Espagne : Des motions pro-BDS votées dans 4 villes et rejetées dans 4 autres
ACOM, groupe pro-Israël, tente de contrer juridiquement le mouvement anti-israélien du pays

En pleine bataille juridique sur la légalité de la campagne de boycott d’Israël en Espagne, des motions soutenant le boycott ont été votées dans quatre municipalités et rejetées dans quatre autres.
Le conseil de Santa Coloma de Gramenet, près de Barcelone, a rejeté lundi une motion de boycott d’Israël, selon ACOM, une association madrilène pro-Israël qui tente de contrer le mouvement de Boycott, Désinvestissements et Sanctions (BDS) en Espagne.
Proposé par le mouvement d’extrême-gauche Podemos, le vote de Santa Coloma, qui compte environ 120 000 habitants, suivait de près l’échec le 14 avril d’une motion similaire à Leganes, une ville de 200 000 habitants du centre de l’Espagne.
Le mois précédent, une motion du BDS avait été rejetée par le conseil municipal de Zamora, dans le nord du pays, quand le secrétaire municipal avait prévenu les conseillers municipaux que sa formulation était illégale. Plus tard en mars, une cour espagnole avait ordonné que Langreo, une autre ville espagnole, ne retire son vote sur le BDS, citant des éléments discriminatoires.
D’autre part, une motion de Podemos demandant que le Congrès d’Espagne lève ses conditions au soutien de la mise en place d’un état palestinien a été rejetée par un vote du 13 avril de la commission des Affaires étrangères du Congrès.
Contrairement aux Parlements du Royaume-Uni, de France et d’autres pays européens qui ont promis en 2014 un soutien inconditionnel à un état palestinien, le Congrès espagnol a cette année voté une motion non contraignante disant qu’il ne soutiendra un état palestinien que s’il est mis en place par un accord de paix via des négociations avec Israël – une formulation qui a été saluée comme une victoire diplomatique par Israël et ses partisans.
Cependant, quatre municipalités, d’une taille totale de 72 000 habitants, Sant Sadurní d’Anoia, Sant Adrià de Besòs, Sant Quirze del Vallès et Buñol, ont voté le mois dernier des motions soutenant le mouvement BDS, rejoignant une douzaine d’autres communes qui avaient déjà souscrit aux objectifs du mouvement.
ACOM, dont le procès en discrimination contre la ville d’Aviles, dans le nord du pays, a forcé en février les dirigeants municipaux à retirer une motion pro-BDS votée le mois précédent, a déclaré dans un communiqué qu’il prenait des actions légales contre les trois municipalités de l’est du pays.
ACOM a décrit le jugement du 10 mars contre Langreo par le tribunal administratif d’Oviedo comme un précédent, déclarant qu’il forcerait d’autres institutions soutenant le BDS à retirer leur soutien.
Le tribunal avait délivré une injonction de revenir sur le vote du 28 janvier du Conseil municipal de Langreo, une ville minière de 42 000 habitants, citant « des risques de dommages importants » aux entrepreneurs travaillant avec Israël.
Le BDS est illégal en France, où des dizaines de militants pro-boycotts ont été condamnés pour incitation à la discrimination ou discours haineux.
Le parti au pouvoir en Grande-Bretagne formule une législation similaire, ont annoncé cette année des responsables.
Perçue depuis longtemps comme un centre du lobbying anti-Israël en Europe, l’Espagne a récemment pris des mesures qui ont déplu aux partisans du BDS, notamment en proposant en janvier 107 000 dollars de dédommagement à une université de Cisjordanie pour son exclusion d’une compétition scientifique pour des raisons politiques.
La semaine dernière, des soutiens du BDS espagnol ont fait circuler une pétition intitulée « Stop à la criminalisation du BDS », adressée au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Citant la législation et des jugements rendus, la pétition affirme que « dans le monde entier, des militants de la lutte non violente [contre Israël] sont menacés. »