Israël en guerre - Jour 429

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Feldstein a divulgué le document volé pour tenter de « fausser le débat sur les otages » en faveur du Premier ministre

Le document a été divulgué pour atténuer la pression sur Netanyahu après l'assassinat de 6 otages ; les efforts pour ramener les captifs, les opérations de Tsahal et du Shin Bet à Gaza ont été compromis

Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Le porte-parole Eli Feldstein lors d'un événement avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant la guerre contre le Hamas à Gaza, déclenchée par le pogrom du 7 octobre 2023 par le Hamas. (Crédit : Armée israélienne)
Le porte-parole Eli Feldstein lors d'un événement avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant la guerre contre le Hamas à Gaza, déclenchée par le pogrom du 7 octobre 2023 par le Hamas. (Crédit : Armée israélienne)

Les éléments publiés dimanche par le tribunal de Rishon Lezion ont démontré que la fuite d’un document hautement confidentiel du Directorat des Renseignements militaires auprès du journal allemand Bild en septembre visait vraisemblablement à atténuer la pression et les critiques de l’opinion publique à l’encontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu à la suite de l’exécution de six otages par le Hamas à la fin du mois d’août.

Selon les informations publiées par le tribunal, Eli Feldstein, collaborateur de Netanyahu et principal suspect dans cette affaire, a transmis le document à Bild afin de modifier le discours public sur le sort des otages israéliens détenus par le Hamas à Gaza, de faire porter au chef du Hamas, Sinwar, la responsabilité de l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations sur la libération des otages, et de laisser entendre que les manifestations réclamant la libération des otages font le jeu du Hamas.

Feldstein a obtenu le document classifié en avril de cette année, après qu’un sous-officier réserviste le lui a communiqué illégalement de son propre chef.

Il ne l’a dévoilé lui-même à Bild qu’après l’assassinat des six otages à la fin du mois d’août, un événement qui a davantage traumatisé le pays et suscité de vives récriminations à l’encontre de Netanyahu pour ce que les critiques ont qualifié d’effort du Premier ministre pour torpiller un accord de libération d’otages à des fins politiques.

Les enquêteurs estiment que la fuite du document était susceptible de porter gravement atteinte à la sécurité d’Israël, a révélé le tribunal, tandis que Tsahal a conclu que la fuite nuisait au but de la guerre, à savoir la libération des otages, ainsi qu’aux opérations militaires et à l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet à Gaza.

Plus tôt dans la journée de dimanche, le bureau de la procureure générale a informé la Cour qu’elle avait l’intention de poursuivre Feldstein et un autre suspect central dans cette affaire, mais a demandé qu’ils soient tous deux maintenus en détention pendant cinq jours supplémentaires afin d’achever la rédaction de l’acte d’accusation et sa déposition.

Cette combinaison de six photos non datées des otages, en haut à gauche, Hersh Goldberg-Polin, Ori Danino, Eden Yerushalmi ; en bas à gauche, Almog Sarusi, Alexander Lubnov, et Carmel Gat. (Crédit : Forum des familles des otages et disparus via AP)

Feldstein et l’autre suspect, dont le nom n’a pas été publié, sont soupçonnés d’avoir transféré des informations classifiées pour nuire à l’État, d’avoir recueilli du matériel classifié pour nuire à l’État et d’avoir participé à un complot en vue de commettre un crime, entre autres.

Selon les informations communiquées par le tribunal, Tsahal a ouvert une enquête sur une éventuelle fuite après la publication de l’article de Bild, en raison de la nature hautement sensible du document en question.

Après les premières vérifications effectuées par le département de la sécurité de l’information de l’armée, le chef d’état-major, Herzl Halevi, a lui-même demandé au Shin Bet, d’ouvrir parallèlement sa propre enquête secrète afin d’aider à identifier les auteurs de la fuite.

L’identification du principal coupable, le sous-officier réserviste, a conduit les enquêteurs à trois autres suspects impliqués dans la fuite, dont deux officiers réservistes et un sous-officier de carrière, et finalement à Feldstein.

