, a installé des affiches à quelques kilomètres seulement de l’étape de la campagne d’Emhoff, dans les banlieues de Détroit à forte population arabe et musulmane, des affiches qui ont été conçues pour ressembler aux publicités de Harris – et qui la présentent comme pro-israélienne.

Un panneau d’affichage conçu pour ressembler à une publicité pro-israélienne pour la vice-présidente Kamala Harris et la candidate démocrate juive au Sénat Elissa Slotkin dans le cadre d’une campagne publicitaire menée par un PAC républicain lié à Elon Musk, à Dearborn, dans le Michigan, le 13 octobre 2024. (Autorisation : Levi Smith)

« Ils soutiendront toujours Israël et nos communautés juives », est-il écrit sur l’un de ces panneaux, à côté des visages de Harris et de la députée Elissa Slotkin, candidate juive au Sénat, avec en arrière-fond le drapeau israélien. D’autres affiches vantent la relation étroite entre Harris et son mari, Doug Emhoff, en mettant l’accent sur le judaïsme de ce dernier.

L’objectif de ces publicités est d’éloigner les électeurs qui soutiendraient Harris mais qui s’opposent à elle sur la question d’Israël, et le même PAC a envoyé des courriers aux électeurs juifs qualifiant Harris d’anti-israélienne. Les démocrates juifs du Michigan ont estimé que les panneaux publicitaires « pro-Israël » réalisés par le PAC proche de Musk étaient antisémites et qu’ils entraient dans le cadre d’une initiative plus large, de la part des républicains, qui vise à dénigrer les minorités.

« Il s’agit simplement de cibler ce qu’il y a de plus sombre dans l’esprit humain », a noté Hearshen. « Il est réellement antisémite de penser que, simplement parce qu’il y a un Juif à la Maison Blanche, il serait en quelque sorte fidèle à Israël, qu’il œuvrerait dans les coulisses pour obtenir davantage d’aides pour Israël ».

Pourtant, comme l’a clairement montré la campagne de Harris dimanche, il est pratiquement impossible de distinguer le langage utilisé sur ces affiches du message que l’équipe de campagne elle-même tente de transmettre aux électeurs juifs.

« Non seulement elle comprend l’importance des États-Unis pour Israël mais elle comprend également l’importance d’Israël pour les États-Unis », a expliqué la représentante Kathy Manning, une démocrate pro-israélienne de Caroline du Nord originaire de la région de Détroit, lors du rassemblement auquel a pris part Emhoff. « Elle a prouvé qu’elle était déterminée à soutenir Israël ».

« Elle a accordé la priorité à Israël tout au long de sa carrière », a renchéri Emhoff lors du discours qu’il a prononcé devant une toile de fond où le nom de son épouse était écrit en hébreu. « Je vous promets qu’elle est profondément investie dans la sécurité d’Israël et dans la protection du peuple juif. »

Les responsables juifs du parti démocrate, dans le Michigan, ont laissé entendre que ces messages entraient dans le cadre d’un calcul astucieux de la part de l’équipe de campagne de Harris à quelques semaines seulement du jour du scrutin : les électeurs juifs résolument pro-israéliens seront plus facilement persuadés de voter pour la candidate démocrate que cela ne sera le cas des électeurs pro-palestiniens, musulmans et arabes de l’État et d’ailleurs. Ce qui s’explique en partie par le fait que les Juifs votent traditionnellement davantage que les musulmans, et en partie par le fait que les démocrates traditionnels sont de plus en plus convaincus que les manifestants pro-palestiniens les plus virulents font dorénavant preuve d’une plus grande fermeté dans leur opposition.

La candidate démocrate à l’élection présidentielle, la vice-présidente Kamala Harris, écoute le récit d’un parent survivant alors qu’elle rejoint Oprah Winfrey lors de l’événement Unite for America Live Streaming, le 19 septembre 2024, à Farmington Hills, dans le Michigan. (Crédit : AP Photo/Paul Sancya)

« Ils protestent contre Kamala Harris. Alors laisser entendre qu’il s’agirait d’électeurs qui peuvent être convaincus d’une manière ou d’une autre, ce n’est tout simplement pas quelque chose dont la vice-présidente a besoin en ce moment », a indiqué Jordan Acker, proche du parti démocrate et recteur juif de l’université du Michigan, dont l’habitation et l’entreprise ont été pris pour cible par des manifestants pro-palestiniens qui réclamaient à l’établissement d’enseignement supérieur de désinvestir d’Israël.

Acker, qui, dans un discours précédant l’intervention d’Emhoff, a vanté les efforts livrés par l’administration Biden-Harris qui a tenté d’avoir recours au titre VI de la loi sur les droits civils afin de pouvoir réprimer les manifestants sur les campus du pays, a ultérieurement fait savoir à la JTA que Harris espérait toujours gagner le soutien d’une partie des électeurs arabes américains.

