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En écho à l’Évangile, les vestiges d’un jardin découverts sous l’église du Saint-Sépulcre

Des fouilles historiques qui devraient bientôt s'achever dans l'église située dans la Vieille ville de Jérusalem ont permis de découvrir des informations sans précédent - présentées en avant-première par le ToI

L'église du Saint-Sépulcre pendant des travaux de rénovation, en mars 2025. (Crédit : Rossella Tercatin/Times of Israel)
L'église du Saint-Sépulcre pendant des travaux de rénovation, en mars 2025. (Crédit : Rossella Tercatin/Times of Israel)

Il y a environ 2 000 ans, des oliviers et des vignes poussaient très probablement sur le sol où se trouve aujourd’hui l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem – comme l’ont révélé de nouvelles fouilles archéologiques qui ont été réalisées sur le site.

Une découverte qui reflète la description faite dans l’évangile de Jean, où il évoquait ces lieux très précisément.

« À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. C’est là qu’ils déposèrent Jésus », est-il écrit dans cet évangile (chapitre 19: versets 41-42).

La présence, il y a très longtemps, d’oliviers et de vignes a été établie grâce à des analyses archéobotaniques et polliniques d’échantillons qui avaient été prélevés lors des excavations faites sous le sol de l’ancienne basilique. D’après le contexte archéologique et les différentes strates examinées, cette présence remonterait à l’ère pré-chrétienne – d’éventuels tests au radiocarbone n’ont toutefois pas encore été effectués.

« Nous savons que cette zone faisait déjà partie de la ville à l’époque de l’empereur Hadrien, lorsque les Romains avaient construit Aelia Capitolina », explique la professeure Francesca Romana Stasolla qui travaille au sein de l’université Sapienza, à Rome, faisant référence à la ville romaine qui avait été érigée sur les ruines de Jérusalem dans la première moitié du 2e siècle de l’ère commune. « Toutefois, à l’époque de Jésus, la zone ne faisait pas encore partie de la ville ».

Selon la tradition chrétienne, l’église du Saint-Sépulcre se dresse sur les lieux où Jésus avait été crucifié (un endroit connu sous le nom de Calvaire, ou Golgotha) et sur sa tombe située à proximité, une tombe qui est aujourd’hui surmontée d’un édicule qui avait été construit en 1810.

C’est Stasolla qui dirige les fouilles actuellement menées sur le site depuis qu’elles ont commencé, en 2022.

Francesca Romana Stasolla, professeur titulaire d’archéologie chrétienne et médiévale à l’université Sapienza de Rome, devant l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem. (Crédit : Rossella Tercatin/Times of Israel)

En 2019, après des décennies de luttes intestines, les trois communautés religieuses chargées de gérer l’église – le Patriarcat orthodoxe, la Custodie de Terre sainte et le Patriarcat arménien – avaient accepté de lancer d’importants travaux de rénovation qui visaient à remplacer le sol du bâtiment, qui datait, dans sa majorité, du 19e siècle.

Une initiative qui représentait le premier projet de restauration de grande ampleur de la basilique depuis l’incendie de 1808.

Les fouilles archéologiques actuellement entreprises ont été autorisées par l’Autorité israélienne des antiquités, comme l’exige la loi consacrée à tous les chantiers archéologiques menés dans le pays.

Par cet après-midi ensoleillé et estival – nous sommes au mois de mars – le quartier chrétien de la Vieille ville de Jérusalem semble calme et presque vide de visiteurs, les tensions géopolitiques latentes décourageant encore la grande majorité des touristes d’entreprendre un voyage à destination d’Israël et de Jérusalem.

Des visiteurs visitent l’église du Saint-Sépulcre, alors que les ouvriers se dépêchent de préparer la basilique pour Pâques. (Rossella Tercatin/Times of Israel)

Une fois arrivée à l’enceinte où se trouve l’église du Saint-Sépulcre, la journaliste que je suis constate un changement d’atmosphère – avec un flot constant de personnes qui entrent et qui sortent, et avec le bruit incessant des foreuses et autres matériels de chantier. Les ouvriers se mêlent aux fidèles et aux prêtres, transportant leurs outils et autres équipements de construction à l’intérieur et à l’extérieur de l’église. Un intense parfum d’encens complète l’expérience sensorielle des visiteurs.

« Avec les travaux de rénovation, les communautés religieuses ont décidé d’autoriser également les fouilles archéologiques sous le sol », explique Stasolla, qui s’entretient avec le Times of Israel pour la première fois depuis le début des fouilles.

« Mais pour le moment, il n’y a pas de zone de fouilles ouverte parce que l’église se prépare pour Pâques, quand elle devra être entièrement accessible aux pèlerins », ajoute-t-elle.

