Fabius : « la résolution devrait être soutenue par tous les amis d’Israël »
"La France reconnaîtra l'Etat de Palestine, ce n'est pas un passe-droit, c'est un droit", a réaffirmé le ministre, mais sans dire à quel moment
La France reconnaîtra l’Etat palestinien, a réitéré vendredi devant les députés le chef de la diplomatie Laurent Fabius, en insistant sur la nécessité de mener des « tentatives ultimes » de négociations qui devraient, selon lui, aboutir à un règlement définitif du conflit dans les deux ans.
« La France reconnaîtra l’Etat de Palestine, ce n’est pas un passe-droit, c’est un droit », a réaffirmé le ministre, mais sans dire à quel moment, et en rappelant que l’exécutif était « seul juge de l’opportunité politique » d’une telle décision.
Fabius s’exprimait à l’issue d’un débat à l’Assemblée sur un projet de résolution très symbolique invitant la France à reconnaître l’Etat palestinien, débat qui a déjà suscité une réaction d’Israël, pour qui toute reconnaissance de la Palestine avant un règlement du conflit est une « grave erreur ».
Rappelant l’attachement de la France à la solution de deux Etats, israélien et palestinien, le ministre a reconnu l' »impasse » de la situation : « la négociation est à l’arrêt, les violences explosent, rien n’est réglé à Gaza, la tension grandit partout ».
Invoquant « le devoir de réagir » de la communauté internationale, et la nécessité « d’éviter l’écueil des négociations sans fin », il a indiqué pour la première fois que Paris soutenait le calendrier de deux ans que les Palestiniens veulent faire entériner par l’Onu.
Ces derniers entendent soumettre un projet de résolution demandant la fin de l’occupation israélienne en 2016. Plus flou, Fabius a indiqué que Paris travaillait à l’Onu avec ses partenaires « pour essayer de faire adopter une résolution du Conseil de sécurité en vue d’une relance et d’une conclusion des négociations pour laquelle le terme de deux années est le plus souvent évoqué ». « Le gouvernement français peut reprendre ce chiffre à son compte », a-t-il déclaré.
« Nous devrions fixer un calendrier car en l’absence de calendrier comment convaincre qu’il ne s’agira pas d’un énième processus sans perspectives réelles ? », a-t-il demandé.
« Parallèlement à ces négociations aux Nations unies, la France veut créer les conditions d’un effort collectif international en faveur de la paix », a ajouté Fabius, en relançant l’idée d’une conférence internationale sur le Proche-Orient. « La France est disposée à en prendre l’initiative », a-t-il déclaré sans fixer de date.
« Et si ces efforts échouent, si cette tentative ultime de solution négociée n’aboutit pas, alors il faudra que la France prenne ses responsabilités en reconnaissant sans délai l’Etat de Palestine », a-t-il conclu.
Intenable statu quo
Après la décision suédoise en octobre de reconnaître officiellement la Palestine, puis les résolutions des députés britanniques et espagnols demandant à leurs gouvernements de faire de même, c’était au tour des députés français de se lancer dans un débat.
« Notre initiative est une réponse au blocage que connaît le processus depuis les accords d’Oslo » il y a 20 ans, a lancé Bruno Le Roux, le président du groupe de la majorité socialiste à l’Assemblée, répétant que « le statu quo n’était plus tenable » et qu’il y avait « urgence à agir ».
La résolution devrait être adoptée mardi, malgré l’opposition de la droite, qui s’est interrogée, par la voix de son chef de file à l’Assemblée, Christian Jacob, sur l’utilité d’une telle reconnaissance pour relancer le processus de paix. « La reconnaissance de la Palestine doit déboucher de la négociation, et non l’inverse », a-t-il dit.
Ces divisions reflètent l’extrême sensibilité du sujet en France, pays qui abrite les communautés juive et musulmane les plus importantes en Europe. De droite ou de gauche, les députés ont d’ailleurs réitéré leur refus de voir s’importer en France le conflit israélo-palestinien.
La résolution française constate « l’échec des tentatives de relance du processus de paix » depuis 1991 entre Israéliens et Palestiniens, et pointe « la poursuite illégale de la colonisation dans les territoires palestiniens ». Elle affirme « l’urgente nécessité d’aboutir à un règlement définitif du conflit » pour l’établissement d’un Etat palestinien au côté d’Israël, « sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale de ces deux Etats ».
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