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Européennes en France: l’extrême droite victorieuse, Macron dissout l’Assemblée générale

Raphaël Glucksmann apparaît comme le nouvel homme fort de la gauche ; LFI remporte plus de 8 % des suffrages, ce qui envoie Rima Hassan au Parlement

Les membres du Parlement européen assistant à la dernière session avant les prochaines élections européennes, au Parlement européen, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 25 avril 2024. (Crédit : Jean-Francois Badias/AP)
Les membres du Parlement européen assistant à la dernière session avant les prochaines élections européennes, au Parlement européen, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 25 avril 2024. (Crédit : Jean-Francois Badias/AP)

Le président Emmanuel Macron a annoncé dimanche la dissolution du Parlement, tirant les leçons de la large victoire de l’extrême droite aux élections européennes en France.

« Je signerai dans quelques instants le décret de convocation des élections législatives qui se tiendront le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second », a déclaré le chef de l’Etat, prenant acte que près de 40% des suffrages ont été en faveur des partis d’extrême droite dont 31,5% pour le Rassemblement national emmené par Jordan Bardella, 28 ans.

« Cette décision est grave, lourde, mais c’est avant tout un acte de confiance », a-t-il souligné, disant sa « confiance (…) en la capacité du peuple français à faire le choix le plus juste pour lui-même et pour les générations futures ».

« Que la parole soit donnée au peuple souverain », a-t-il lancé. « Rien n’est plus républicain ».

Il a ajouté que la France avait « besoin d’une majorité claire pour agir dans la sérénité et la concorde » et a souligné avoir « entendu » le message des Français et leurs préoccupations ». « Je ne les laisserai pas sans réponse », a-t-il assuré.

« Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si les Français nous font confiance », a réagi dans la foulée la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen, arrivé deux fois derrière le président Macron aux élections présidentielles de 2017 et 2022, et qui vise l’échéance de 2027.

Le Président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l’Europe devant le slogan « Une Europe puissante » dans un amphithéâtre de l’université de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024. (Crédit : Christophe Petit Tesson/AFP)

L’extrême droite emmenée par Jordan Bardella a remporté dimanche les élections européennes en France, très loin devant la liste du camp du président Emmanuel Macron, arrivée deuxième mais talonnée par les sociaux démocrates.

Avec 15,2% des voix, le camp présidentiel a été largement distancé par l’extrême droite qui rallie plus du double des voix (31,5% à 32,4%), selon des estimations publiées dimanche soir par les instituts de sondage Ipsos et Ifop. C’est un échec cuisant pour la majorité macroniste qui, en 2019, n’était distancée que d’un seul point par le Rassemblement national (23,34 % pour le RN contre 22,42 % pour la majorité).

En outre, la candidate macroniste Valérie Hayer sauve certes la deuxième place mais avec d’une courte tête, la liste sociale-démocrate menée par Raphaël Glucksmann, 44 ans, ayant rallié 14% des suffrages, selon ces estimations.

La victoire de l’extrême droite était attendue: le jeune Bardella – 28 ans – , qui avait fait campagne sur les thèmes de l’immigration, de la sécurité et du pouvoir d’achat, avait en effet caracolé en tête pendant toute la campagne, loin devant Valérie Hayer, 38 ans.

Avec ses formules travaillées, son aisance médiatique, il a su s’imposer en moins de cinq ans dans un paysage politique français en plein renouvellement, et a poursuivi la stratégie de dédiabolisation du parti de l’extrême droite française, entamée il y a une décennie par Marine Le Pen.

Inconnue du grand public, la tête de liste Renaissance, Valérie Hayer, eurodéputée sortante, a peiné pendant la campagne malgré sa solide connaissance des dossiers européens.

Raphaël Glucksmann, pro-européen s’est, lui, clairement positionné sur une ligne de « rupture » à celle de la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon.