Plan des zones de fouilles dans le Saint Sépulcre. (Crédit : Rossella Tercatin/Times of Israel)

La chercheuse souligne qu’en raison de la nature sensible du site et de ses besoins particuliers en matière de logistique, l’équipe a dû travailler en montrant une extrême prudence.

Tous les archéologues qui participent à ce chantier sont Italiens et affiliés à l’université La Sapienza.

« Nous nous relayons mais notre équipe à Jérusalem comprend toujours dix ou douze personnes », déclare Stasolla. « L’atmosphère qui règne ici est très particulière ; nous avons été accueillis chaleureusement et nous avons tissé des relations solides avec tout le monde ».

Occasionnellement, des experts travaillant dans des domaines spécifiques – géologues, archéobotanistes archéozoologues, etc… qui viennent de Rome – rejoignent l’équipe de Jérusalem.

Des archéologues de l’université Sapienza de Rome participant aux fouilles entreprises dans l’église du Saint-Sépulcre. (Crédit : Archivio Università di Roma La Sapienza)

« Toutefois, la majorité des membres de l’équipe reste à Rome où nous envoyons les données nécessaires pour effectuer le travail de post-production », ajoute Stasolla.

Attention : Des hommes (et des femmes) au travail

Difficile de ne pas remarquer, en déambulant dans l’église, le sol qui a été temporairement mis en place pour permettre aux visites de continuer – même si certaines zones restent fermées au public.

Pour permettre une accessibilité maximale au site pendant le travail de fouilles, Stasolla et son équipe ont divisé le secteur en zones non-contiguës, creusant une zone après l’autre et recouvrant chacune d’entre elles avant de passer à la suivante.

« Si nous n’avons pas été en mesure d’avoir un aperçu intégral de l’église au cours de ce chantier de fouilles, les nouvelles technologies nous permettent de reconstruire une image globale des lieux dans nos laboratoires », explique Stasolla. « Si nous devions aborder ce travail sous la forme d’un puzzle, alors j’ai envie de dire nous ne creusons qu’une pièce à la fois – mais à terme, nous aurons une reconstruction multimédia complète du tableau dans son ensemble ».

L’église du Saint-Sépulcre pendant les travaux de rénovation en mars 2025. (Crédit : Rossella Tercatin/Times of Israel)

Au fil des siècles, le Saint-Sépulcre a connu de multiples cycles de destructions et de restaurations.

La première structure avait été érigée au 4e siècle de l’ère commune par Constantin, le premier empereur converti au christianisme. L’église avait été incendiée par les Perses au 7e siècle et elle avait été attaquée par le calife al-Hakim en 1009. Des travaux importants de restauration avaient donné à l’église son aspect actuel alors que la ville de Jérusalem était placée sous la domination des croisés, au 12e siècle.

Selon Stasolla, les strates dissimulées sous le sol, qui sont semblables aux pages d’un livre, offrent une extraordinaire chronique de l’Histoire de Jérusalem depuis l’âge de fer (1200-586 avant l’ère commune).

« L’église se trouve sur une carrière, ce qui n’est pas surprenant dans la mesure où c’est le cas d’une grande partie de la Vieille ville de Jérusalem », dit Stasolla. « La carrière était déjà en activité à l’âge de fer. Au cours des fouilles, nous avons retrouvé des poteries, des lampes et d’autres objets du quotidien qui dataient de cette période ».

Quand la carrière avait cessé d’être exploitée, une partie du secteur avait été dévolue à l’agriculture – c’était avant que l’église ne soit construite.

Des fouilles à l’église du Saint-Sépulcre. (Crédit : Archivio Università di Roma Sapienza)

« Des murets de pierre ont été construits et les espaces qui les séparaient les uns des autres ont été remplis de terre », déclare Stasolla. « Les découvertes archéo-botaniques ont été particulièrement intéressantes pour nous à la lumière de ce qui est mentionné dans l’évangile de Jean – dont les informations sont considérées comme ayant été écrites ou recueillies par quelqu’un qui connaissait bien Jérusalem à l’époque. L’évangile mentionne un espace de verdure entre le calvaire et le tombeau, et nous avons localisé ces champs cultivés ».

Des découvertes datant de Constantin

À l’époque de Jésus, l’ancienne carrière était également utilisée comme cimetière avec plusieurs tombes qui avaient été taillées dans la roche, comme dans d’autres quartiers de Jérusalem.

« Il faut imaginer qu’au fur et à mesure que la carrière a été abandonnée, les tombes ont été creusées à différents niveaux », explique Stasolla. « Il y avait donc plusieurs sépultures à cette période. Constantin a choisi celle qui avait été vénérée en tant que tombeau où reposait Jésus et il l’a isolée des autres, dans l’espace qui correspond à l’actuelle rotonde ».

