En entrant à la Knesset, l’activiste du mont du Temple réfute les prédictions de catastrophes
Yehuda Glick affirme qu'il défendra le changement du statu quo et les Juifs réformés ; les Palestiniens ne semblent pas réagir
Pour un homme qui a été touché quatre fois à bout portant en 2014 par un Palestinien armé qui l’avait déclaré comme étant un « ennemi d’Al-Aqsa », le nouvel entrant au Likud et l’activiste du mont du Temple, Yehuda Glick, est remarquablement dédaigneux de tout lien entre son combat pour la prière juive dans le lieu saint juif et le terrorisme palestinien.
« Je ne comprends pas cette affirmation », a déclaré le rabbin orthodoxe d’origine américaine au Times of Israël, se référant à l’argument selon lequel son activisme attise la violence et les prévisions fatalistes que son entrée à la Knesset mercredi pourrait déclencher des attaques – ou une troisième guerre mondiale.
L’homme de 50 ans a prêté serment à la Knesset mercredi après que l’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon ait démissionné vendredi.
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Glick, qui dirige Haliba, une organisation qui emmène des groupes juifs au mont du Temple, s’engage à travailler au sein de la Knesset pour changer les arrangements « absurdes et mauvais » sur le site sensible, qui stipulent que les Juifs peuvent visiter le site mais ne peuvent pas y prier.
Bien qu’Israël a à maintes reprises rassuré les Palestiniens et les Etats arabes qu’il ne modifiera pas le statu quo sur le site sensible, Glick est sûr qu’il trouvera des alliés à la Knesset pour soutenir sa cause. Lorsqu’on lui a demandé s’il allait édulcorer ses propos si on lui demandait de le faire pour des raisons de sécurité, il a dit qu’il n’y aurait « aucun raisonnement » [valable] derrière une telle demande et a maintenu : « je vais continuer à défendre » [ma position].
Mais, peut-être dans un incident qui représente les premières lueurs des obstacles qu’il pourrait rencontrer au parlement, lundi Glick a effectué sa dernière visite au mont du Temple en tant que citoyen privé (en tant que député israélien, Glick sera effectivement exclu du mont du Temple, une interdiction pour laquelle il a exprimé son soutien dans le passé). Bien qu’il ait affirmé qu’il a coordonné ce déplacement avec le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, Glick a ensuite été réprimandé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« C’est la dernière fois que vous me faites un coup pareil », aurait-on entendu Netanyahu dire à un Glick stupéfait à la fin d’une réunion de la faction du Likud lundi après-midi.
Une réponse palestinienne en sourdine
Certains critiques mettent en garde contre le fait que le futur député Glick, un symbole du changement au mont du Temple, pourrait causer des problèmes.
« Yehuda Glick qui se joint à la Knesset créerait encore plus de pression sur le gouvernement pour modifier les dispositions du statu quo sur le mont du Temple », a déclaré le Dr Motti Inbari, un professeur agrégé en religion à l’UNC Pembroke et un expert sur les mouvements juifs du mont du Temple.
« Je doute qu’il puisse changer quoi que ce soit, mais les deux nominations [au poste de ministre de la défense d’Avigdor] Liberman et de Glick envoient un message avec une ligne plus dure du gouvernement israélien, et je ne serais pas surpris si les Musulmans y voient une provocation contre eux et réagissent ».
« Il fait partie d’un mouvement qui traite de la pyromanie », a ajouté Daniel Seidmann, un avocat et expert en géopolitique de Jérusalem. « Il y a peu de menaces qui créent un danger clair et présent pour les intérêts vitaux d’Israël plus qu’un changement radical sur le mont du Temple ».
Mais la réponse palestinienne à l’entrée de Glick à la Knesset a jusqu’ici été mise en sourdine, avec les médias arabes qui ont signalé la nomination (comme ils le font à chaque fois qu’il monte sur le mont du Temple), mais il n’y a eu aucune condamnation officielle ou d’indignation exceptionnelle alors que le cycle de violences qui dure depuis sept mois, provoqué en grande partie par les menaces perçues sur le mont du Temple, est sur le déclin.
Parlant depuis le mont du Temple lundi Glick a déclaré que son objectif était de ramener la paix sur le site. Une vidéo datant de 2014 le montre en train de réciter joyeusement une prière en arabe avec les fidèles musulmans.
« Sachez que tout ce que je fais vient de la paix que ce lieu représente. Je souhaite que l’on se souvienne que la paix est le nom de Dieu et que tout ce que je fais pour le pays, le peuple et pour Jérusalem, est entraîné par cette ville, la ville de la paix », a-t-il soutenu.
« Je crois en la liberté, je crois en l’égalité »
Né à Brooklyn, à New York, Glick a émigré en Israël à l’âge de neuf ans et attribue son utilisation du language des droits civils et de l’égalité à son éducation américaine.
En entrant à la Knesset, Glick a dû renoncer à sa citoyenneté américaine, quelque chose pour laquelle, révèle-t-il, il a des « sentiments mitigés ». C’est « une partie de moi », a-t-il expliqué, tout en soulignant qu’il se sent maintenant à « 100 % israélien ».
