Éducation en Israël : Il faut miser sur le capital humain – Banque centrale
Le gouverneur de la Banque centrale a ajouté qu'il fallait investir dans l'éducation des tout-petits et dans les populations vulnérables pour dynamiser la main-d'œuvre
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Le gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron, a souligné lundi l’importance d’investir dans le système de l’éducation pour améliorer le capital humain de la jeune génération qui, selon lui, sera l’un des principaux moteurs de croissance de l’économie.
Prenant la parole lors d’une conférence sur le capital humain et sur le marché du travail qui était organisée par le Département de recherche de la Banque centrale, Yaron a indiqué que cette dernière était en train de préparer, avec beaucoup de rigueur, des recommandations réactualisées sur la manière de renforcer le capital humain, des recommandations qui seront soumises au prochain gouvernement.
Combler les écarts entre l’État juif et les autres économies avancées – en matière de compétences, de productivité, d’inégalités entre les revenus et de taux de pauvreté – nécessite avant tout d’investir dans l’éducation des tout-petits, a dit le gouverneur.
« Même si le taux de personnes éduquées en Israël est l’un des plus élevés parmi l’ensemble des pays développés, les résultats des élèves dans le système éducatif sont faibles si on les compare au reste du monde et le niveau de compétences de base des salariés, dans l’économie, est aussi inférieur à la moyenne par rapport aux autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) », a remarqué Yaron.
« Cet écart en termes de compétences commence à se montrer à un très jeune âge et traiter le problème doit donc commencer tôt, de manière à éviter que les écarts ne persistent ou ne s’aggravent à un âge plus avancé », a-t-il ajouté.
Les propos tenus par Yaron surviennent dans un contexte d’inquiétudes des responsables de l’éducation en Israël, passé et actuels, que les partis Haredim puissent avoir une autorité sans précédent sur l’enseignement dans les écoles ultra-orthodoxes avec l’accession au pouvoir du nouveau gouvernement composé de l’extrême droite, de la droite et des religieux ultra-orthodoxes. Les officiels sont aussi préoccupés à l’idée que davantage de financements soient alloués à des programmes d’éducation négligeant par ailleurs l’enseignement des matières fondamentales, comme les mathématiques et l’anglais.
Pour sa part, Avi Maoz, qui appartient à la faction Noam, farouchement anti-LGBT, a demandé à prendre la tête d’un bureau consacré « à l’identité nationale juive » d’Israël qui aura également le contrôle de programmes enseignés aux élèves israéliens.
Les partis appartenant par ailleurs à la future probable coalition auraient conclu un accord qui prévoit une augmentation nette des allocations versées aux élèves de yeshiva, qui ne travaillent pas.
S’exprimant aussi lors de la conférence, le directeur du département de recherche de la Banque d’Israël, le professeur Michel Strawczynski, a déploré que « ces dernières années, Israël n’a pas obtenu de bonnes notes dans les tests internationaux qui étudient les connaissances de base dans les principaux domaines – ce qui affecte le fonctionnement du marché du travail, que ce soit parmi les élèves ou les adultes ».
« De plus, la composition attendue de la population au cours des trente prochaines années pose une difficulté particulièrement significative au vu de la croissance des groupes de population les plus vulnérables au sein de la société – qui constitueront une partie majeure de la population en âge de travailler », a noté Strawczynski.
« Le défi le plus significatif qui nous attend, pour l’économie, est de créer les conditions nécessaires pour que la jeune génération puisse acquérir les outils appropriés qui lui permettront de faire face aux difficultés de l’économie du futur », a-t-il continué.
« Ce qui comprend des connaissances dans des compétences qui peuvent être utilisées dans les industries des hautes-technologies », a-t-il remarqué.
Strawczynski a souligné la nécessité de faire des réformes et de mettre en place des outils politiques qui permettront de changer « la direction apparente [que nous empruntons] » – une question « d’autant plus nécessaire pour le nouveau gouvernement qui est actuellement en cours de formation ».
Le système éducatif israélien s’est toujours caractérisé, dans l’Histoire, par des disparités entre les différents systèmes – le système laïc d’État, le système ultra-orthodoxe, le système arabe, le système bédouin et le système druze.
Les différences se reflètent dans les matériels d’apprentissage, dans les ressources éducatives et dans les budgets, ce qui se traduit, in fine, par des différences de niveau et de compétences entre les élèves issus de milieux socio-économiques favorisés ou plus pauvres.
Un grand nombre des élèves issus de catégories socio-économiques défavorisées appartiennent au secteur arabe ou haredi, des élèves qui montrent des lacunes en termes de niveau ou de compétences de base lorsqu’ils entrent dans l’enseignement supérieur et qui ont plus de difficultés à entrer sur le marché dans l’emploi.
Les principales recommandations faites par la Banque d’Israël se concentrent sur l’éducation dans la petite enfance. Yaron a indiqué qu’il fallait allouer des fonds publics en soutien à des programmes de l’État en direction des enfants âgés de zéro à deux ans, notant que les budgets actuellement alloués sont très faibles par rapport aux normes internationales.
« Toutes les recherches montrent que l’éducation des tout-petits est particulièrement utile pour les populations les plus vulnérables et si on appréhende le sujet sous l’angle de la rentabilité, il est déterminant, pour le gouvernement, de consacrer les activités qu’il consacre à la petite enfance aux strates socio-économiques défavorisées en évitant les subventions généralisées », a dit Yaron.
Il a par ailleurs ajouté que la qualité de l’enseignement au sein de l’État juif devait s’améliorer dans le but de dynamiser le capital humain dans le pays.
Le gouverneur a indiqué qu’une infrastructure d’évaluation efficace des enseignants devait être établie sur la base de la réussite de leur travail – constatée par l’amélioration du niveau et des compétences des élèves – et sur la base également de leur capacité à promouvoir d’autres objectifs éducatifs.