Plusieurs autres tombes sont intégrées à l’enceinte du Saint-Sépulcre – dont celle qui, comme le veut la tradition chrétienne, accueillerait Joseph d’Arimathie, qui avait fait don à Jésus de son caveau vide, selon les écritures.

Stasolla et son équipe ont par ailleurs fait plusieurs découvertes qui remontent probablement au 4e siècle.

Un sol partiellement fouillé dans l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem au mois de juin 2023 révèle les différents types de construction et de maçonnerie utilisés au cours des siècles. (Autorisation : l’Archivio Università La Sapienza, Roma)

« Sous l’édicule actuel, nous avons trouvé une base circulaire qui fait partie de la première monumentalisation du tombeau, en marbre », ajoute-t-elle. « C’est intéressant parce que les représentations les plus anciennes de l’édicule, qui datent des 5e et 6e siècles, le décrivent comme circulaire. Nous pensons donc que cette base circulaire était intégrée dans la structure originale construite par Constantin ».

Des tests supplémentaires sur cet artéfact, qui mesure environ six mètres de diamètre, pourraient permettre aux chercheurs d’en savoir plus sur l’Histoire de ce monument antique.

« Nous effectuons des analyses géologiques pour vérifier l’origine du marbre et nous examinons également le mortier », précise Stasolla. « Ces deux études sont susceptibles de nous fournir des informations importantes ».

Autre trouvaille qui date certainement du 4e siècle, des pièces de monnaie qui ont été récupérées dans l’actuelle rotonde, à l’Est. La plus ancienne avait été frappée sous Constance II (en l’an 337-361 de l’ère commune) et la plus récente sous Valens (en l’an 374-378 de l’ère commune).

Les chercheurs ont également trouvé des centaines d’ossements d’animaux qui avaient été dépecés et consommés au cours des millénaires par les prêtres et les pèlerins.

Un rapport préliminaire consacré à ces fouilles, qui a été publié en 2023 dans la revue « Liber Annuus », décrit le contenu d’une tranchée de la structure datant de la période des croisades et celui d’une fosse d’égout moderne.

Un membre de l’équipe de restauration enlève une pierre du sol de l’église du Saint-Sépulcre, où de nombreux chrétiens croient que Jésus a été crucifié, enterré et ressuscité, dans la Vieille ville de Jérusalem, le 17 mars 2022. (Crédit : AP Photo/Mahmoud Illean)

Dans les deux cas, les restes provenaient de moutons, de chèvres, de porcs, de poulets, d’oies et de pigeons – avec toutefois de nombreux poissons. Parmi les espèces de poissons identifiées, un poisson-poney de l’océan Indo-Pacifique et une morue de l’Atlantique.

« Nous avons également trouvé des coquilles d’escargots terrestres qui appartenaient à une espèce qui est encore consommée aujourd’hui », note Stasolla. « Cette espèce est originaire d’ici et elle s’était répandue dans toute la Méditerranée après les croisades ».

L’archéologue souligne qu’une vision plus claire de l’évolution du régime alimentaire des hommes et des femmes qui ont vécu et qui ont visité l’église, au cours des siècles, ne sera possible qu’après les nombreuses analyses auxquelles les ossements doivent être soumis.

La documentation scientifique de toutes les découvertes qui ont été faites pendant les fouilles – il y a, par exemple, environ 100 000 fragments de poterie – prendra des années.

Les travaux archéologiques doivent être relancés après Pâques et ils devraient s’achever d’ici quelques mois.

L’entrée de l’église du Saint-Sépulcre pendant les travaux de rénovation, en mars 2025. (Crédit : Rossella Tercatin/Times of Israel)

« Il ne nous reste plus qu’une partie de l’allée nord à explorer », note Stasolla.

Interrogée sur la possibilité que l’archéologie soit un jour en mesure de déterminer de manière définitive si Jésus a bien été inhumé au Saint-Sépulcre, Stasolla fait remarquer qu’il est important de considérer les domaines de la foi et de l’Histoire comme distincts.

« Néanmoins, c’est la foi de ceux qui ont cru au caractère sacré de ce site pendant des millénaires qui lui a permis d’exister et de se transformer », déclare-t-elle.

« C’est vrai pour tous les lieux saints », ajoute-t-elle.

« Le véritable trésor que nous sommes en train de révéler, c’est l’Histoire des individus qui ont fait de ce site ce qu’il est dorénavant par la force de leur foi », poursuit-elle.

« Indépendamment du fait que l’on puisse croire ou non à l’historicité du Saint-Sépulcre, le fait que des générations de personnes y ont cru est objectif. L’Histoire de ce lieu, c’est l’Histoire de Jérusalem et au moins à un certain degré, c’est aussi l’Histoire du culte de Jésus-Christ ».

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