Fin des investigations sur l’attentat mortel rue des Rosiers à Paris en 1982
Cet acte de procédure ouvre un délai d'un mois pour le Parquet national antiterroriste pour prendre ses réquisitions et pour les observations des parties, avant la décision finale du magistrat instructeur sur la tenue ou non d'un procès

Un juge antiterroriste parisien a signifié mardi la fin des investigations sur l’attentat de la rue des Rosiers, en 1982, dans le quartier juif historique du Marais à Paris, dans lequel six personnes avaient été tuées, a appris l’AFP mercredi de sources proches du dossier.
Cet acte de procédure ouvre un délai d’un mois pour le Parquet national antiterroriste pour prendre ses réquisitions et pour les observations des parties, avant la décision finale du magistrat instructeur sur la tenue ou non d’un procès.
Un Palestinien naturalisé Norvégien, Abou Zayed, 66 ans, a été extradé en décembre 2020 de ce pays où il vivait et est écroué depuis en France. La cour d’appel de Paris a accepté début mars l’ultime prolongation de sa détention de quatre mois prévue par le code de procédure pénale.
Si l’ordonnance finale dans ce dossier n’est pas rendue avant l’expiration de ce délai de quatre mois, qui court jusque début août, Abou Zayed sera remis en liberté de droit.
Si au contraire l’ordonnance était rendue, sa détention pourrait alors être à nouveau potentiellement prolongée, jusqu’à la tenue d’un procès devant la cour d’assises spéciale.
Six personnes avaient été tuées et 22 blessées le 9 août 1982 dans l’explosion d’une grenade dans le restaurant Jo Goldenberg puis dans une fusillade dans le quartier du Marais, perpétrée par un commando de trois à cinq hommes.

L’attentat a depuis été attribué au Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) d’Abou Nidal, groupe palestinien dissident de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Abou Zayed, dont le nom complet est Walid Abdulrahman Abou Zayed, est mis en examen depuis 2020 pour assassinats et tentatives d’assassinats.
Les juges antiterroristes français le soupçonnent d’être l’un des tireurs de l’attentat, principalement sur la base de notes du renseignement et de déclarations de trois témoins, se présentant comme des anciens membres d’Abou Nidal.
Abou Zayed a fini par reconnaître en décembre 2022, après l’avoir longtemps niée, son appartenance en 1982 au Comité militaire du Fatah-CR d’Abou Nidal, dont l' »objet même », selon le magistrat instructeur, était de commettre des attentats en Europe.
« Depuis 5 ans, le juge a fait le tour du monde et interrogé la plupart des services de renseignement de la planète sans jamais trouver le moindre élément concret et vérifiable à l’encontre de notre client. Aucun service secret ne le connaît par ailleurs », a déclaré à l’AFP Me Romain Ruiz, qui défend Abou Zayed avec Bruno Gendrin.
« Acculé et ayant étiré tous les délais légaux de détention, il n’y a donc rien d’étonnant à ce que le juge décide de clôturer une instruction qui n’aura finalement rien démontré d’autre qu’un entêtement judiciaire pour trouver un accusé à tout prix », a encore dit Me Ruiz.
« 43 ans après les faits, les familles des victimes peuvent enfin espérer un procès », s’est félicité de son côté Me Alain Jakubowicz, qui défend certaines parties civiles.