Une affiche de campagne de Raphaël Glucksmann, candidat principal du Parti socialiste français pour les élections européennes 2024, déchirée et comportant une croix gammée, à Paris, le 3 juin 2024. (Crédit : JOEL SAGET / AFP)

Il s’est dit « fier » de sa troisième place aux élections européennes mais n’a « pas l’âme à la fête » du fait du score des listes d’extrême droite.

« Aujourd’hui, l’extrême droite représente 40% en France », a-t-il déploré devant ses partisans, évoquant « une vague qui ébranle profondément nos démocraties ». « Nous leur tiendrons tête en Europe », a-t-il martelé dans son discours à son QG de campagne dans le 10e arrondissement de Paris.

« Nous, l’extrême droite, nous ne jouons pas avec à chaque scrutin, nous la combattons jour après jour », a martelé l’eurodéputé.

« Nous leur tiendrons tête, nous leur tiendrons tête en Europe et nous tiendrons tête en France. Avec nous, il n’y aura pas de tergiversation », a-t-il déclaré.

Avec ce score, « ce que nous allons faire émerger, c’est un nouvel espace politique », a jugé le nouvel homme fort de la gauche, en le définissant comme « une nouvelle manière de faire de la politique fondée sur la clarté et la sincérité, sur le refus des outrances, le refus des calomnies, le refus de la violence ».

« La démocratie est notre bien le plus cher et la démocratie s’affaisse et s’érode quand on ne la cultive pas, quand on ne la défend pas, quand on ne la fait pas vivre », a estimé Raphaël Glucksmann.

Défaite cinglante

Il n’a eu de cesse aussi de présenter son parti comme une alternative possible au « duel mortifère » entre l’extrême droite et le parti macroniste.

Pour Macron, c’est une défaite cinglante, lui qui était arrivé au pouvoir en 2017 avec la volonté de renforcer l’influence française au sein de l’Union européenne, et avec la promesse d’éradiquer les extrêmes sur la scène nationale.

Associée au président de plus en plus impopulaire, Valérie Hayer n’est jamais parvenue à décoller en dépit des interventions directes dans la campagne non seulement du Premier ministre Gabriel Attal mais encore du président au point d’irriter les oppositions qui ont dénoncé un mélange des genres.

Le Premier ministre avait en effet affronté en duel télévisé Jordan Bardella le mois dernier – sans répercussion notable, ni dans les sondages, ni dans les urnes ce dimanche.

Le leader nouvellement élu du Rassemblement national, Jordan Bardella remercie le public lors du 18e congrès du parti d’extrême droite français à Paris, le 5 novembre 2022. (Crédit : Alain Jocard/AFP)

Jeudi, c’est le chef de l’Etat qui avait de son côté évoqué les élections européennes lors d’une interview télévisée à l’occasion des commémorations du Débarquement, suscitant agacement et critiques des oppositions.

Jusqu’à présent, Emmanuel Macron n’a donné aucun indice sur les conséquences qu’il entend tirer des résultats de ces élections. Dissolution, remaniement, coalition avec les Républicains ?

Effondrement des Verts

Raphaël Glucksmann, dont le parti a plus que doublé son score par rapport à 2019, apparaît comme le nouvel homme fort de la gauche qui a su habilement repositionner le PS, son principal soutien, au centre de jeu.

En revanche, les Verts, qui avaient obtenu un score historique de 13,4% en 2019, s’écroulent tout en restant légèrement supérieur à 5%, le seuil minimum pour obtenir des eurodéputés en France.

Les élections européennes en France auront aussi été marquées par une poussée relative de la gauche radicale représentée par La France insoumise (LFI) et Manon Aubry : 8,7% contre 6,3% des voix en 2019.

LFI avait multiplié les coups d’éclat sur le soutien aux Palestiniens de Gaza, pour tenter de mobiliser un électorat jeune et aller au-delà des enquêtes la plaçant autour de 8,5 %. Ainsi, Rima Hassan, juriste encore inconnue du grand public il y a quelques mois devenue nouvelle égérie de LFI, a été élue au Parlement européen.

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