Israël en guerre - Jour 560

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En Israël, les demandes d’assurance-crédit bondissent face aux droits de douane de Trump

L'entreprise publique Ashra a annoncé avoir accordé des assurances pour des transactions à hauteur de 4 milliards de shekels au premier trimestre - contre 1 milliard de shekels au cours de la même période, en 2024

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Photo d'illustration : Des machines dans une usine de fabrication de blindés, le 27 décembre 2023. (Crédit : Ministère de la défense)
Photo d'illustration : Des machines dans une usine de fabrication de blindés, le 27 décembre 2023. (Crédit : Ministère de la défense)

Les demandes des exportateurs israéliens en matière d’assurance-crédit contre les risques – avec garantie de l’État – ont connu une forte hausse dans un contexte de craintes croissantes face à la possibilité que la nouvelle politique tarifaire de l’administration Trump ne soit à l’origine d’une guerre commerciale mondiale, a annoncé jeudi Ashra, une entreprise qui fournit des services d’assurance-crédit pour financer les grandes transactions d’exportation des entreprises israéliennes et qui est la propriété du gouvernement israélien.

Mercredi en toute fin de journée, le président américain Donald Trump a annoncé une pause de 90 jours dans son projet d’imposer de nouveaux droits de douane à des dizaines de partenaires commerciaux – dont Israël. Mais l’avenir reste incertain.

« Il est encore trop tôt pour savoir quelles seront les implications exactes de la guerre commerciale mondiale pour les exportateurs israéliens et quel sera l’impact sur les volumes d’exportation vers leurs marchés cibles traditionnels – ce sont principalement les États-Unis et l’Europe – mais les exportateurs israéliens sont inquiets face aux risques accrus, face à l’incertitude, et ils cherchent à se couvrir », dit David Klein, le président-directeur-général d’Ashra, dans un entretien avec le Times of Israel. « La guerre commerciale pourrait affecter les exportateurs israéliens directement, mais encore plus indirectement, car elle pourrait porter atteinte à la stabilité économique et à la capacité de paiement de leurs clients dans divers pays ».

« Cela renforce les risques de crédit des exportateurs israéliens, même s’ils n’exportent pas directement vers les États-Unis eux-mêmes », fait remarquer Klein.

Le projet de Trump d’imposer de nouveaux tarifs douaniers très élevés a entraîné une onde de choc dans un ordre commercial international vieux de longues décennies – entraînant des inquiétudes sur la possibilité d’une récession imminente et balayant des milliers de milliards de dollars des valeurs marchandes des grandes entreprises, au cours des sept derniers jours.

Israël avait espéré éviter l’imposition, par Trump, de ces taxes sur les importations mondiales qui avaient été annoncées la semaine dernière. Mais l’État juif a été frappé par des droits de douane de 17 %, et ce, malgré la levée de tous les droits de douane restants sur les importations américaines – une initiative de dernière minute qui avait été prise par Israël, espérant ainsi être épargné.

Lors d’une visite à Washington en début de semaine, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a cherché à obtenir une réduction, voire une suppression des droits de douane imposés à Israël – en vain. Le plan des taxes douanières a toutefois été gelé par le président américain mercredi – pour l’instant tout du moins.

Klein explique que depuis le début de l’année – et cela a été en particulier le cas au cours des deux dernières semaines – Ashra a constaté une hausse importante de la demande des exportateurs qui recherchent une assurance-crédit garantie par l’État pour sécuriser au mieux leurs transactions.

« Les exportateurs israéliens sont confrontés à plus de risques qu’auparavant en raison du risque de détérioration des relations entre Israël et d’autres pays, et ils s’inquiètent donc de recevoir des paiements », indique-t-il.

David Klein, PDG de l’agence publique d’assurance contre les risques commerciaux Ashra. (Autorisation : Ashra)

Au cours des trois premiers mois de l’année, le montant total des demandes d’assurances garanties par l’État qui ont été approuvées et qu’Ashra a accordées aux exportateurs israéliens s’est élevé à 4 milliards de shekels, ce qui représente une forte hausse par rapport au chiffre de 1 milliard de shekels qui avait été enregistré au cours de la même période, en 2024.

Ashra a noté avoir reçu des demandes d’assurance pour un montant supplémentaire de 7,5 milliards de shekels concernant des transactions d’exportation vers des pays d’Afrique, d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et d’Europe de l’Est dans les secteurs de la sécurité, de l’agriculture, des infrastructures hydrauliques et des technologies de l’éducation.