Avant son activisme sur le mont du Temple, il a travaillé pendant près de dix ans au ministère de l’Intégration, avant de quitter son poste pour protester contre le retrait d’Israël de Gaza en 2005. Il vit dans l’implantation d’Otniel en Cisjordanue, et était le voisin de la femme israélienne qui a été tuée, Dafna Meir, qui a été poignardée à mort dans sa maison plus tôt cette année.
Comme Meir, Glick est le père adoptif de deux enfants, et père de six enfants. Lui et sa femme sont aussi les tuteurs légaux de six enfants de Tali et Yitzhak Ames, qui ont été tués dans une attaque terroriste en 2010.
Bien que décrié par les Palestiniens comme un « extrémiste » et un « provocateur », Glick se présente comme un activiste avoué des droits de l’Homme et envisage le débat sur la prière juive au mont du Temple comme une question des droits de l’Homme.
« Je suis un très grand partisan des droits de l’Homme et je pense que nous devrions faire tout notre possible pour promouvoir la liberté d’expression pour tout le monde. Je crois en la liberté, je crois en l’égalité et je pense que ce sont les valeurs fondamentales sur lesquelles l’Etat juif est fondé », a déclaré Glick.
Michael Melchior, un ancien ministre du gouvernement qui a été actif avec le père de Glick, Shimon, dans le parti libéral et religieux, Meimad, s’est demandé si Glick devait être célébré comme étant une voix de la tolérance. Bien que Melchior admire l’utilisation du langage universaliste de Glick dans son travail sur le mont du Temple, il a dit que Glick est incohérent dans son discours dans la mesure où il ne lutte pas pour les droits des Palestiniens.
« Le motif des droits de l’homme est utilisé pour dire : ‘eh bien, pourquoi les Juifs ne devraient pas avoir le droit de prier partout ?’ », a expliqué Melchior. « Mais le motif des droits de l’homme est un motif universel. Si vous croyez dans les droits de l’Homme, ne devez-vous pas l’appliquer à tout ce qui a à voir avec les droits de l’homme ? ».
Mais Glick, qui ne croit pas à la solution à deux Etats et qui maintient qu’Israël et le monde doivent abandonner l’initiative, a déclaré au Times of Israël que le gouvernement doit améliorer la vie des Palestiniens.
« Voilà notre objectif : je ne pense pas que nous voulons vivre dans un Etat où il y a deux sortes de civils, [où] tout le monde a un autre type de loi. Il y a des gens qui souffrent et il y a de très graves problèmes de droits de l’Homme », a-t-il dit.
« Je pense que la meilleure chose à faire est de parler. La meilleure chose à faire est de parler ouvertement. Je crois que les gens ne sont pas si disposés à faire confiance aux uns aux autres, et nous devons travailler pour construire une sorte de modèle de dialogue basé sur la confiance ».
Se réconcilier avec les Palestiniens et les ramener dans le giron israélien ne se produira pas « en un jour », a-t-il admis. « Mais cela ne se produira pas du tout si nous ne commençons pas à travailler dessus peu à peu ».
« Les Juifs réformés ne sont pas moins juif que les autres »
En phase avec son appel au dialogue, Glick a déclaré qu’il y a de « l’extrémisme » dans le discours israélien et encourage un débat « plus civilisé » sur les problèmes qui divisent la société israélienne.
« Je pense que nous devrions faire tout notre possible pour calmer les choses. Trouver un dénominateur commun », a-t-il prôné. Sur l’une des récentes questions les plus controversées, la mise en accusation pour homicide involontaire d’un soldat de Tsahal, Elor Azaria, accusé d’avoir abattu un terroriste palestinien désarmé, il a expliqué : « nous ne devons pas le qualifier de meurtrier mais ce n’est pas un héros ».
« Le soldat a fait une grosse erreur. Et en tant que soldat, quand vous faites des erreurs, vous payez pour vos erreurs ».
Glick a également condamné la violence de la police, apparemment sans provocation, contre un employé arabe de supermarché à Tel Aviv et a indiqué qu’il avait espéré entrer dans un gouvernement d’union plus large avec l’Union sioniste.
« J’aurais été très heureux s’il y avait eu un gouvernement plus large. Je pense que cela devrait être notre objectif », a-t-il révélé.
Les positions de Glick sur la liberté de culte s’étendent également à la nouvelle zone mixte au mur Occidental et il a dit qu’il a été confondu avec l’opposition à la nouvelle section, qui provient largement des partis ultra-orthodoxes à la Knesset.
« Tout le monde devrait être en mesure de prier comme ils le souhaitent. Je ne comprends pas où est le problème », a-t-il précisé. « Les Juifs réformés ne sont pas moins juif que les autres ».
« Pourquoi est-ce que le fait que je veuille prier différemment que vous – pourquoi cela devrait-il vous déranger », a-t-il ajouté avec ferveur. « Je ne comprends pas ».
Dov Lieber et JTA ont contribué à cet article.
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