Au cours de l’enquête, « une série de fuites graves a été révélée » qui a commencé avec le sous-officier réserviste, « qui a décidé de son propre chef de soustraire un document top secret et sensible à l’autorité de Tsahal afin de le transmettre au rang politique », a déclaré le tribunal.

En avril, le sous-officier de réserve a transmis le document à Feldstein via un compte de réseau social, et ce dernier l’a conservé jusqu’en septembre.

L’assassinat des six otages par le Hamas a provoqué une vague de deuil dans le pays, et des manifestations ont éclaté contre Netanyahu, l’accusant d’avoir bloqué un accord sur les otages, les parents des otages tués se joignant à ces critiques.

Puis, le 6 septembre, l’article de Bild basé sur le document divulgué a été publié, rapportant que le Hamas était indifférent au fait que la guerre se termine rapidement, et qu’il donnait la priorité au maintien de ses capacités armées et à « l’épuisement » des capacités militaires et politiques d’Israël dans le cadre des pourparlers.

Des manifestants réclamant la libération des otages détenus par des terroristes à Gaza, devant le siège du ministère de la Défense, à Tel Aviv, le 10 septembre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

L’article indique également que le Hamas a élaboré une stratégie de guerre psychologique par le biais des otages et qu’il cherche à « continuer à exercer une pression psychologique sur les familles des [otages], à la fois maintenant et dans la première phase [du cessez-le-feu proposé], afin d’accroître la pression publique sur le gouvernement ennemi ».

La Cour a noté que l’article de Bild a été publié juste après l’exécution des otages et les manifestations qui s’en sont suivies contre le gouvernement « et dans le cadre d’une volonté de modifier le discours public et de faire porter le chapeau au [dirigeant du Hamas] Yahya Sinwar ».

Feldstein a d’abord cherché à faire publier dans la presse israélienne le document qu’il avait reçu en avril, après le meurtre des otages, et l’a communiqué à plusieurs journalistes israéliens.

Mais lorsque la censure militaire a bloqué la publication en raison de la sensibilité du matériel et de sa source, Feldstein a cherché à le faire publier dans la presse étrangère, que la censure ne pouvait pas bloquer, en le faisant avec l’aide d’une « tierce partie ».

Eli Feldstein, porte-parole du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu. (Crédit : Capture d’écran Kann ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Une fois l’article publié dans Bild, il a contacté plusieurs journalistes israéliens pour leur en faire part afin qu’ils écrivent des articles complémentaires.

Certains de ces journalistes ayant mis en doute l’authenticité du document, Feldstein a demandé au sous-officier réserviste de lui en fournir une copie papier.

L’officier a alors rencontré Feldstein et lui a remis une copie papier du document original, ainsi que deux autres documents « hautement classifiés ».

Le tribunal a noté que l’enquête, menée conjointement par Tsahal, le Shin Bet et la police israélienne, avait permis de contrecarrer « l’axe de la fuite » et d’éviter que la sécurité de l’État ne soit davantage mise à mal.

Dans son communiqué annonçant son intention d’inculper Feldstein et le second suspect, le bureau de la procureure générale a déclaré qu’il demanderait en même temps à la Cour de maintenir les deux suspects en détention jusqu’à la fin de la procédure judiciaire engagée contre eux.

Aucun des avocats de Feldstein n’a encore répondu à une demande de commentaire sur les informations publiées par le tribunal.

Einav Zangauker, la mère de l’otage Matan Zangauker, a fustigé Netanyahu et son entourage après la levée de l’embargo sur cette affaire.

Einav Zangauker, dont le fils Matan est retenu en otage par le Hamas à Gaza, lors d’une conférence de presse à l’extérieur des quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 31 août 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

« Le gang de Netanyahu a mené une opération criminelle contre l’accord de libération des otages et les familles, tout en aidant l’ennemi et en mettant en danger la sécurité de l’État », a-t-elle déclaré.

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