Enrôlement des Haredim : Edelstein rejette tout ultimatum et refuse de s’engager à un calendrier
Le gouvernement aurait l'intention de passer la loi d'exemption du service militaire pour les ultra-orthodoxes « avec ou sans » Edelstein ; la Cour suprême donne au gouvernement jusqu'au 24 juin pour justifier de son échec à faire respecter les ordres d'enrôlement envoyés

Le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, le député du Likud Yuli Edelstein, a déclaré dimanche qu’il n’accepterait « aucun ultimatum d’aucune partie » concernant l’achèvement des travaux sur un projet de loi réglementant l’enrôlement des ultra-orthodoxes. Edelstein a par ailleurs précisé qu’au cours des deux prochaines semaines, « l’équipe juridique professionnelle » de la commission serait en mesure de commencer à « formuler un projet » de loi sur ce sujet largement clivant.
« Je ne peux pas m’engager sur une date et je ne veux pas m’engager sur une date » parce qu’un calendrier strict pourrait conduire à un mauvais résultat législatif, a-t-il toutefois ajouté.
Les commentaires d’Edelstein interviennent quelques jours seulement après une précédente déclaration dans laquelle il annonçait que la commission continuerait à entendre des témoignages et à étudier des données de base pendant plusieurs sessions supplémentaires avant de rédiger une version finale du projet de loi. Cette déclaration faisait suite à la publication d’un enregistrement d’un conseiller du Premier ministre Benjamin Netanyahu déclarant que le gouvernement avait l’intention d’adopter le projet de loi « avec ou sans » Edelstein.
S’adressant à la commission, Yaakov (Kobi) Blitstein, directeur général adjoint du ministère de la Défense, a déclaré que « l’objectif de cette loi est de parvenir à une sorte d’accord avec les rabbins et les dirigeants haredi, dont les représentants sont ici à la Knesset ».
De son côté, le parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah a accusé dimanche la Cour suprême de « pousser à un conflit inutile entre le public haredi et le gouvernement » après qu’elle a émis un ordre provisoire demandant au gouvernement d’expliquer pourquoi il n’avait pas délivré suffisamment d’ordres de conscription aux étudiants ultra-orthodoxes des yeshivot pour répondre aux besoins urgents de Tsahal et d’appliquer les ordres qui ont été envoyés.
L’ordonnance de la Cour demande au gouvernement de lui expliquer ces manquements dans une déclaration écrite avant le 24 juin prochain. Les ordonnances provisoires transfèrent la charge de la preuve des requérants au défendeur — dans ce cas, le ministre de la Défense et le gouvernement — et indiquent généralement que la Cour estime que le recours est fondé.

« La Cour suprême pousse à un conflit inutile entre le public haredi et le gouvernement. Au lieu d’agir de manière responsable et de rechercher des solutions qui rassemblent, elle choisit de contraindre et de provoquer », a déclaré un haut responsable du parti au site d’information Ynet.
« Il ne s’agit pas d’un souci d’égalité, mais d’une coercition énergique qui met en danger le délicat tissu social », estime le responsable, qui accuse le tribunal « d’insister pour enflammer la situation ».
Selon le site d’information ultra-orthodoxe Kikar HaShabbat, la semaine dernière, les hauts responsables rabbiniques de Yahadout HaTorah et du parti ultra-orthodoxe Shas se sont rencontrés et ont convenu de continuer à plaider en faveur d’une politique consistant à ne pas se présenter aux convocations de l’armée.
L’armée, elle, a déclaré qu’elle était confrontée à une grave pénurie de main-d’œuvre et qu’elle avait actuellement besoin de près de 12 000 nouveaux soldats, dont 7 000 seraient des troupes de combat.
Actuellement, environ 70 000 hommes haredi âgés de 18 à 24 ans remplissent les conditions requises pour effectuer leur service militaire, mais ne le font pas. À la suite d’une décision de la Cour suprême datant de juin dernier, Tsahal a envoyé 18 915 ordres de conscription aux membres de la communauté haredi en plusieurs vagues depuis juillet 2024, mais, selon l’armée, seuls 232 de ceux qui ont reçu ces ordres se sont effectivement enrôlés, dont 57 dans des unités de combat.
Dans une déclaration, le groupe de défense de la liberté religieuse Israel Hofsheet s’est lui félicité de cette décision, qui fait suite à la requête qu’il avait déposée auprès de la Cour, et la qualifie de « carton jaune pour l’État ».

S’adressant mercredi à la commission des Affaires étrangères et de la Défense, le lieutenant-colonel Avigdor Dickstein, chef de la branche haredi de la direction du personnel de Tsahal, avait indiqué que malgré l’objectif de l’armée de recruter 4 800 hommes haredi lors du cycle de recrutement 2024-2025, seuls 1 721 d’entre eux se sont engagés jusqu’à présent.
« Nous nous sommes fixé un objectif de 4 800 et nous ne l’atteindrons pas. Il y a une tendance à la hausse, mais elle n’est pas suffisante et ne correspond pas aux besoins opérationnels très importants », a-t-il déclaré.