En Autriche, des dizaines de milliers de manifestants contre l’extrême droite
À Vienne, 35 000 manifestants selon la police, 80 000 selon les organisateurs, se sont réunis en début de soirée devant le Parlement
L’Autriche a été à son tour gagnée vendredi par des manifestations parties d’Allemagne et dénonçant le « racisme » de l’extrême droite, avec une mobilisation massive de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
À Vienne, 35 000 manifestants selon la police, 80 000 selon les organisateurs, se sont réunis en début de soirée devant le Parlement, sur la célèbre avenue du Ring, malgré la pluie.
« Nous sommes ici, tous ensemble, pour défendre la démocratie et nous dresser contre les mouvements extrémistes qui font tache d’huile en Europe », a témoigné auprès de l’AFP Elena Tiefenböck, 25 ans, qui étudie dans la capitale. Et « pour que le passé ne se répète pas », alors que la formation d’extrême droite FPÖ est donné en tête des prochaines législatives.
Une perspective « très inquiétante » pour Barbara Brauböck, une psychothérapeute de 53 ans, parce qu’elle « polariserait toujours plus la société ».
« (Herbert) Kickl est un nazi », pouvait-on lire sur une pancarte s’en prenant au virulent chef du mouvement, farouchement anti-migrants et qui veut devenir « Volkskanzler », le « chancelier du peuple », une expression utilisée par Adolf Hitler qui suscite beaucoup de commentaires dans la presse autrichienne.
La manifestation, parsemée de parapluies colorés et de lanternes, était organisée par « Fridays for Future », qui dénonce l’opposition de l’extrême droite aux mesures contre le réchauffement climatique, aux côtés de deux associations, l’une de défense des populations noires d’Autriche et l’autre des demandeurs d’asile.
Le parti social-démocrate SPÖ et les écologistes s’y sont associés, tout comme l’organisme Caritas et plusieurs syndicats.
« Certains d’entre nous ont déjà fait leurs valises ou réfléchissent au pays dans lequel ils pourraient s’enfuir », a déploré la conseillère municipale sociale-démocrate d’origine congolaise Mireille Ngosso, également militante de « Black Voices Austria », citée par la télévision publique ORF.
D’autres rassemblements ont eu lieu dans les villes de Salzbourg et d’Innsbruck avec un mot d’ordre similaire.
Une extrême droite habituée au pouvoir
Comme en Allemagne, le sursaut a été provoqué par la révélation le 10 janvier par le média d’investigation allemand Correctiv d’une réunion en novembre à Potsdam, lors de laquelle un projet d’expulsion massive de personnes étrangères ou d’origine étrangère a été discuté.
Parmi les participants, se trouvaient l’idéologue identitaire autrichien Martin Sellner et des membres du parti allemand d’extrême droite AfD.
L’AfD a confirmé sa présence à la réunion, mais nié adhérer à ce projet de « remigration », ce qui n’a pas empêché plus de 1,4 million de personnes de dénoncer dans la rue depuis une semaine les tendances radicales de cette formation, devenue la deuxième force politique du pays.
Plus de 200 manifestations sont encore programmées dans toute l’Allemagne au cours de ce week-end – en majorité dans des villes moyennes, dont un certain nombre dans l’est du pays où l’AfD obtient ses meilleurs résultats électoraux.
Contrairement à sa voisine, l’Autriche connaît une extrême droite implantée politiquement depuis les années 1980. C’est dans ce pays qu’elle a été associée au pouvoir au niveau national, pour la première fois au sein de l’Union européenne, en 2000 : 250 000 personnes avaient alors protesté dans la rue contre le succès du tribun Jörg Haider.
Le FPÖ a de nouveau gouverné, toujours en coalition avec les conservateurs, entre 2017 et 2019, grâce aux bons scores d’un autre de ses dirigeants, Heinz-Christian Strache.
Des élections législatives doivent avoir lieu dans les prochains mois en Autriche, mais aucune date n’a pour l’instant été annoncée pour la tenue du scrutin.