Entretien téléphonique Sissi-Netanyahu après la mort de 3 soldats à la frontière
Le bureau du Premier ministre a partagé les "condoléances" du dirigeant égyptien, que le porte-parole du Caire n'a pas relayées ; les deux pays s'engagent à mener l'enquête
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’est entretenu mardi au téléphone avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la suite d’un rare incident meurtrier à la frontière entre les deux pays, a annoncé la présidence égyptienne.
Sissi a « présenté ses condoléances » à Netanyahu et s’est engagé à mener une « enquête conjointe et exhaustive ». a indiqué le bureau du Premier ministre israélien.
Toutefois, le porte-parole du palais présidentiel égyptien n’a pas mentionné l’expression de condoléances, se contentant de dire que la conversation « a porté sur l’incident de tir à la frontière égypto-israélienne le samedi 3 juin 2023, qui a entraîné la mort de membres du personnel de sécurité à la frontière ».
Le porte-parole, Ahmed Fahmy, a également indiqué que l’appel téléphonique avait été initié par Netanyahu.
Sissi a reçu un appel de Netanyahu « concernant l’échange de tirs qui a eu lieu à la frontière égypto-israélienne » samedi, et ils ont souligné « l’importance de la coordination entre les deux pays pour élucider les circonstances » de cet incident, a déclaré le porte-parole de la présidence égyptienne dans un communiqué.
Dimanche, Netanyahu a déclaré qu’Israël avait informé l’Égypte qu’il attendait une enquête complète sur l’assassinat des trois soldats.
« Israël a envoyé un message clair au gouvernement égyptien : Nous attendons de l’enquête conjointe qu’elle soit exhaustive et approfondie », a-t-il déclaré lors de l’ouverture de la réunion hebdomadaire du cabinet. « Cela fait partie de l’importante coopération en matière de sécurité qui existe entre nous et qui profite aux deux pays depuis des années.
Netanyahu s’est engagé à « tirer toutes les conclusions nécessaires » concernant les opérations militaires le long de la barrière frontalière. « Nous rafraîchirons les règles, les méthodes opérationnelles et les moyens de minimiser la contrebande et de faire en sorte que de telles attaques tragiques ne se reproduisent plus », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre a également exprimé ses condoléances aux familles des soldats tués, le sergent-chef Ori Yitzhak Iluz, le sergent-chef Ohad Dahan et le sergent Lia Ben Nun.
Les trois soldats faisaient partie des bataillons mixtes d’infanterie légère Bardelas et Caracal, chargés de surveiller la frontière.
Selon l’enquête initiale de Tsahal, le policier égyptien s’est infiltré à la frontière par une porte de secours tôt samedi matin.
Il se serait ensuite faufilé jusqu’au poste de garde et aurait ouvert le feu entre 6 et 7 heures du matin, tuant Ben Nun et Iluz. Les soldats ne répondant pas aux appels radio samedi matin, peu avant la fin de leur service prévue à 9 heures, un officier s’est rendu sur les lieux et a découvert les deux militaires morts près du poste.
Peu après 11 heures, un drone de l’armée a identifié l’assaillant caché derrière une formation rocheuse à environ 1,5 kilomètre de la frontière.
L’assaillant a ouvert le feu sur un groupe de soldats qui s’approchait de la zone – à environ 200 mètres – touchant mortellement Dahan. Quelques minutes plus tard, un autre groupe de soldats s’est rapproché de l’Égyptien et l’a éliminé. Un sous-officier a été légèrement blessé lors de ce second affrontement, qui s’est produit avant midi.
Si le nom du policier n’a pas été officiellement communiqué, des médias égyptiens l’ont identifié comme Mohamad Salah, un conscrit âgé de 22 ans.
Selon les médias arabophones, Ibrahim avait été incorporé dans l’armée égyptienne en juin 2022 et était stationné à la frontière israélienne en tant que policier. Il aurait été sur le point de quitter ses fonctions.
L’armée israélienne pense qu’Ibrahim a agi seul lors de l’attaque meurtrière. L’Égypte a cherché à prendre ses distances avec le policier, les autorités égyptiennes déclarant qu’elles n’étaient pas au courant de ses intentions, selon la chaîne publique Kan.
Les armées israélienne et égyptienne enquêtent conjointement sur les motivations de l’assaillant.
Après les faits, les autorités israéliennes et égyptiennes s’étaient empressées de réaffirmer leur coopération.
Des responsables égyptiens de la défense s’étaient rendus sur les lieux de l’attaque samedi après-midi et ont rencontré des hauts responsables de Tsahal, a indiqué l’armée.
Une délégation égyptienne composée notamment de responsables militaires est arrivée dimanche en Israël dans le cadre d’une enquête conjointe, selon une source israélienne proche du dossier. L’assaillant ne serait pas lié à des groupes islamistes mais semble s’être radicalisé, a-t-elle ajouté.
L’Egypte a été le premier pays arabe à signer un traité de paix avec Israël en 1979. De très nombreux Egyptiens ne soutiennent toutefois pas cette normalisation.
Si la frontière entre les deux pays est généralement calme, elle reste cependant le théâtre de tentatives régulières de trafic de drogue, qui ont donné lieu ces dernières années à des échanges de tirs entre contrebandiers et soldats israéliens stationnés le long de la frontière.