« Y a-t-il des électeurs de la communauté arabe américaine dont la campagne de Harris doit ‘s’emparer’ ? Absolument », a-t-il affirmé. « Mais il s’agit là de ceux qui soutiennent la solution des deux États et qui cherchent à rapprocher les communautés juive et arabe aux États-Unis. »

La rhétorique utilisée par Harris dans le cadre du conflit à Gaza – en particulier au début de l’année – avait été largement perçue comme plus critique à l’égard d’Israël que celle de Biden. Ces derniers jours, dans le Michigan et dans les États voisins, elle a mis en avant ses partisans arabes américains, allant jusqu’à apostropher avec amabilité un manifestant pro-palestinien qui affirmait qu’Israël commettait un « génocide », tout en l’invitant à quitter la salle.

Des militants anti-israéliens manifestent avant l’arrivée de la candidate démocrate à la présidence, la vice-présidente Kamala Harris, lors d’un événement de campagne à l’école de commerce de l’université du Wisconsin à Milwaukee, le 17 octobre 2024. (Crédit : AP Photo/Jacquelyn Martin)

Mais rien de tout cela n’est apparu lors de l’événement intime auquel Torres a participé – et où, selon plusieurs organisateurs de l’événement, le représentant n’a présenté aux électeurs juifs que des positionnements pro-israéliens dépourvus de toute ambiguïté. L’ancien député juif américain Sander Levin était apparemment présent lors de cette rencontre.

Torres a notamment souligné que l’équipe de Harris avait rejeté les appels lancés par les organisateurs du mouvement de protestation « Uncommitted », qui se trouvent dans le Michigan, et qui souhaitaient accueillir un intervenant américain d’origine palestinienne à la tribune de la Convention nationale du parti démocrate. Selon Torres, Harris a pris cette décision controversée parce qu’elle ne voulait pas risquer que des propos clairement défavorables à Israël puissent être tenus lors de cet événement déterminant pour le parti.

Il a également minimisé l’importance d’une lettre récente qui avait été envoyée par l’administration Biden-Harris à l’État juif, avertissant ce dernier qu’il risquait de perdre son aide militaire si la situation humanitaire ne s’améliorait pas à Gaza. Selon lui, cette lettre a été une initiative politique qui n’a reflété aucun changement dans la posture de l’administration – et ce, malgré les informations faisant état de pénuries alimentaires dramatiques dans l’enclave alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire dans cette région. (Torres, qui a fait campagne pour Harris dans plusieurs États, n’a pas répondu à une demande de commentaire).

Les efforts livrés par Harris pour gagner le soutien des électeurs pro-israéliens interviennent alors que les alliés de Donald Trump se sont emparés de la question d’Israël pour tenter de diviser les coalitions démocrates traditionnelles dans le Michigan. En plus de la campagne publicitaire soutenue par Musk, Trump a commencé à courtiser les électeurs musulmans et arabes de l’État avec l’aide du beau-père libanais de sa fille Tiffany, et il a obtenu l’appui du maire musulman d’une banlieue de Détroit.

Le candidat républicain à la présidence, l’ancien président Donald Trump, arrive à l’aéroport métropolitain de Detroit Wayne County, le 18 octobre 2024, à Detroit. (Crédit : AP Photo/Evan Vucci)

La procureure générale juive de l’État, Dana Nessel, est récemment devenue le visage des querelles internes au sein du parti démocrate sur la question d’Israël lorsqu’elle a accusé la députée Rashida Tlaib d’antisémitisme – celle-ci avait critiqué avec force sa décision de porter plainte à l’encontre de manifestants pro-palestiniens à l’université du Michigan. Nessel, qui était présente à l’événement d’Emhoff mais qui n’y a pas pris la parole, a fait savoir à la JTA que le parti « compte quelques éléments plus marginaux … dont l’antisémitisme est flagrant. Mais ce ne sont pas eux qui dirigent notre parti ».

Alors qu’il lui demandait si Tlaib elle-même appartenait à « ces éléments dont l’antisémitisme est flagrant », Nessel n’a pas voulu répondre de façon précise, se contentant de dire que « il y a des éléments au sein du parti qui ont très certainement, je pense, prêté une oreille attentive à la désinformation, et c’est quelque chose qu’il faut éradiquer, ce qui réclamera un travail difficile ».

Aucun des événements qui ont été organisés dimanche en direction des électeurs juifs n’a abordé les questions de la protection des Palestiniens au sein de la société ou des projets de gouvernance pour l’après-guerre à Gaza. Raymond Rosenfeld, qui était professeur de sciences politiques à l’Eastern Michigan University avant de prendre sa retraite et qui est l’un des délégués de la circonscription de Bloomfield Township, a confié à la JTA qu’il était possible de soutenir à la fois les aspirations israéliennes et palestiniennes, mais que c’était toutefois très dur dans un climat aussi tendu.

« L’empathie est nécessaire. C’est une valeur juive, je pense », a-t-il déclaré. « On peut être à la fois pro-israélien et sioniste convaincu, tout en étant bouleversé par le désespoir de nombreux Palestiniens ».

Mais les Juifs du Michigan partagent-ils cette conviction ? A cette question, Rosenfeld a répondu : « Je l’espère. Mais je pense que l’environnement, tel qu’il est, fait qu’il est très difficile d’en discuter. »

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