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« Faux Le Drian » : 10 et 14 ans requis pour des « hold-up » téléphoniques

Les escrocs demandant des fonds à des dirigeants ou des ONG pour des "opérations secrètes" en France ; 3 victimes ont été piégées et ont perdu plus de 55 millions d'euros

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, donne une conférence de presse avec son homologue marocain à Rabat le 8 juin 2019. (Crédit : FADEL SENNA / AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, donne une conférence de presse avec son homologue marocain à Rabat le 8 juin 2019. (Crédit : FADEL SENNA / AFP)

Des « hold-up au bout du fil » : dix et quatorze ans de prison ainsi que deux millions d’euros chacun ont été requis mercredi à l’encontre de deux hommes, soupçonnés d’être les cerveaux d’une escroquerie consistant à usurper l’identité du ministre Jean-Yves Le Drian.

Afin de se faire passer pour le ministre de la Défense auprès de riches personnalités, entre 2015 et 2017, les malfaiteurs ont utilisé de faux documents. Parfois, un masque du ministre. Mais ils ont avant tout agi par téléphone, a souligné la procureure, en préambule de ses réquisitions.

« C’est comme un braquage, un hold-up, sauf que ça se fait au bout de fil, sans violence », a décrit Alice Cherif. « Au final, c’est le même résultat qu’un hold-up sauf que l’arme, c’est la voix ».

Pour elle, derrière cette arnaque, il y avait un « duo ». D’un côté Gilbert Chikli, le « roi de la déballe », « celui qui s’expose ». De l’autre, Anthony Lasarevitsch, « l’homme de l’ombre », le « metteur en scène ».

Ce croquis dressé le 4 février 2020, montre Gilbert Chikli (C) et Anthony Lasarevitsch (1er-g) lors de leur procès au palais de justice de Paris. (Crédit : Benoit PEYRUCQ / AFP)

Pour le premier, elle a demandé quatorze ans de prison, dix pour le second. Tous les deux ont énergiquement clamé leur innocence mais pour la magistrate, cette défense « s’éclate et se disloque sur la solidité et la réalité des preuves ».

Elle a détaillé le mode opératoire utilisé : les escrocs contactaient des dirigeants, des chefs d’Etat ou des ONG, demandant une aide financière pour des « opérations secrètes » de l’Etat français. Trois victimes sont tombées dans le piège et ont perdu plus de 55 millions d’euros.

« Audacieux », « astucieux », « exceptionnel » : des qualificatifs « trop positifs » ont été accolés aux faits, a déploré la représentante de l’accusation. « C’est immoral, c’est pathétique, intolérable, inadmissible. (…) Derrière les millions, il y a des personnes qui sont cassées, qui ont perdu toute confiance en elles ».

« Simulacre »

Mme Cherif avait déjà requis, en 2015, dix ans de prison à l’encontre de M. Chikli, lors d’un autre procès. A l’époque, il était en fuite en Israël et avait été condamné, en son absence, à 7 ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende.

On lui reprochait alors d’être l’inventeur des escroqueries dites au « faux président », consistant à se faire passer au téléphone pour un chef d’entreprise auprès de ses salariés, dans le but de se faire transférer de l’argent. Une histoire qui a inspiré un film.

Dans l’affaire du « faux Le Drian », cinq autres prévenus, âgés de 27 à 49 ans, étaient aussi jugés pour complicité à différents degrés: la procureure a requis à leur encontre des peines allant d’un à cinq ans de prison ferme, assorties selon les cas de peines avec sursis et d’amendes.

Dénonçant la sévérité des réquisitions, l’avocat de M. Lasarevitsch a demandé au tribunal de « remettre le dossier à l’endroit », critiquant les « chimères » de l’accusation, le « rôle artificiel » attribué à son client.

« Ils sont où, les millions ? On ne les a jamais retrouvés », a clamé David-Olivier Kaminski, estimant que « parce qu’on a un ministre qui est partie civile, il faut faire la peau ».

« On vous demande de juger vite et mal », a dénoncé l’avocat de M. Chikli en prenant la parole à 23H30, à l’issue d’une journée d’audience éprouvante, au cours de laquelle son client a fait un malaise.

Evoquant des « lacunes abyssales » dans le dossier, Me Stéphane Sebag a plaidé la relaxe. « N’en faites pas la victime expiatoire, le bouc émissaire », a-t-il lancé. « Mettez-fin à ce simulacre de justice ».

Après lui, Gilbert Chikli s’est levé une dernière fois dans le box. « Vous faites fausse route, je suis totalement innocent », a-t-il déclaré, se disant « sonné » par les réquisitions. « Plus personne n’entendra parler de moi », a-t-il promis. « Mais épargnez-moi tout ça ».

Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 11 mars.

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