« Dans les exportations, nous constatons une augmentation des grandes transactions dans le domaine de la Défense en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine et du conflit entre Israël et le groupe terroriste du Hamas, qui ont rapidement alimenté la demande en matière de Défense », note Klein.

Ashra est une entreprise qui a été établie en 1957 pour encourager les exportations israéliennes et pour minimiser les risques politiques et commerciaux. Cette société publique fournit des services d’assurance-crédit pour financer les grandes transactions d’exportation des entreprises israéliennes, principalement avec des pays étrangers, pour des périodes relativement longues – elles peuvent aller jusqu’à 15 ans. L’assurance protège l’exportateur ou la banque qui fournit le crédit contre l’impossibilité de recevoir le paiement du client en raison de difficultés économiques ou d’un événement politique.

Les services d’assurance-crédit garantis par l’État permettent aux exportateurs de recevoir leur argent même dans le cas d’un événement politique entraînant l’imposition d’une interdiction ou d’une prohibition des transferts d’argent vers les entreprises israéliennes. De plus, l’assurance dite « avant expédition » garantit qu’en cas d’annulation d’une commande par un client avant même sa livraison, l’exportateur recevra une compensation financière pour les dépenses déjà encourues.

L’éligibilité à l’assurance et au financement garantis par l’État est subordonnée à la condition qu’au moins 30 % de l’opération d’exportation ait une composante israélienne.

Le gouvernement israélien soutient l’assurance pour un montant maximum qui est à hauteur de 3,5 milliards de dollars de transactions par an, dans le secteur des exportations. En 2024, le portefeuille d’assurance d’Ashra a compris des transactions d’exportation de plus de 2,5 milliards de dollars dans des domaines très différents, comme l’industrie, les infrastructures, les équipements médicaux, l’énergie, les communications, l’agriculture, les équipements de sécurité, la planification et les services d’ingénierie.

Klein estime que cette année, les assurances soutenues par le gouvernement représenteront 2,8 milliards de dollars de transactions à l’exportation.

Klein révèle qu’au vu de l’ampleur de la demande, Ashra œuvre d’ores et déjà à augmenter le plafond de l’assurance-crédit garantie par l’État pour les exportateurs.

« Si nous constatons que la croissance continue, nous chercherons à augmenter le plafond de l’assurance des transactions des entreprises exportatrices israéliennes, mais pour l’instant, ce n’est pas quelque chose d’urgent », explique-t-il.

Photo d’illustration : L’usine Gamal, unique en son genre en Israël, fabrique des pierres à découper et du papier de verre. L’usine emploie des personnes de tous âges et de toutes religions. (Crédit : Anat Hermoni/FLASH90)

Klein ajoute qu’Ashra travaille avec les exportateurs israéliens, les aidant à élargir et à diversifier leurs marchés cibles. L’agence de crédit à l’exportation propose une assurance pour les exportations israéliennes vers les pays industrialisés et développés, en particulier vers l’Afrique, l’Asie du Sud-Est, l’Europe de l’Est et l’Amérique du Sud.

« Ce risque de droits de douane fait craindre aux exportateurs israéliens de ne pas être suffisamment concurrentiels », dit Klein. « Si un grand marché se ferme devant eux, ils vont en chercher d’autres. »

« Les exportateurs israéliens essaieront de se tourner vers d’autres pays et vers de nouveaux marchés moins touchés par les droits de douane, comme ça peut être le cas de l’Afrique », ajoute-t-il.

En ce qui concerne Israël, les droits de douane – s’ils doivent être maintenus – s’appliqueront principalement aux exportations de biens tels que les machines, les équipements électriques, les instruments médicaux et optiques, les produits chimiques, les diamants et les produits de transport. Les services logiciels devraient être laissés de côté.

Les exportations israéliennes subiront une perte annuelle de 2,3 milliards de dollars si les droits de douane sont maintenus à 17 %. Entre 18 000 et 26 000 Israéliens pourraient perdre leur emploi, selon les estimations qui ont été faites par l’Association israélienne des fabricants. Les États-Unis sont le tout premier partenaire commercial d’Israël et, en 2024, ils ont importé pour plus de 13,5 milliards de dollars de marchandises en provenance d’Israël.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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